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  2025-03-10
 

Aux portes du ciel

VOL. 17 / MARS 2025 par GAO YUANYANG  ·   2025-03-10
Mots-clés: économie de basse altitude

À basse altitude, une industrie aéronautique extraordinaire est en train de prendre forme. 

Une visiteuse teste un eVTOL lors de l’Expo eVTOL de Shenzhen, le 23 septembre 2024. (VCG) 

  

En tant que concept économique, l’économie de basse altitude vise à exploiter les ressources uniques de l’espace aérien à basse altitude afin de développer l’aviation générale — autrement dit, l’aviation civile hors des lignes commerciales — tout en stimulant les industries connexes, depuis le ciel jusqu’au sol. 

 

Proposé en premier lieu par la Chine, ce concept contribue à la théorie du développement de l’aviation générale dans le monde. L’idée maîtresse est que l’espace aérien à basse altitude est une ressource économique et un moteur de productivité aussi essentiels que les terres et les mers. L’essor des activités à basse altitude permettra à la Chine d’exploiter pleinement son potentiel en matière d’aviation générale. 

 

Grâce aux innovations technologiques et à la diversité de ses produits, l’aviation générale a vu émerger de nouveaux types d’appareils, comme les véhicules électriques à décollage et atterrissage verticaux (eVTOL), parfois appelés « voitures volantes ». Conçus pour la mobilité aérienne urbaine (UAM), ces appareils suscitent un vif intérêt quant à la façon dont ils pourraient remodeler l’avenir. En mobilisant ces solutions dans l’espace aérien urbain à basse altitude, il est possible d’atténuer les problèmes d’embouteillages urbains et interurbains. 

 

Puisque la congestion du trafic est un défi mondial, ce nouveau mode de transport attire une attention croissante à l’international. La Chine, de son côté, compte de nombreuses métropoles et entrevoit donc un fort potentiel pour l’UAM. 

  

Vers un développement industriel 


Bien plus qu’un simple concept économique, l’économie de basse altitude se développe aussi en tant qu’industrie à part entière. En effet, du point de vue industriel, elle ne se limite pas à l’aviation générale traditionnelle, elle englobe un éventail plus large d’activités et de catégories économiques. 

 

L’extension du champ de l’aviation générale à l’économie de basse altitude représente une évolution : le passage d’une industrie unique à un modèle économique global. Si l’aviation générale reste le cœur de cette nouvelle économie, celle-ci inclut aussi des investissements et des réalisations d’infrastructures (aéroports destinés à l’aviation générale, vertiports, installations de soutien au sol, systèmes de surveillance et de services de vol). Elle intègre également d’autres domaines clés tels que l’intelligence artificielle, les énergies nouvelles ou la technologie satellitaire aérospatiale, et progresse en synergie avec les industries émergentes. 

 

Basée sur les avancées de l’aviation générale, l’UAM offre un espace de développement majeur. En complément des réseaux de transport terrestres, elle pourrait révolutionner les modes de déplacement et favoriser l’intégration de l’économie de basse altitude dans l’urbanisme. Au fur et à mesure de sa progression, elle stimulera un large éventail d’applications et fera émerger une économie hybride réunissant le ciel et la terre. 

 

En exploitant les ressources de l’espace aérien à basse altitude, un réseau de circulation multicouche peut répondre aux besoins variés de la population : vols privés ou d’affaires, transport aérien courte distance, trafic aérien urbain, secours d’urgence, missions de service public ou officiel, vols d’exploitation, sports aériens, tourisme et loisirs en vol. 

 

Pour soutenir le développement de cette industrie, davantage d’infrastructures sont nécessaires : aéroports spécialisés, vertiports, parcs et complexes aéronautiques, bases de drones, terrains aéronautiques, parcs de loisirs et de tourisme aérien. Autant d’équipements indispensables pour couvrir tout le cycle industriel, du décollage à l’atterrissage. 

