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  2025-04-03
 

L'eau prend le large

VOL. 17 / AVRIL 2025 par ALY DIOUF  ·   2025-04-03
Mots-clés: Sinohydro ; première « autoroute de l’eau » ; Sénégal

Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye (en boubou blanc), aux côtés des acteurs clés du secteur, à Dakar, au Sénégal, le 31 octobre 2024. (COURTOISIE)

Le Fonds souverain d’investissements stratégiques (FONSIS) du Sénégal a signé, le 31 octobre dernier, une convention de partenariat avec l’entreprise chinoise Sinohydro pour la construction de la toute première « autoroute de l’eau » du pays. Ce projet s’inscrit dans le cadre du Grand transfert d’eau (GTE), une initiative phare des nouvelles autorités sénégalaises visant à garantir un approvisionnement durable en eau potable et à soutenir le secteur agricole. 

Un chantier d’envergure

Sinohydro, filiale du groupe PowerChina, est chargée de la mise en œuvre du GTE. L’aqueduc prévu, d’une longueur de 250 km, reliera le lac de Guiers, situé dans le nord du pays, aux villes de Mbour, Dakar et Thiès, formant ainsi un triangle stratégique pour l’approvisionnement en eau. Sa livraison est prévue d’ici 2028.

L’entreprise chinoise a été retenue à l’issue d’un appel d’offres international rigoureux, où elle s’est distinguée par plusieurs atouts, dont notamment la prise en charge des études de faisabilité aux côtés du FONSIS et son expertise éprouvée en Afrique et à l’échelle mondiale.

Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye, a souligné que Sinohydro était la seule entreprise à répondre à l’ensemble des critères fixés par les autorités sénégalaises. Un point renforcé par le directeur général du FONSIS, Babacar Gning, qui met en avant la compétitivité de son offre de financement ainsi que son engagement à assurer une exécution rapide du projet tout en intégrant les travailleurs locaux.

Selon Abdou Niang, directeur général de la Société nationale des eaux du Sénégal (SONES), l’ouvrage permettra de transférer 165 000 m³ d’eau par jour vers le plateau de Thiès. En complément, des stations de pompage et des canalisations seront mises en place pour optimiser l’approvisionnement et exploiter des ressources souterraines supplémentaires, notamment les nappes de Ndièyène Sira et Thiénaba, susceptibles de fournir 15 000 m³ d’eau supplémentaires.

Le FONSIS, de son côté, est responsable de la mobilisation des financements, de la gestion des contrats d’ingénierie et de la garantie d’un accès équitable à l’eau pour tous. « Ce projet reflète l’ambition du Sénégal de sécuriser l’accès à l’eau potable pour les ménages, de renforcer le secteur agricole et d’assurer un approvisionnement pérenne », souligne M. Gning.

Alioune Ndiaye, conseiller technique au ministère des Finances et du Budget, insiste sur l’enjeu économique du GTE : « En mobilisant des capitaux nationaux et en impliquant le secteur privé sénégalais, nous réduisons notre dépendance à l’endettement public. »

Un acte de souveraineté

Implantée au Sénégal depuis 17 ans, Sinohydro mettra son expertise technique au service du projet. Ma Yuxin, vice-présidente de PowerChina International, assure que l’entreprise exploitera ses innovations pour répondre aux besoins en eau du Sénégal, dans le respect des exigences économiques, sociales et environnementales.

Le secrétaire d’État aux coopératives et à l’encadrement paysan, Alpha Bâ, voit dans ce projet un tournant stratégique pour l’agriculture sénégalaise. « Le GTE est un véritable acte de souveraineté : il permettra d’irriguer 40 000 hectares dans le bassin arachidier et d’appuyer l’agriculture irriguée tout au long de l’année. »

Au-delà du soutien aux agriculteurs et aux éleveurs, le projet vise à fournir, dans un premier temps, de l’eau potable à plus de 5 millions de personnes, avant d’atteindre 11 millions d’usagers d’ici 2050.

Un moteur de développement territorial

Le GTE constitue une solution à long terme pour sécuriser l’approvisionnement en eau des grandes villes et des zones agricoles. Outre son rôle fondamental dans l’accès à l’eau potable, il devrait permettre l’irrigation de plus de 12 000 hectares de terres agricoles, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire et au développement territorial.

Avant la signature du contrat, le Premier ministre Ousmane Sonko a présidé, le 27 août dernier, un conseil interministériel sur l’approvisionnement en eau potable. Plusieurs décisions ont été actées en faveur du GTE, notamment l’élaboration d’un nouveau Code de l’eau, conforme aux orientations de la « Vision Sénégal 2050 », qui devra être soumis au gouvernement d’ici décembre 2025. Le financement de la première phase du projet est estimé à 610 milliards de FCFA (1 milliard de dollars), tandis que les besoins globaux en eau nécessitent un investissement total de 1 627 milliards de FCFA (2,71 milliards de dollars).

Les autorités misent sur une desserte généralisée en eau potable, non seulement pour les localités riveraines du lac de Guiers, mais aussi pour toutes les zones traversées par les canalisations du GTE. D’autres projets de transfert d’eau depuis des zones de captage vers les grandes villes sont également à l’étude.

Reportage du Sénégal

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