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  2025-03-10
 

À basse altitude, hautes ambitions

VOL. 17 / MARS 2025 par HU FAN  ·   2025-03-10
Mots-clés: économie de basse altitude

L’économie chinoise de basse altitude envisage une expansion mondiale. 

Concept du bus Sora S-1 eVTOL survolant Londres. (COURTOISIE) 

  

La faillite de Volocopter, pionnière allemande des véhicules électriques à décollage et atterrissage verticaux (eVTOL), a récemment suscité une attention internationale. Fondée en 2011, cette entreprise était perçue comme un leader du taxi aérien, soutenue par des avancées technologiques et d’importants investissements internationaux. 

 

Les analystes attribuent cet effondrement à un manque de financement, des processus réglementaires lourds et un soutien politique insuffisant. Cette faillite met en lumière les difficultés persistantes du secteur eVTOL, qui doit relever des défis technologiques, infrastructurels et commerciaux. L’exemple de Volocopter rappelle que la prouesse technique seule ne garantit pas le succès. 

 

Les taxis aériens, perçus comme l’avenir du transport dans les zones urbaines congestionnées, occupent une place centrale dans l’économie de basse altitude, en plein essor. Ce secteur, à la fois futuriste et stratégique, est le théâtre d’une concurrence internationale accrue. Aux États-Unis, Joby Aviation et Archer Aviation poursuivent leur développement, tandis qu’en Chine, EHang et AutoFlight se distinguent. D’autres acteurs de premier plan incluent le britannique Sora Aviation et le japonais SkyDrive. 

 

Malgré un potentiel manifeste, notamment dans les centres urbains saturés, les taxis aériens font face à de nombreux obstacles. Le coût élevé des appareils et les infrastructures nécessaires compliquent leur commercialisation à grande échelle. Sans soutien financier durable, plusieurs entreprises du secteur risquent de disparaître. 

 

La faillite de Volocopter n’est pas un cas isolé. La startup allemande Lilium a également déposé le bilan en 2024, ce qui souligne les défis rencontrés par les entreprises européennes pour commercialiser ces technologies. 

 

Conscient de la valeur du secteur, Gerald Wissel, président de l’Association allemande pour l’aviation sans pilote, a appelé à un soutien national renforcé, avertissant que l’Allemagne pourrait perdre son avantage compétitif sur la Chine et les États-Unis, comme cela a déjà été le cas dans l’énergie solaire et l’intelligence artificielle. 

  

Un drone livre des plats à emporter près d’un centre commercial de Shenzhen, dans la province du Guangdong, le 21 août 2024. (VCG) 

  

Les atouts de la Chine 


Sur la scène internationale, la Chine dispose d’atouts majeurs pour développer son économie de basse altitude. 

 

Technologiquement, elle figure parmi les leaders mondiaux en recherche et développement de drones, en fabrication d’équipements et en communication de nouvelle génération. En 2023, la Chine comptait plus de 1,26 million de drones civils, soit le chiffre le plus élevé au monde, et abritait quelque 19 000 entreprises du secteur, dont DJI et Xpeng Aeroht. 

 

En outre, la Chine bénéficie d’un atout majeur dans les technologies clés, avec un leadership mondial en batteries, systèmes de commande de vol et matériaux aéronautiques, essentiels aux avions eVTOL. Son écosystème industriel de basse altitude est déjà structuré, avec une chaîne complète allant des matières premières aux services après-vente. Dans le secteur des drones, elle domine largement, assurant près de 70 % de la production mondiale, de l’approvisionnement aux pièces détachées et à l’assemblage final. 

 

Les gouvernements locaux jouent également un rôle actif dans cette dynamique. Plus de 20 provinces et municipalités ont mis en place des politiques de soutien et dix d’entre elles, dont Beijing, l’Anhui et le Jiangxi, ont alloué un total de 100 milliards de yuans (13,8 milliards de dollars) pour stimuler l’innovation et l’exploitation des projets de basse altitude. 

  

Les défis à venir 


Malgré des bases solides, plusieurs défis restent à surmonter pour assurer un développement sain et durable de l’économie de basse altitude. 

 

Le principal défi reste le manque d’infrastructures. Malgré une hausse du nombre d’aéroports d’aviation générale, leur envergure reste limitée : fin 2023, la Chine en comptait 449, contre plus de 4 000 aux États-Unis. Leur répartition est inégale, et de nombreuses régions manquent d’équipements adaptés. Par ailleurs, les réseaux de perception, détection et communication à basse altitude, essentiels à la sécurité des opérations, ne sont pas encore pleinement déployés. 

 

Un autre défi réside dans l’absence de modèles économiques viables capables de générer des revenus stables. Aujourd’hui, les technologies de l’aviation à basse altitude sont principalement utilisées dans des secteurs comme l’agriculture, le tourisme, la livraison à courte distance, l’aide médicale et les secours d’urgence. Bien que prometteuses, ces applications ne représentent qu’une fraction du marché global. Par exemple, en 2022, le nombre total d’heures de vol enregistrées dans l’aviation générale chinoise ne représentait que 4,5 % de celui des États-Unis. 

 

Par ailleurs, la demande des consommateurs demeure faible. Contrairement aux États-Unis, où les vols privés, d’affaires et de loisirs représentent environ 65 % du total des heures de vol, l’aviation générale chinoise est encore largement dominée par des services industriels, agricoles et publics, qui comptent pour plus de 80 % du marché. Les vols privés et touristiques ne représentent qu’environ 18 %, tandis que moins de 10 % des itinéraires d’aviation générale fonctionnent toute l’année. 

  

Progrès récents 


Consciente de ces défis, la Chine a mis en place des stratégies ambitieuses pour stimuler le développement de l’économie de basse altitude. En mars 2024, le gouvernement a dévoilé un plan dédié à l’innovation et à l’application des équipements d’aviation générale, définissant des objectifs clés pour le secteur. D’ici 2027, ce plan vise à : renforcer la production et l’innovation dans le domaine de l’aviation générale ; mettre en place un système de soutien moderne et structuré ; favoriser l’émergence d’un écosystème industriel efficace et intégré ; améliorer les infrastructures de service public ; accélérer l’application commerciale des équipements d’aviation générale, notamment dans le transport aérien urbain, la logistique, les secours d’urgence et d’autres domaines stratégiques. 

 

D’ici 2030, la Chine prévoit d’établir un nouveau modèle de développement pour l’industrie de l’aviation générale, un modèle intelligent, durable et pleinement intégré à la vie quotidienne et à la production. Le secteur devrait devenir un puissant moteur de l’économie de basse altitude. 

 

En 2024, plusieurs avancées marquent cette dynamique : depuis le 1er janvier, un règlement du Conseil des affaires d’État encadre l’exploitation des drones, et en mai, le Guangdong a instauré la première politique régionale pour un développement de qualité, ouvrant la voie à d’autres provinces. « Ces mesures politiques visent à créer un environnement propice et à assurer le succès de l’économie de basse altitude », explique Luo Jun, directeur exécutif de la China Low-Altitude Economy Alliance, un groupe de réflexion industriel créé en août 2024.  

 

Tout au long de l’année, plusieurs organismes gouvernementaux, comme l’Administration de l’aviation civile de Chine et le ministère de l’Industrie et de l’Informatisation, ont mis en place des départements dédiés à la promotion du secteur. 

 

Ces initiatives témoignent de l’engagement fort de la Chine à accélérer le développement de son économie de basse altitude. Grâce à une mobilisation active des pouvoirs publics et du secteur industriel, le pays est en bonne voie pour s’imposer comme un acteur clé de ce marché en pleine expansion. 

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