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Opinion
  2016-08-10
 

Trouver un chemin vers la paix

par Zhang Zhongxiang | VOL. 8 août 2016
Mots-clés: Soudan du Sud; paix

Zhang Zhongxiang

Le Soudan du Sud, nation la plus jeune du monde, fait face à un défi de taille. Le 7 juillet, deux jours avant le 5e anniversaire de son indépendance, des troupes loyales au premier vice-président, Riek Machar, ont affronté les soldats du Président actuel, Salva Kiir, déclenchant un conflit qui a tué plus de 300 personnes en quatre jours. Pour Zhang Zhongxiang, directeur adjoint du Centre d'études africaines de l'Université normale de Shanghai, cette longue instabilité au Soudan du Sud trouve son origine dans des conflits internes et une intervention externe. Selon lui, la seule issue possible serait de mettre un terme à la guerre et de commencer à développer l'économie

Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan le 9 juillet 2011, mais celle-ci n'a pas mis un terme à son conflit interne. Fin 2013, les combats entre les troupes loyalistes et les factions rebelles ont éclaté dans un conflit tuant de nombreuses personnes et en poussant encore davantage à fuir, avant qu'un accord de paix provisoire soutenu par la communauté internationale ne soit signé en août 2015.

Au mois d'avril, le leader rebelle Riek Machar est finalement revenu à la capitale Juba et a repris son ancien poste de vice-président dans un nouveau gouvernement dirigé par le Président Salva Kiir. Le Soudan du Sud est cependant resté dans un état d'instabilité, avec des conflits qui se poursuivent et un accord de paix qui n'est pas mis en œuvre de manière effective. De nombreuses raisons font que la paix reste insaisissable en Soudan du Sud.

La méfiance mutuelle : même si les deux parties ont signé un accord de paix et que Machar est retourné à Juba, l'accord n'a pas de base solide, car les deux parties possèdent chacune leur propre armée et ne peuvent oublier leur vieille inimitié. Tout léger désaccord peut déclencher un nouveau conflit.

Le dernier est survenu le 7 juillet, lorsque des soldats loyaux à Machar ont tiré sur un point de contrôle occupé par les troupes de Kiir, faisant au moins cinq morts. Les combats se sont rapidement intensifiés, passant des armes de poing à de plus gros calibres et se poursuivant jusqu'à ce que Kiir et Machar demandent à leurs troupes de cesser le feu, dans la nuit du 10 juillet.

Les conflits tribaux : avec une population de 12 millions d'habitants, le Soudan du Sud est fortement diversifié, au niveau ethnique et linguistique. Du fait de la guerre civile qui s'éternise, l'utilisation des armes à feu a proliféré sans restriction et engendré une culture de la violence désormais prédominante. Le Président Kiir vient de l'ethnie des Dinka, le plus grand groupe ethnique du pays, tandis que Machar vient de l'ethnie des Nuer, le deuxième groupe du pays. Vivant principalement dans la région riche en pétrole au nord du Soudan du Sud, les Nuer aimeraient obtenir une plus grande part dans la distribution des richesses et du pouvoir national. C'est la raison de leur conflit avec les Dinka. L'opposition entre Kiir et Machar est essentiellement un conflit tribal.

Le retard économique : le Soudan du Sud est l'un des pays les plus pauvres au monde. Depuis son indépendance, des conflits tribaux sont survenus fréquemment et la reconstruction économique ne s'est pas retrouvée en priorité dans les agendas. L'industrie pétrolière – la principale source de revenus du pays – s'est arrêtée et les prix du pétrole se sont écroulés sur le marché international. Par ailleurs, de nouveaux conflits ont explosé et chaque tribu doit se battre avec d'autres pour des ressources limitées, si elle veut survivre.

L'intervention extérieure : au cours de la guerre civile de 2013-2015 au Soudan, afin d'avoir une base stratégique en Afrique du Nord-Est et d'obtenir un accès aux ressources pétrolifères du Soudan du Sud, les États-Unis – principal soutien externe au mouvement d'indépendance – a donné au Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS) une aide militaire importante. Sans celle-ci, le Soudan du Sud n'aurait pas pu obtenir son indépendance.

Après celle-ci, le pays a cependant rapidement souffert d'une guerre civile, ce qui montre que la division nord-sud n'a pas apporté la paix au Soudan du Sud. Tandis que la majeure partie de la communauté internationale espère voir la paix s'imposer au Soudan du Sud, il se peut que certains pays aient souhaité diviser le Soudan poursuivant leurs propres intérêts.

