2025-05-06 |
Le fil d'or des échanges |
VOL. 17 / MAI 2025 par LI YIN · 2025-05-06 |
Mots-clés: Hunan ; EECSA |
Changsha, pionnière des échanges économiques et commerciaux sino-africains.
Des ouvriers règlent un tunnelier destiné à la Zambie dans un parc industriel de Changsha, dans la province du Hunan, le 18 décembre 2024. (XINHUA)
De la découverte de 50 000 pièces céramiques des fours de Changsha dans l’épave de Belitung, naufragé sous la dynastie des Tang (618-907), aux vols cargo hebdomadaires reliant aujourd’hui la ville à l’Afrique, les échanges commerciaux entre Changsha, chef-lieu de la province du Hunan, et le continent africain s’inscrivent dans une histoire millénaire. Portée par un esprit d’innovation et d’ouverture, cette ville au riche passé culturel et historique joue un rôle de plus en plus central dans la coopération économique et commerciale sino-africaine.
L’histoire elle-même atteste de cette amitié traditionnelle. Il y a plus de mille ans, les céramiques de Changsha voguaient déjà vers l’Afrique sur la Route maritime de la soie. En 1982, Changsha a scellé un jumelage avec Brazzaville, capitale de la République du Congo, devenant l’une des premières villes chinoises à initier une diplomatie urbaine avec le continent. Aujourd’hui, en tant qu’hôte permanent de l’Exposition économique et commerciale sino-africaine (EECSA) et épicentre de la Zone pilote pour une coopération économique et commerciale approfondie sino-africaine, Changsha renforce sans cesse ses liens économiques avec l’Afrique.
Une approche innovante
Ces dernières années, les échanges commerciaux entre Changsha et le continent africain ont connu une croissance fulgurante, couvrant désormais la quasi-totalité des pays et régions d’Afrique. Selon les données des douanes de Changsha, au premier trimestre 2025, ces échanges ont atteint 12,48 milliards de yuans (1,71 milliard de dollars).
Ces résultats remarquables reposent sur des mécanismes innovants. L’un d’eux est un système d’évaluation préalable pour les denrées alimentaires africaines destinées au marché chinois, mis au point par les douanes de Changsha et validé par l’Administration générale des douanes en mars dernier. Pensé pour accompagner des plateformes nationales telles que la Zone pilote, ce dispositif anticipe l’analyse des risques pour les produits encore non autorisés à l’importation. Il propose aux autorités des procédures simplifiées, accélérant les approbations et ouvrant un véritable « canal vert » pour les exportations agricoles africaines.
Reposant sur une base de données complète intégrant normes sanitaires, outils d’évaluation et historiques de risques, ce système constitue un appui technique solide. Il permet d’améliorer à la fois la qualité et la rapidité des évaluations, facilitant ainsi l’accès des produits africains au marché chinois. Les douanes de Changsha ont exprimé leur volonté de continuer à soutenir les entreprises de la Zone franche du Hunan dans leurs besoins d’importation, tout en favorisant le développement de chaînes industrielles autour de filières phares telles que le café, les noix ou la viande africaine.
Des visiteurs achètent des fruits au Parc de démonstration de l’innovation pour la promotion de la coopération économique et commerciale sino-africaine à Changsha, dans la province du Hunan, le 1er juillet 2023. (XINHUA)
Un marché accueillant
Le marché chinois s’ouvre progressivement aux produits agricoles africains, de plus en plus nombreux. Changsha s’affirme comme une porte d’entrée stratégique pour ces produits de qualité. Plusieurs spécialités ont ainsi rejoint le marché chinois grâce à elle : concombres de mer séchés du Kenya, agneau de Madagascar, vessies natatoires séchées d’Ouganda… La ville a aussi facilité la première réexportation de fleurs fraîches kényanes vers l’Ouzbékistan, élargissant la portée mondiale des produits africains via la Chine.
L’EECSA s’est déjà tenue avec succès à trois reprises, et son pavillon permanent incarne désormais la représentation des 53 pays africains. Grâce à des initiatives telles que le programme de marques de produits africains, l’exposition a permis à de nombreuses denrées agricoles emblématiques de franchir les portes du marché chinois.
Lors du Sommet 2024 du Forum sur la Coopération sino-africaine, la Chine a signé plusieurs accords pour l’entrée de produits agricoles africains sur son marché, dont les avocats frais du Zimbabwe, le soja de Zambie ainsi que le bœuf et l’agneau de Namibie. Ces produits s’invitent de plus en plus dans les supermarchés chinois, enrichissant l’offre et renforçant les échanges bilatéraux.
Par ailleurs, la Chine a annoncé l’exonération totale des droits de douane sur les importations en provenance des pays les moins avancés entretenant des relations diplomatiques avec elle, dont 33 pays africains. Cette politique généreuse donne un nouvel élan au commerce sino-africain.
Li Guoxiang, chercheur à l’Académie chinoise des sciences sociales, souligne que les échanges agricoles sino-africains vont au-delà de la diversification alimentaire en Chine. Ils offrent de nouveaux débouchés aux agriculteurs africains, augmentant leurs revenus et créant des emplois. « C’est un modèle gagnant-gagnant : de la nourriture pour la Chine, de l’argent pour l’Afrique », résume-t-il.
Alors que les préparatifs de la quatrième EECSA battent leur plein, Changsha se tient prête à hisser sa coopération avec l’Afrique vers de nouveaux sommets. En levant les barrières commerciales et en élargissant les plateformes collaboratives, la ville insuffle un élan nouveau à la construction d’une communauté de destin sino-africaine.
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