  

Un employé de Meituan s’occupe de drones sur une station de livraison dans l’arrondissement de Nanshan, à Shenzhen, le 2 décembre 2023. (VCG) 

  

Soutien gouvernemental 


Au cours des dernières années, de nombreux pays développés ont renforcé leur attention sur l’innovation dans l’aviation générale. En 2021, le Congrès américain a adopté l’Advanced Air Mobility Coordination and Leadership Act, exhortant les organismes publics concernés à mettre sur pied une structure interagence pour faire progresser la mobilité aérienne avancée. De même, l’Union européenne a lancé en 2020 le programme Horizon Europe, visant à soutenir des projets et des entreprises liés à l’UAM. 

 

En Chine, les pouvoirs publics encouragent également le développement de l’économie de basse altitude. En mars 2024, cette thématique a été mise en avant dans le Rapport d’activité du gouvernement en tant que nouvelle locomotive pour les industries émergentes. En juillet dernier, lors de la troisième session plénière du XXe Comité central du Parti communiste chinois, l’accent a été mis sur l’approfondissement des réformes intégrées du système de transport, ainsi que sur la nécessité de développer l’aviation générale et l’économie de basse altitude.  

 

En décembre 2023, les autorités aéronautiques chinoises ont sollicité l’avis du public sur un projet de règlement relatif à la gestion de l’espace aérien, qui prévoit des dispositions pour l’ouverture et l’utilisation de la basse altitude. 

 

Par ailleurs, de nombreuses régions chinoises développent leurs propres politiques pour stimuler l’économie de basse altitude. À Shenzhen, grand pôle économique du sud, les autorités soutiennent massivement ce secteur, avec déjà près d’une centaine de routes commerciales testées pour la livraison par drones. Dans la région très congestionnée de la Grande Baie Guangdong-Hong Kong-Macao, Shenzhen mise sur la coordination entre transport aérien et terrestre pour proposer de nouvelles solutions de mobilité urbaine et interurbaine. 

  

L’exemple chinois 


Bien que l’aviation générale traditionnelle en Chine accuse encore un léger retard face aux pays développés d’Europe et d’Amérique, la progression fulgurante de son industrie de drones lui permet de prendre de l’avance dans le nouveau domaine de l’économie de basse altitude. 

 

La maîtrise chinoise en matière de drones constitue un socle solide pour développer les eVTOL et l’UAM. Actuellement, plus de 30 entreprises chinoises se spécialisent dans les eVTOL, et plus d’une dizaine ont levé des millions de dollars de financement. Des sociétés comme EHang, AutoFlight ou Aerofugia se classent parmi les leaders mondiaux dans ce secteur. 

 

La Chine innove également en matière de gestion et de certification des aéronefs. Au cours des deux dernières années, l’Administration de l’aviation civile de Chine (CAAC) a délivré le certificat de type, le certificat de production et le certificat de navigabilité pour le modèle eVTOL EH216-S de la société EHang, qui est devenu le tout premier eVTOL à décrocher ces trois homologations à l’échelle mondiale. En 2024, la CAAC a également octroyé un certificat de type à un modèle eVTOL destiné au transport de marchandises, développé par AutoFlight. 

 

À l’avenir, l’exploitation de l’espace aérien à basse altitude et l’optimisation des systèmes d’exploitation devraient permettre à l’économie de basse altitude chinoise de connaître un développement à plusieurs niveaux, évoluant vers une intégration encore plus poussée de l’exploitation, de la fabrication et des services. Cette dynamique soutiendra à son tour l’investissement dans des infrastructures comme les aéroports pour l’aviation générale, les vertiports, les systèmes de surveillance et de services de vol, tout en stimulant les activités liées au financement, à l’assurance, à la culture, ou encore à la formation scientifique dans l’aéronautique. L’aviation pourrait alors devenir un secteur pesant des milliers de milliards de dollars. 

  

L’auteur est directeur du Centre de recherche sur l’industrie de l’aviation générale de l’Université d’aéronautique et d’astronautique de Beijing.

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