2024-07-05 |
Aux premières lueurs |
VOL. 16 / JUILLET 2024 par ALAFATI MUGABO · 2024-07-05 |
Mots-clés: Rwanda ; équipe médicale chinoise |
La renaissance de la naissance au Rwanda par l’intervention de médecins chinois.
Des médecins chinois préparent une injection pour une femme enceinte à l’Hôpital de Masaka à Kigali, au Rwanda, en mars 2023. (ALAFATI MUGABO)
Dans une initiative susceptible de révolutionner les procédures d’accouchement au Rwanda, des médecins chinois de l’Hôpital de Masaka, à la capitale Kigali, ont réussi à faciliter un accouchement naturel pour une femme séropositive. Cette avancée constitue un progrès notable vers des méthodes d’accouchement plus sûres et plus accessibles dans le pays.
Wu Peng, directeur général du Département des affaires africaines au ministère chinois des Affaires étrangères à cette époque, a félicité cette réussite. Il a souligné que cette naissance représentait un progrès significatif pour les soins de santé maternelle, ajoutant que la mère avait été traitée « comme n’importe qui d’autre », ce qui a contribué à apaiser les inquiétudes relatives à la transmission du VIH de la mère à l’enfant lors de l’accouchement.
Ce programme pour les femmes séropositives fait partie d’une initiative pilotée par des spécialistes médicaux chinois, visant à introduire des accouchements moins douloureux à l’Hôpital de Masaka. La méthode, aussi appelée « accouchement sans douleur » ou « accouchement sous analgésie péridurale », offre une expérience d’accouchement plus confortable et réduit la douleur pour les mères.
Bien-être maternel
Wang Hui, gynécologue chinoise impliquée dans cette initiative au Rwanda, a souligné combien il est crucial de réduire les douleurs d’accouchement, les qualifiant parmi les plus intenses qu’un être humain puisse endurer. Bien que cette technique soit déjà utilisée au Rwanda, son adoption reste limitée en raison des coûts élevés et d’une connaissance restreinte, mais elle offre un potentiel considérable pour diminuer le stress physique et psychologique lié à l’accouchement.
Su Nan, anesthésiste et membre de l’équipe médicale chinoise, a expliqué que l’accouchement sans douleur peut jouer un rôle clé dans la prévention de la dépression post-partum. En allégeant la douleur liée à l’accouchement, cette méthode favorise le bien-être maternel et améliore significativement l’expérience globale de l’accouchement.
Un des obstacles majeurs à la généralisation de cette pratique au Rwanda est son coût, qui peut atteindre 300 dollars dans les hôpitaux locaux. Toutefois, grâce au soutien du gouvernement chinois et de ses experts médicaux, cette procédure est désormais plus accessible via la Mutuelle de santé, le régime d’assurance maladie universelle du pays, à un coût nettement réduit.
Ester Bugingo, qui a bénéficié de cette procédure, a exprimé sa reconnaissance pour l’accessibilité et l’efficacité de la méthode. Auparavant contrainte à des césariennes coûteuses en raison des douleurs insupportables, elle considère l’introduction de l’accouchement sans douleur comme une révolution pour les femmes enceintes du pays.
Avant que les professionnels de la santé chinois n’introduisent l’accouchement sans douleur au Rwanda, de nombreuses femmes optaient pour la césarienne par peur de la douleur, une option souvent hors de portée financièrement. Mme Bugingo, mère de trois enfants, a dû recourir à une césarienne pour son deuxième enfant. Cependant, pour son troisième, elle a eu accès à une analgésie efficace au Centre hospitalier universitaire de Kigali, qui lui a permis un accouchement presque indolore et rapide en seulement deux heures, bien que cela lui ait coûté environ 400 000 francs rwandais (350 dollars), créant une pression financière supplémentaire.
Aujourd’hui, grâce à l’effort des médecins chinois et à l’intégration de ces services dans le régime d’assurance maladie, des femmes comme Mme Bugingo voient un changement significatif. Elle a exprimé sa gratitude envers le gouvernement chinois et les experts médicaux pour rendre ce service essentiel abordable, marquant une évolution positive pour la maternité au Rwanda.
Un médecin chinois administre une anesthésie à l’Hôpital de Masaka à Kigali, au Rwanda, le 9 avril. (XINHUA)
Travail naturel
L’anesthésiste Su a approfondi l’explication de la procédure d’accouchement sans douleur, en soulignant qu’elle est particulièrement bénéfique pour les femmes ayant une faible tolérance à la douleur ou celles qui pourraient autrement opter pour une césarienne. Elle a également mentionné que cette option est disponible pour les femmes qui se trouvent épuisées après de longues heures de travail ou qui sont admises en urgence.
La méthode repose sur l’administration continue d’une péridurale, qui implique l’injection de médicaments à faible dose directement dans le bas du dos de la patiente. Cette technique réduit de manière significative la douleur en engourdissant la région pelvienne, tout en permettant à la mère de rester consciente et alerte.
Pendant le processus, la patiente peut rester assise avec le dos légèrement cambré, ce qui l’aide à se concentrer sur l’accouchement dans un état de détente. Le médicament prend généralement entre 10 à 15 minutes pour agir. En plus de soulager la douleur, la péridurale facilite le déroulement naturel de l’accouchement en aidant le bébé à descendre plus aisément, grâce à la relaxation des muscles pelviens et vaginaux, ce qui augmente le taux de réussite de l’accouchement naturel.
Un accouchement sans douleur peut réduire les complications post-partum en diminuant le stress et l’épuisement subis par la mère durant le processus. Toutefois, cette procédure n’est pas dénuée d’effets secondaires, tels que des difficultés à uriner après l’accouchement, un travail plus long, des migraines dues à une fuite de liquide céphalorachidien, et un engourdissement prolongé du bas du corps. Dans des cas extrêmes, une césarienne d’urgence peut être requise si la pression artérielle de la mère chute ou si la fréquence cardiaque du bébé baisse.
Malgré ces défis, la pratique réussie de l’accouchement sans douleur à l’Hôpital de Masaka représente une avancée majeure dans les soins de santé maternelle au Rwanda. Avec le soutien technique et l’expertise de la Chine, de plus en plus de femmes rwandaises bénéficient désormais d’accouchements plus sûrs et plus confortables, contribuant à améliorer les résultats de santé maternelle dans le pays.
Le programme d’aide annuel du gouvernement chinois, lancé en 1982, a été crucial pour renforcer la coopération dans le domaine de la santé entre la Chine et le Rwanda. Au fil des ans, des experts médicaux chinois ont traité plus d’un demi-million de patients, affirmant ainsi leur engagement continu envers l’amélioration des soins de santé au Rwanda.
Reportage du Rwanda
Imprimer
|