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  2024-01-02
 

Naviguer vers la clarté

VOL. 16 JANVIER 2024 par Xia Yuanyuan  ·   2024-01-02
Mots-clés: Yundang ; Xiamen

Une lutte de trois décennies pour la beauté naturelle du lac de Yundang.

Week-end en famille au bord du lac de Yundang. (COURTOISIE)


Lorsque Scott Patrick, un professeur de musique américain de l’École internationale de Xiamen, envisagea de s’établir à Xiamen avec son épouse, ils compilèrent d’innombrables photographies de la ville. Parmi elles, celles du lac de Yundang les captivèrent particulièrement. « Les images splendides du lac nous ont convaincus que Xiamen était une cité idéale pour s’épanouir. Nous avons donc pris la décision de nous y installer, et ce fut un choix judicieux. »

 

Vivant à Xiamen depuis plus de deux ans, M. Patrick et sa femme ont intégré dans leur routine les promenades autour du lac de Yundang, où ils admirent l’eau cristalline et observent les aigrettes blanches. Avec ses 1,6 km² de superficie, niché au cœur de la ville, le lac représente un oasis urbain d’une rare beauté. Pourtant, il y a de cela trente ans, le tableau était bien différent.

 

Dans les années 1970, en raison du déversement direct et non traité des eaux usées domestiques et industrielles, le lac était envahi par des déchets et des algues, ce qui avait des conséquences désastreuses sur son écosystème.

 

La renaissance de ces eaux a commencé dans les années 1980, lorsque la ville de Xiamen initia une série d’opérations d’assainissement. Après quatre phases de nettoyage méticuleux étalées sur plus de trois décennies, le lac jadis pollué a retrouvé une limpidité remarquable. Cette transformation est devenue le symbole de l’essor de la civilisation écologique à Xiamen.

 

La renaissance du lac


Fu Xunyi, ingénieur principal au Centre de conservation du lac de Yundang, a grandi à Xiamen, à proximité du lac. « Autrefois, le lac était synonyme de nausée, c’était un fait connu de tous », se remémore-t-il. Situé dans l’ouest de l’île de Xiamen, le lac, jadis un port connu sous le nom de port de Yundang, fut transformé en lagon artificiel dans les années 1970, à la suite de la construction d’une digue. Cette transformation, combinée au rejet massif d’eaux usées industrielles et domestiques, a entraîné une dégradation environnementale catastrophique. « Au printemps et en été, les algues et les déchets envahissaient le lac, qui devenait sombre et fétide. Les poissons et les aigrettes avaient disparu, laissant les riverains dans une grande détresse », rappelle M. Fu.

 

Dans les années 1980, une lutte acharnée contre la pollution du lac a été engagée. Le gouvernement municipal de Xiamen a déployé une série d’initiatives en plusieurs phases, incluant le traitement des eaux usées, le dragage de la vase, la construction de nouvelles digues, la régénération des plans d’eau et l’embellissement du paysage environnant.

 

« Pour débarrasser le lac de ses odeurs nauséabondes, il fallait d’abord s’attaquer aux causes de la pollution », affirme M. Fu. Plus de cent entreprises polluantes autour du lac furent fermées ou délocalisées, incluant quatorze grands pollueurs. Des initiatives pour intercepter les eaux usées et construire des stations d’épuration furent lancées, dans le but d’empêcher toute pollution future du lac.

 

Un projet de dragage à grande échelle fut mis en œuvre pour éliminer les sédiments pollués accumulés au fil des années. Suite à ce nettoyage, des berges et une île furent construites, améliorant significativement la qualité de l’eau et renforçant la prévention des inondations.

 

Dans le cadre de la revitalisation du lac, les autorités de Xiamen ont adopté une approche innovante en utilisant le marnage pour reconnecter le lac à la mer. La construction de portes maritimes le long des berges a permis de retenir l’eau à marée haute et de l’évacuer à marée basse, améliorant considérablement la gestion des crues et le renouvellement des eaux.

 

Dès 1999, des efforts ont été déployés pour restaurer l’écosystème du lac, avec des projets de plantation de mangroves et de développement paysager. Le lac est désormais bordé d’une végétation luxuriante, et son écosystème marin s’est régénéré, attirant à nouveau une diversité d’oiseaux aquatiques.

 

Les statistiques du Centre de conservation du lac de Yundang témoignent de cette transformation écologique réussie. La concentration d’azote ammoniacal dans l’eau du lac a chuté drastiquement, passant de 39,4 mg/L en 1987 à seulement 0,076 mg/L en 2022. La biodiversité s’est enrichie avec la présence de 63 espèces d’organismes aquatiques, 123 espèces de phytoplancton, 73 espèces de zooplancton et 14 espèces d’animaux benthiques. De plus, 95 espèces d’oiseaux ont été recensées dans la région, y compris un grand nombre de migrateurs comme les cormorans, qui y passent l’hiver chaque année.

 

Après plus de 30 ans de travail acharné, le lac de Yundang s’est métamorphosé en un « poumon vert » pour la ville de Xiamen, devenant une destination prisée pour les touristes en quête de beauté naturelle.

 

Le lac de Yundang, véritable joyau naturel, attire de nombreux visiteurs. (YU JIE)


La clé de la restauration


Les forêts de palétuviers plantées sur la digue de dérivation du lac de Yundang ont créé un réseau de mangroves florissant. Ces écosystèmes essentiels, agissant comme des purificateurs d’eau, jouent un rôle crucial dans l’amélioration des écosystèmes aquatiques, la fixation et le stockage du carbone, et la préservation de la biodiversité. Surnommées les « poumons verts des océans » et « gardiennes des côtes », les mangroves étaient pourtant en déclin en raison de la poldérisation dans les années 1980.

 

Pour inverser cette tendance, dès 1999, le Bureau de gestion du lac de Yundang, en partenariat avec l’équipe de Lu Changyi de l’Université de Xiamen, a initié des projets de plantation de mangroves autour du lac. « Les mangroves nécessitent une certaine élévation au-dessus du niveau de l’eau, mais les berges du lac ne le permettaient pas, obligeant à ajouter de la terre », explique M. Lu. Face à un manque de boue marine adéquate, l’équipe a dû chercher plus loin, travaillant dans des conditions exigeantes, souvent les pieds dans l’eau.

 

Depuis plus de vingt ans, ces efforts ont impliqué plus de 2 000 personnes dans la plantation de mangroves, couvrant actuellement une superficie d’environ 26 000 m². Avec d’autres zones comme le Parc de Xiantanwei et la baie de Haicang, Xiamen abrite plus de 500 hectares de mangroves.

 

Aujourd’hui, l’écosystème du lac de Yundang s’est grandement amélioré, notamment grâce à la plantation de différentes espèces de mangroves comme Kandelia, Avicennia marina et Rhizophora stylosa. Ces efforts ont renforcé les digues de manière écologique et transformé le lac en un refuge pour les oiseaux, notamment les aigrettes. « Comme les aigrettes se sont multipliées, nous avons même renommé une petite île au centre du lac en ‘l’île aux aigrettes’ », se réjouit M. Lu.

 

De « lac nauséabond » à « paradis urbain », le lac de Yundang est devenu un exemple emblématique de réhabilitation écologique en Chine, une réussite reconnue par le Programme des Nations unies pour le développement en 1993.

 

Reportage de Xiamen

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