L’engagement inébranlable d’un neurochirurgien chinois en terre africaine.

Wang Xingwen effectue une intervention chirurgicale à la lampe torche en raison des coupures de courant en Guinée. (COURTOISIE) 

L’intervention finale de l’Année du Lapin pour Wang Xingwen, neurochirurgien de renom âgé de 49 ans exerçant à l’Hôpital Xuanwu, affilié à l’Université de médecine de la capitale, est programmée juste avant le Nouvel An lunaire 2024. Avant de pouvoir acheter son billet de train pour rejoindre sa famille dans sa ville natale du Shandong, il doit s’assurer que son patient est dans un état post-opératoire stable. S’il est habitué à la solitude pendant les festivités les plus importantes en raison de sa carrière exigeante depuis 24 ans, le Nouvel An 2021 a été particulièrement éprouvant pour lui. En effet, en septembre 2020, il a entamé sa mission de 18 mois en Guinée en tant que l’un des 21 membres de la 28^e équipe médicale chinoise. 

Au cours de sa carrière, M. Wang a effectué plus de 4 000 opérations chirurgicales, parfois travaillant jusqu’à 22 heures d’affilée sur des cas d’une complexité exceptionnelle. Sur les plus de 640 interventions chirurgicales qu’il a réalisées en 2023, il n’y a eu que deux cas d’échec. « En neurochirurgie, la marge d’erreur est nulle. Une seule faute peut causer des dommages permanents. Nous ne pouvons qu’améliorer autant que possible les chances de réussite et minimiser les risques d’échec », a-t-il affirmé à CHINAFRIQUE. C’est ce dévouement qui l’a conduit à sa mission en Afrique. 

Rester fidèle à son engagement 

Après avoir suivi une formation préparatoire de dix mois, M. Wang a acquis une meilleure compréhension de la langue française, des conditions nationales guinéennes et du protocole diplomatique. Cela lui a permis de gagner en confiance pour affronter les défis à venir. Cependant, une fois arrivé à la capitale Conakry, il a été confronté à une chaleur et une humidité extrêmes, aux piqûres de moustiques et au danger des serpents venimeux. Son engagement et sa résilience ont été mis à rude épreuve. Dans ses moments de répit, il trouvait du réconfort en grimpant sur le château d’eau de l’équipe pour admirer la mer et penser à sa famille en silence. 

Face à ces épreuves, M. Wang a conservé son engagement envers sa mission humanitaire, conscient d’être à la fois un soignant et un ambassadeur de l’amitié. En l’espace de 18 mois, il a effectué plus de 100 interventions chirurgicales, parfois éclairées seulement par une lampe torche en raison des fréquentes coupures d’électricité durant la saison sèche, a combattu des épidémies de maladies mortelles, et a soigné des victimes de balles lors de tensions politiques, faisant face à des situations bien au-delà des attentes initiales de sa mission. 

En juin 2021, une impressionnante opération a été réalisée à l’Hôpital de l’amitié Chine-Guinée sur un patient ayant subi une fracture des vertèbres thoraciques et lombaires. La procédure, menée par M. Wang et des médecins locaux, s’est compliquée d’une réaction hémolytique aiguë inattendue, mettant en péril la vie du patient. Après des examens confirmant un possible paludisme, une injection d’artémisinine a été administrée pour stabiliser la situation. Malgré une opération qui a duré plus de dix heures et des conditions de travail difficiles, le personnel médical a continué à se donner corps et âme pour sauver le patient. En fin de journée, M. Wang a été profondément touché en découvrant que ses collègues l’attendaient avec un repas chaud, témoignant ainsi de leur soutien et de leur solidarité. 

