2024-09-02 |
Voyager vert |
par JEAN D’AMOUR MBONYINSHUTI · 2024-09-02 |
Mots-clés: Rwanda |
Les fabricants chinois de véhicules électriques catalysent le mouvement vers la mobilité durable au Rwanda.
Un bus électrique de fabrication chinoise à Kigali, au Rwanda. (BASIGO RWANDA)
En réponse à l’augmentation de la demande d’électrification des transports publics au Rwanda, de nombreuses entreprises s’engagent à importer des véhicules électriques et des services connexes depuis la Chine. Parmi elles, IZI Electric se distingue. Au début du mois d’avril, cette entreprise a importé son premier lot de cinq bus électriques fabriqués par Zhongtong Bus, un constructeur automobile chinois. Chaque bus, pouvant accueillir 60 passagers, est équipé d’une batterie robuste de 130 kWh, conçue pour naviguer aisément sur les routes vallonnées.
Alex Wilson, PDG d’IZI Electric, souligne que ces bus ont été choisis pour leur adéquation avec le paysage et les conditions routières spécifiques de Kigali, garantissant ainsi un service de transport public fiable et efficace à travers la capitale.
En outre, IZI Electric a introduit au Rwanda ses premières bornes de recharge rapide, également importées de Chine. Située au Century Park à Kigali, cette installation comporte deux bornes de recharge de 120 kW chacune, essentielles pour le fonctionnement quotidien de la flotte.
Ces bus ont besoin de légèrement plus d’une heure pour se recharger complètement, ce qui leur permet de circuler toute la journée. La station IZI peut également servir pour des recharges rapides mi-journée si nécessaire. Bientôt, cette installation sera accessible à un nombre croissant de propriétaires privés de véhicules électriques, qui pourront recharger leur véhicule en seulement 15 à 20 minutes.
Économique et accessible
IZI a adopté le modèle de facturation à l’usage, qui s’avère très rentable. Les opérateurs publics, tels que Kigali Bus Services (KBS), doivent verser une caution de 2 200 dollars pour obtenir les bus et les services associés. Ils sont ensuite facturés 0,5 dollar par kilomètre parcouru, selon ce modèle de paiement à l’usage, qui permet de réduire les coûts opérationnels de 40 % en moyenne et d’augmenter la rentabilité. Ce modèle inclut une offre complète de services, couvrant l’entretien des véhicules, l’assurance et la formation. En revanche, l’achat de bus sur le marché pourrait coûter entre 120 000 et 160 000 dollars par véhicule.
Les opérateurs de transports publics sont prêts à adopter les véhicules électriques, voyant en eux une opportunité de rentabilité accrue tout en protégeant l’environnement grâce à des émissions nulles. Charles Ngarambe, PDG de KBS, a affirmé que le modèle économique d’IZI pourrait être profitable. « Nous croyons que ce modèle peut transformer la rentabilité de notre entreprise et stimuler notre expansion. Nous sommes prêts à collaborer avec l’entreprise pour utiliser davantage de bus électriques afin de réduire les émissions polluantes », souligne-t-il.
Actuellement, IZI collabore avec KBS et prévoit de s’associer à d’autres opérateurs tels que Volcano Express et Royal Express.
Dans le but de promouvoir la mobilité électrique, IZI prévoit d’importer 20 bus supplémentaires d’ici octobre et ambitionne d’atteindre un total de 100 bus dans les 12 mois. L’entreprise envisage également d’étendre son réseau de recharge d’une à cinq stations à Kigali, renforçant ainsi l’écosystème croissant des véhicules électriques dans la ville. Les propriétaires privés de véhicules électriques bénéficieront également de tarifs de recharge abordables dans les stations IZI, avec un coût allant de 350 à 400 francs rwandais (0,27 à 0,3 dollar) par kWh.
Une station de recharge IZI Electric à Kigali, au Rwanda. (CENTURY PARK OF KIGALI)
Plus d’incitations
IZI n’est pas la seule entreprise de ce secteur au Rwanda. Avant son arrivée sur le marché, la société kényane BasiGo, qui assemble des véhicules chinois au Kenya, a commencé ses opérations dans le pays début mars. Adoptant également le modèle de tarification à l’usage, l’entreprise a démarré avec 4 bus électriques et envisage d’importer 100 bus supplémentaires d’ici mars 2025, puis 200 de plus en 2026. Un bus entièrement chargé peut parcourir 300 kilomètres et des bornes de recharge sont installées à des endroits stratégiques de la capitale.
Le Rwanda a également accueilli Hallo Life, une entreprise qui assemble des motos avec des pièces fournies par la Chine et les commercialise à Kigali. La société est également active dans d’autres pays africains tels que la Tanzanie et la Côte d’Ivoire, et prévoit d’étendre ses opérations en Éthiopie, en Ouganda, au Kenya, entre autres.
Selon son PDG, Glory Lu, Hallo Life s’engage à offrir les meilleures solutions de mobilité électrique pour les courtes distances, en utilisant la technologie chinoise. « Nos motos sont économiques, sans carburant, sans émission de gaz et silencieuses, tout en nécessitant un entretien minimal », affirme-t-il.
À ce jour, l’entreprise a vendu plus de 200 motos, et d’autres sont actuellement en cours d’assemblage. D’après M. Lu, l’usine d’assemblage située dans le district de Kicukiro, à Kigali, est prête à répondre à la demande croissante, avec une capacité de production de plusieurs centaines de véhicules par jour.
Le Rwanda fait partie des pays ayant des ambitions marquées pour une transition vers des transports verts. Selon le ministère des Infrastructures, le pays prévoit que d’ici 2030, 20 % de ses bus, 30 % de ses motos et 8 % de ses voitures seront alimentés par des énergies vertes.
Pour encourager l’adoption des véhicules électriques, le gouvernement rwandais a introduit plusieurs incitations pour les véhicules électriques et hybrides. Les entreprises qui fabriquent et assemblent des véhicules électriques au Rwanda peuvent désormais bénéficier d’un taux d’impôt sur le revenu réduit de 15 %, ainsi que d’exemptions fiscales, selon le ministère des Infrastructures. Le tarif de l’électricité pour les bornes de recharge est également plafonné au niveau des tarifs industriels, tandis que les propriétaires de chargeurs privés de véhicules électriques bénéficient d’un tarif réduit pendant les heures creuses.
En outre, les véhicules électriques, les pièces détachées, les batteries et les équipements de bornes de recharge sont exonérés de la TVA. Le gouvernement a également supprimé les droits d’importation et d’accises sur ces mêmes produits, tout en exonérant la retenue à la source de 5 % à la douane.
Ces mesures, selon les autorités, visent à réduire les émissions de carbone des véhicules, l’une des principales sources de pollution atmosphérique. D’après les statistiques du ministère de l’Environnement, 40 % des émissions du secteur des transports au Rwanda proviennent des bus, tandis que le transport routier représente 13 % des émissions totales du pays.
Les véhicules fabriqués en Chine jouent un rôle clé dans la transition vers un transport écologique au Rwanda. Le pays compte désormais plus de 3 400 véhicules électriques et 1 500 véhicules hybrides, dont la majorité provient de fabricants chinois, selon les chiffres officiels.
Reportage du Rwanda
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