Un forum consacré au sport scolaire, suivi de matchs amicaux de football à Beijing, illustre la dynamique des échanges sportifs entre élèves chinois et africains.

Des élèves du primaire et du secondaire de Chine et d’Afrique s’affrontent sur le terrain du lycée n°8 de Beijing, le 23 septembre. (COURTOISIE) 

Qu’il s’agisse du football ou de n’importe quel autre sport, les émotions ressenties sont universelles. La déception et l’euphorie se manifestent partout, tissant des liens indéfectibles d’amitié entre athlètes et supporters, renforcés par des valeurs telles que la solidarité, l’intégrité et l’égalité. 

Dans cette perspective, à l’occasion de l’inauguration des Jeux asiatiques à Hangzhou le 23 septembre, le lycée n°8 de Beijing a accueilli le Forum de haut niveau Chine-Afrique dédié au sport et à l’éducation, ponctué par deux rencontres amicales de football. L’événement, qui a rassemblé plus de 100 participants, vise à promouvoir la coopération en matière de sport scolaire entre la Chine et les pays africains dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route », et à favoriser les échanges amicaux sino-africains. 

Le sport, un facteur de cohésion 

Les opinions des intervenants convergent sur l’importance du sport en tant que vecteur d’éducation et de cohésion sociale. « Le sport est le plus grand instrument unificateur de chaque nation. Lorsque nos équipes nationales s’affrontent aux quatre coins du monde, nous nous unissons tous derrière elles et hissons notre drapeau national », a souligné Siyabonga Cyprian Cwele, ambassadeur d’Afrique du Sud en Chine, dans son discours prononcé lors du forum. 

De son côté, l’ambassadrice de Guinée en Chine, Aminata Koita, a rappelé que le sport fait partie intégrante de l’identité guinéenne depuis l’obtention de l’indépendance en 1958. « Nous avons eu des grandes équipes qui ont fait la fierté de l’Afrique pendant de nombreuses compétitions mondiales », a partagé 
Mme Koita à CHINAFRIQUE. « Pour nous, le sport est synonyme de résilience et de respect mutuel, raison pour laquelle il occupe une place dans notre programme scolaire. À mon âge en tant qu’ambassadrice, tous les matins, je fais des exercices avant d’aller au travail, c’est dans notre culture. » 

Elle a ajouté que le sport était en passe de devenir un excellent moyen de renforcer les liens interculturels. « Quand les joueurs des deux pays se rencontrent sur le terrain, ils deviennent une famille. Vous verrez l’équipe gagnante aller féliciter son adversaire », a-t-elle précisé. « Le sport est donc un moteur de performance, de connaissance et de connexion entre l’Afrique et la Chine. C’est un outil de rapprochement parmi les peuples. » 

Le Forum de haut niveau Chine-Afrique dédié au sport et à l’éducation se déroule à Beijing, le 23 septembre. (COURTOISIE) 

Accroître les rencontres sportives scolaires 

Le forum a également permis aux participants de s’accorder sur la nécessité d’intensifier la coopération et les échanges en matière de sport scolaire entre la Chine et les pays africains. « Renforcer les rencontres sportives scolaires permet aux adolescents de se connaître, de se respecter et de se rapprocher, contribuant ainsi au développement des relations sino-africaines », a indiqué à CHINAFRIQUE Wang Shi, président de l’Association des sports des écoles primaires et secondaires de Beijing. 

Faisant écho à ce point de vue, Gong Yemin, ancien conseiller éducatif au Consulat général de Chine à Chicago (États-Unis), a dressé un panorama des pratiques sportives en Chine. Selon lui, si le pays excelle dans plusieurs sports de compétition, comme le tennis de table, la gymnastique ou la natation, il accuse encore des retards en termes d’éducation physique. Des lacunes subsistent, telles que l’insuffisance d’activité physique, l’obésité et l’augmentation de la myopie chez l’enfant. « De nouvelles politiques comme l’intégration du sport et de l’éducation, ou le développement du football scolaire sont de belles initiatives aptes à favoriser les échanges sportifs entre les jeunes Chinois et Africains », a-t-il indiqué lors du forum. 

Pour sa part, Zhao Chenguang, directeur adjoint du Centre de recherche africain de l’Institut de diplomatie, a mis en lumière l’importance de l’éducation physique, qui favorise l’épanouissement personnel et sert l’intérêt collectif. « Les échanges sportifs interétatiques, notamment au niveau de l’éducation de base, auraient des implications d’une portée considérable », a-t-il affirmé. Pour amplifier cette coopération, il recommande de l’institutionnaliser au sein des écoles primaires et secondaires sino-africaines et d’approfondir les études sur le sujet. 

Abondant dans le même sens, l’ambassadeur d’Afrique du Sud a préconisé de promouvoir le sport dès le plus jeune âge pour élever les champions de demain. « Les échanges sportifs scolaires entre l’Afrique du Sud et la Chine seront de bon augure pour nos deux nations sportives », a souligné M. Cwele, qui a invité davantage d’élèves chinois à visiter l’Afrique. « Ce n’est qu’en passant du temps dans nos communautés que les enfants chinois peuvent mieux nous comprendre, qui nous sommes, d’où nous venons et où nous essayons d’aller. En jouant ensemble, ils peuvent bâtir des relations d’amitié solides. » 

L’Association sportive des diplomates et des ressortissants africains vivant en Chine et l’équipe d’enseignants des écoles primaires et secondaires de Beijing disputent un match amical à Beijing, le 23 septembre. (COURTOISIE) 

Semer des graines d’amitié 

Joignant l’acte à la parole, deux matchs amicaux de football ont suivi le forum, avec d’abord des élèves chinois et africains, puis une rencontre entre enseignants de Beijing et la « Dream Team » de diplomates et ressortissants africains. Les élèves africains et l’équipe d’enseignants de Beijing ont remporté leurs matchs respectifs. 

Pour ces sportifs, la victoire n’était pas l’unique objectif. La rencontre de ce jour visait avant tout à semer des graines d’amitié pour cueillir, demain, des fruits durables. C’est l’avis de Du Yunwei, élève au lycée n°8 de Beijing : « Je suis très heureux de participer à ce match de football, j’ai rencontré beaucoup d’adolescents africains et j’espère avoir plus d’occasions de communiquer avec eux à l’avenir », a-t-il fait part. 

Wang Jun, son enseignant, voit dans ce match une opportunité d’élargir les horizons. « À travers ces rencontres, les diplomates africains peuvent se familiariser avec l’enseignement et l’entraînement du football dans les écoles primaires et secondaires de Beijing, et en même temps, nous pouvons apprendre d’eux de bonnes techniques et tactiques de football. » 

Kouakou Koffi Lambert, président de la « Dream Team », a pour sa part affirmé : « L’événement d’aujourd’hui est une rencontre culturelle pour un brassage de nos cultures, pour un brassage entre l’Afrique et la Chine. Nous sommes venus entre amis pour jouer et faire connaissance. »  

Fondée en 1996, la « Dream Team » œuvre au bien-être des diplomates et ressortissants africains en Chine, se retrouvant tous les samedis à la périphérie de Beijing pour des sessions footballistiques. « Notre diversité en fait un creuset d’échanges », confie M. Lambert à CHINAFRIQUE. « Notre mission s’étend à renforcer les relations sino-africaines à travers des événements culturels comme celui-ci. » 

Cette initiative ne date pas d’hier. Dès 2018, un match similaire avait été organisé, fruit de la collaboration entre l’Association des sports des écoles primaires et secondaires de Beijing et l’Institut de diplomatie.