Wang Xingwen oriente un médecin guinéen lors d’une intervention chirurgicale. (COURTOISIE) 

Laisser une équipe médicale constante 

Avant l’arrivée de l’équipe médicale, l’Hôpital de l’amitié Chine-Guinée disposait d’un service de neurochirurgie de base. Voyant là une occasion d’élargir les horizons médicaux du pays, M. Wang s’est donné pour mission de faire progresser la neurochirurgie microscopique en Guinée, visant à réduire l’écart entre les normes locales et internationales et à accélérer le développement de cette spécialité cruciale sur le territoire guinéen. 

À cette époque, l’hôpital n’avait qu’un seul microscope opératoire, offert par la Chine il y a dix ans. Grâce à l’intervention de M. Wang, qui a sollicité l’aide d’ingénieurs chinois, le microscope a été remis en état et utilisé pour réaliser une intervention mini-invasive sur un disque cervical antérieur. Deux jours après, le patient présentait une amélioration significative de sa mobilité, et le quatrième jour, il a pu se lever du lit. Les médecins locaux ont été impressionnés par la rapidité de récupération des patients grâce à cette technique de neurochirurgie microscopique, caractérisée par une petite incision, un faible traumatisme et un rétablissement rapide. 

L’efficacité et la propreté du champ opératoire ont particulièrement marqué un assistant guinéen, qui a exprimé le désir d’apprendre cette technique. Le chef du service de neurochirurgie a également plaidé pour l’adoption des méthodes chinoises en Guinée, après avoir observé plusieurs succès en neurochirurgie microscopique. M. Wang a informé les services compétents en Chine de la situation et a reçu un important soutien de l’Hôpital Xuanwu. La fondation Ling Feng a fait don d’un équipement complet de formation et l’a fait expédier en Guinée. L’équipe médicale a assemblé l’équipement, créé le premier laboratoire de neurochirurgie local et compilé le matériel de formation en français. Après six mois de préparation, la première séance de formation guinéenne en microchirurgie a eu lieu en juillet 2021. Depuis, les médecins locaux ont été formés étape par étape, jusqu’à ce qu’ils puissent utiliser le microscope pour effectuer des opérations chirurgicales avec habileté. M. Wang a exprimé son émotion en déclarant : « Nous avons laissé une équipe médicale constante pour la communauté locale. » 

Wang Xingwen donne une formation sur la neurochirurgie en français lors de sa mission en Guinée. (COURTOISIE) 

Mission accomplie 

L’équipe médicale a également organisé un forum d’experts en neuroscience en Guinée, embrassant un large éventail de disciplines telles que la neurochirurgie, la cardiologie, la réanimation, la pathologie et l’anesthésiologie. Étant donné que la langue officielle de la Guinée est le français, M. Wang a décidé d’enseigner directement dans cette langue. Pour garantir l’exactitude de la traduction, il a créé des diapositives en anglais, puis les a fait traduire en français, avant de les faire vérifier par un enseignant français par le biais d’Internet. M. Wang a consacré deux à trois heures chaque soir à l’apprentissage de ses notes en français, investissant plus de 200 heures pour la préparation d’une présentation de 40 minutes, une tâche qu’il a trouvée étonnamment plus ardue que la pratique chirurgicale elle-même. 

Après 18 mois de travail intense, l’équipe médicale a réussi à atteindre ses objectifs. Elle a formé des talents locaux en neurologie, modernisé leur technologie, acheté des équipements d’une valeur de 4,5 millions de yuans (625 986 dollars) et établi 13 normes et systèmes médicaux, qui ont été compilés. Le Centre de neuroscience de Guinée a été officiellement inauguré en janvier 2022 juste avant le départ de l’équipe chinoise. 

Cette mission a offert à M. Wang de précieuses opportunités de croissance personnelle et professionnelle, marquées par les défis surmontés et les amitiés nouées avec les Guinéens. Il maintient le contact avec eux et reçoit régulièrement des messages de vœux. Il se voit comme un ambassadeur de l’amitié et de la gentillesse du peuple chinois, ce qui, à ses yeux, est la véritable essence de son travail.