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  2024-09-30
 

L'étoffe d'un renouveau

VOL. 16 / OCTOBRE 2024  ·   2024-09-30
Mots-clés: Sommet du FCSA ; relations sino-africaines

Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo. (COURTOISIE)

Cette année célèbre le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la République du Congo, témoignage d’une amitié profondément enracinée, caractérisée par une confiance politique élevée et un soutien mutuel indéfectible. Entre 2024 et 2027, la République du Congo coprésidera le Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) et accueillera sa 10e Conférence ministérielle en 2027. À l’occasion du Sommet 2024 du FCSA, qui s’est déroulé du 4 au 6 septembre à Beijing, le Président Denis Sassou Nguesso a effectué une visite d’État en Chine. Il a partagé ses réflexions sur le FCSA et les relations sino-africaines avec les médias chinois, dont CHINAFRIQUE. Voici des extraits édités de ses propos :

CHINAFRIQUE : Lors de la cérémonie d’ouverture du Sommet 2024 du FCSA, le Président chinois Xi Jinping a présenté dix Actions de partenariat destinées à promouvoir la modernisation de la Chine et de l’Afrique. Quelle est votre analyse de ces propositions ?

Denis Sassou Nguesso : Le discours du Président Xi a marqué un tournant décisif pour le FCSA. À travers ces dix initiatives, il a défini un plan d’action pour les trois années à venir, articulant des étapes essentielles pour notre collaboration. Ces mesures ne se contentent pas d’enrichir nos relations mais promettent de transformer profondément le développement africain en comblant les déficits actuels. Elles introduisent une dimension inédite à nos échanges, avec une proposition spécifique pour élever les relations bilatérales avec tous les pays africains ayant des liens diplomatiques avec la Chine à un niveau stratégique. Cette vision est cruciale car elle soutient les nations les plus vulnérables, leur permettant de se développer et de contribuer à un progrès global. C’est un message fort pour les pays du Sud.

Le Président Xi a souligné que dans la marche vers la modernisation, nul ne devrait être laissé pour compte. Quelles sont vos attentes en matière de modernisation et de développement futur de l’Afrique ? Voyez-vous des distinctions fondamentales entre le modèle occidental de modernisation et celui des pays en développement, notamment la Chine et l’Afrique ?

La modernisation occidentale s’est souvent appuyée sur des dynamiques de domination et d’exploitation historiques. En revanche, la Chine a choisi une voie de responsabilisation de sa population, prônant des relations basées sur la coopération mutuelle plutôt que sur l’exploitation. Ce modèle n’est pas axé sur la domination mais sur le partage des bénéfices du développement.

La Chine, sous la houlette du Parti communiste chinois, a accompli des progrès remarquables sans s’engager dans l’exploitation d’autres nations. Ce paradigme représente un nouveau modèle de développement et de modernisation, qui non seulement respecte mais promeut également l’équité et le respect mutuel. C’est une approche exemplaire dont nous devons nous inspirer pour le développement futur de l’Afrique.

Lors de la cérémonie d’ouverture du FCSA, vous avez réaffirmé votre engagement à renforcer l’importance du Forum. Quelles sont vos attentes vis-à-vis de celui-ci ?

Le Plan d’action de Beijing du FCSA, établi pour les trois prochaines années, envisage des impacts profonds à travers divers secteurs, incluant économiques, sociaux et culturels. Cela comprend le renforcement des échanges humains et le partage d’expériences.

Le Président Xi a annoncé un soutien financier substantiel de 51 milliards de dollars pour déployer les dix Actions de partenariat, soulignant ainsi l’engagement tangible de la Chine. De son côté, l’Afrique s’engage à intensifier les échanges commerciaux, le transfert de technologies et le développement agricole.

Le « Peace Ark », un navire-hôpital de la marine chinoise, est aperçu au port de Pointe-Noire, en République du Congo, le 22 septembre. (XINHUA)

Le pétrole demeure l’industrie clé de la République du Congo, mais vous avez déclaré qu’il est temps de « tourner la page ». Le Plan national de développement 2022-2026 privilégie l’agriculture, l’industrie, le tourisme, le numérique et l’immobilier. Quel avenir voyez-vous pour le développement du Congo ?


Bien que le secteur pétrolier reste une priorité, nous sommes déterminés à diversifier notre économie. Les entreprises chinoises jouent déjà un rôle majeur dans ce secteur, étant actives non seulement dans la production de pétrole et de gaz, mais aussi en tant qu’acteurs de premier plan. Nous leur avons ouvert cette opportunité.

Le Congo possède un immense potentiel agricole avec des millions d’hectares de terres arables, dont moins de 10 % sont exploités. Grâce à des ressources en eau abondantes et un ensoleillement constant, l’agriculture est au cœur de notre plan 2022-2026. Nous investissons dans des projets d’irrigation et priorisons également le développement de l’immobilier et des zones économiques spéciales, conformément aux six piliers de notre Plan national de développement, où l’agriculture occupe une place centrale.

Le port en eaux profondes de Pointe-Noire est propice au développement maritime, et la zone économique spéciale s’y développe régulièrement. Quelles industries pourraient émerger à Pointe-Noire dans les prochaines années ?

Notre priorité est le développement de la zone économique spéciale de Pointe-Noire, suivie de celle de Brazzaville, puis d’Oyo au centre et d’Ouésso au nord. Nous prévoyons que l’industrie phare qui s’installera prochainement à Pointe-Noire sera la fabrication de panneaux solaires. Cette industrie ne se limitera pas au Congo, mais aura également un impact majeur dans d’autres régions d’Afrique.

Nous cherchons activement des investisseurs chinois, en les encourageant à commencer par Pointe-Noire avant d’explorer les autres zones à mesure de leur développement.

Comment pensez-vous que ces zones économiques spéciales pourraient s’intégrer davantage à l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR) à l’avenir ?

Nous confirmons la réalisation réussie de tous les projets d’infrastructures associés à l’ICR dans le cadre de ce programme. Ces développements joueront un rôle crucial dans le renforcement de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), en améliorant les échanges commerciaux à travers le continent. Cette dynamique éliminera les barrières commerciales entre les nations africaines et favorisera leurs interactions avec le reste du monde. La ZLECAf sera particulièrement bénéfique dans des domaines essentiels tels que les infrastructures, les transports, les télécommunications et l’électricité. Actuellement, environ 600 millions d’Africains vivent sans accès à l’électricité. L’achèvement de ces projets d’infrastructures marquera une transformation significative pour l’Afrique, stimulée par l’ICR.

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