Les produits piscicoles du Kenya voguent en direction de la Chine. 

Des pêcheurs sur la côte est du Kenya, le 22 juin. (XINHUA) 

Sous le ciel nocturne parsemé d’étoiles scintillantes, un groupe de pêcheurs du comté côtier de Kwale au Kenya glisse doucement sur les eaux profondes de l’océan Indien à bord de leur bateau traditionnel. Parmi eux, Abdullai Karim décharge un seau d’anchois tout en réfléchissant à sa prochaine expédition. 

« Je suis très heureux que la pêche soit devenue plus rentable grâce aux accords d’exportation récemment conclus avec la Chine », confie-t-il. « Auparavant, la plupart d’entre nous luttaient pour trouver un marché viable et se reposaient principalement sur le marché intérieur moins rentable. Aujourd’hui, les exportations redynamisent notre secteur. » 

D’après le rapport économique de 2023 du Bureau national des statistiques du Kenya, la production piscicole du pays s’est élevée à 174 000 tonnes en 2022, représentant une valeur de 259 millions de dollars. Face à ces chiffres, le programme « Kenya Vision 2030 » a mis en avant l’importance de la pêche et de l’aquaculture, les considérant comme des piliers essentiels pour assurer la sécurité alimentaire, réduire la pauvreté et favoriser la création d’emplois. 

Augmenter la production 

À Shimoni, dans le comté de Kwale, la pêche représente la principale source de revenus pour la majorité des habitants. Toutefois, malgré le potentiel économique que représente la pêche à l’anchois, reconnue comme l’une des meilleures entreprises aquatiques sur le marché international, les pêcheurs locaux peinent à se développer. Cette situation est due en grande partie aux techniques de pêche obsolètes qu’ils utilisent et au manque de marchés d’exportation pour leurs captures. 

Huawen Food (Kenya) Export Processing Zone, une entreprise chinoise, a établi une présence dans la région afin de revitaliser le secteur de la pêche. En ouvrant une usine dédiée à la transformation et au conditionnement des anchois, elle achète directement sa matière première auprès des pêcheurs locaux de Kwale. 

La démarche de l’entreprise chinoise visant à insuffler un nouveau dynamisme à l’économie bleue locale a suscité l’enthousiasme du gouvernement kényan, qui y voit désormais un potentiel d’exportation de produits à base d’anchois transformés vers le large marché asiatique, tout en générant des emplois pour la jeunesse des régions côtières. « La création d’emplois est au cœur des priorités de l’administration du Président William Ruto. Nous nous engageons à offrir à Huawen tout le soutien nécessaire pour sa croissance », a déclaré Salim Mvurya, secrétaire du Cabinet en charge des mines, de l’économie bleue et des affaires maritimes. L’inauguration de l’usine a diversifié les sources de revenus des pêcheurs artisanaux locaux, créé de nouveaux postes d’emploi et renforcé les initiatives pour revigorer le secteur de la pêche au Kenya. 

Lors de la troisième édition de l’Exposition économique et commerciale sino-africaine à Changsha, chef-lieu de la province du Hunan, le premier lot d’anchois de la côte kényane a été dévoilé. « C’est notre première expédition vers la Chine, et nous anticipons une collaboration économique et commerciale fructueuse entre les deux pays. Nous sommes ravis d’être implantés à Kwale et de fournir des opportunités d’emploi à la communauté locale », a déclaré Liu Zhiyong, directeur général de Huawen. Il a également souligné que l’entreprise génère des emplois tant directs qu’indirects pour les habitants. En achetant du poisson auprès des pêcheurs locaux, elle participe activement à l’amélioration de leurs conditions de vie. 

De plus, dans un souci de perfectionnement des compétences des pêcheurs, l’entreprise envisage de proposer des formations axées sur l’utilisation de navires modernes, l’adoption de nouvelles technologies et nouveaux équipements. Cela dans le but d’optimiser la production, d’élargir les opportunités d’emploi et de renforcer les liens avec la communauté locale. 

Des anchois séchés lors de la troisième édition de l’Exposition économique et commerciale sino-africaine à Changsha, dans la province du Hunan, le 29 juin. (XINHUA) 

Un marché stable 

Les analystes soulignent que l’investissement de l’entreprise spécialisée dans les produits de la mer offre une occasion inestimable aux pêcheurs locaux. Elle garantit un marché stable pour leurs prises, ce qui encourage la croissance de l’économie bleue locale. 

Lors de la cérémonie de lancement de l’usine, Fatuma Masito, députée du comté de Kwale, a rappelé que cet investissement survient à un moment où la population locale voit dans l’océan une de ses principales sources d’émancipation économique. Elle a vivement encouragé la direction de l’usine à privilégier les résidents locaux lors des recrutements, notamment avec les plans d’expansion des effectifs, qui devraient passer de 150 à 500 personnes dans les prochains mois. 

Le Service des pêches du Kenya a indiqué que, parmi les 70 tonnes d’anchois déjà traitées dans le village de Kibuyuni à Shimoni par Huawen, 350 kg sont destinés à l’exportation vers la Chine. 

« Je rêve d’une prospérité économique qui renforcera nos moyens de subsistance. L’envoi du premier lot d’anchois vers la Chine est un signe prometteur pour l’avenir économique de notre région », a partagé Hussein Juma, un pêcheur local, plein d’espoir pour les années à venir. 

Reportage du Kenya