Le conflit à grande échelle s'est temporairement arrêté au Soudan du Sud, mais des conflits et des antagonismes majeurs continuent d'exister. C'est la raison pour laquelle, les perspectives de paix ne sont pas encourageantes. Comment le Soudan du Sud peut-il trouver un chemin vers la paix ?

Tout d'abord, la priorité doit être donnée à la réconciliation nationale. Celle-ci est critique. Il est généralement plus facile de partager les épreuves, que la victoire. Au cours du processus de lutte pour l'indépendance nationale, les Dinka et les Nuer ont combattu côte à côte et fini par gagner l'indépendance de leur pays.

Mais après l'indépendance, les deux factions du MPLS ont entamé une guerre civile, qui entraîna la mort de 300 000 personnes et en forcèrent 400 000 autres à fuir vers les pays voisins, comme le Kenya, le Soudan et l'Ouganda. Dans l'intérêt des Sud-Soudanais, les leaders tribaux du Soudan du Sud devraient arrêter de considérer uniquement l'expansion des intérêts de leur propre tribu. Ils devraient plutôt établir une communauté pluri-ethnique, afin de parvenir à la réconciliation nationale et à la paix civile.

Deuxièmement, les affaires africaines doivent être résolues par les Africains. Les questions sensibles en Afrique, et notamment le conflit au Soudan du Sud, doivent être résolues par les Africains eux-mêmes, plutôt que par l'intervention de pays extérieurs. Les organisations au niveau continental – comme l'Union africaine (UA) – et au niveau régional – comme l'Autorité intergouvernementale pour le développement (AIGD) – doivent pouvoir jouer leur rôle.

Dans les faits, l'UA et l'AIGD ont vraiment joué un rôle actif dans la résolution du conflit au Soudan du Sud, notamment avec la médiation de l'AIGD dans la signature au mois d'août de l'année dernière de l'accord de paix, soutenu par l'UA. Après le conflit du mois de juillet, les organisations régionales africaines et les États africains sont intervenus une fois de plus. L'AIGD a par exemple organisé une assemblée à Nairobi, au Kenya, pour discuter de la façon de gérer la situation.

Le même jour, le Président sud-africain, Jacob Zuma, a exprimé sa préoccupation face au conflit au Soudan du Sud et a appelé les dirigeants sud-soudanais à montrer leur autorité dans cette situation difficile. Le Président kényan, Uhuru Kenyatta, s'est entretenu avec Kiir sur le conflit et a appelé Kiir et Machar à stopper les hostilités. Kenyatta a également suggéré de retirer les armes lourdes et les forces armées des zones résidentielles de la capitale.

Troisièmement, la priorité doit être donnée au développement économique. La sécurité constitue la base du développement, tandis que le développement peut promouvoir la sécurité. Pour transformer la situation sécuritaire, le Soudan du Sud a besoin de développer son économie et d'améliorer les conditions de vie de sa population. La Chine a joué un rôle positif à cet égard.

Après le début du conflit au Soudan du Sud à la fin de l'année 2013, la Chine a pris part dans la médiation entre les parties en conflit. En 2014, elle a reçu une délégation du gouvernement du Soudan du Sud et une délégation de l'opposition, s'efforçant de promouvoir les pourparlers.

En janvier 2015, le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, a participé à la Consultation spéciale en soutien au processus de paix au Soudan du Sud, organisée par l'AIGD à Khartoum. Il a présenté quatre propositions sur la façon de promouvoir le processus de paix et d'accélérer la réconciliation politique. Se basant sur ces propositions, les participants sont parvenus à un important consensus en cinq points.

En avril 2015, la Chine a envoyé 700 soldats pour assister la mission de maintien de la paix des Nations unies au Soudan du Sud. Le représentant spécial aux Affaires africaines du gouvernement chinois, Zhong Jianhua, s'est rendu à plusieurs reprises dans la région pour servir de médiateur entre les deux parties. Il assista finalement à la signature, en août 2015, d'un accord de paix en Éthiopie.

La Chine est également impliquée dans le développement économique et social du Soudan du Sud. Elle a aidé à la construction d'hôpitaux, d'écoles et de puits, et fourni des équipements médicaux, des médicaments anti-paludiques et des fournitures d'urgences humanitaires. La Chine a également fourni du personnel pour former les Sud-Soudanais.

En 2014, le volume du commerce bilatéral entre la Chine et le Soudan du Sud a atteint les 4,4 milliards de dollars, enregistrant une augmentation annuelle de 73 %. Cependant, le conflit récent va vraisemblablement retarder la reconstruction du Soudan du Sud, alors que de nombreux pays ont commencé à évacuer leurs citoyens, de même que les entreprises leurs employés.

La paix et le développement continuent à être les piliers du monde. Pour des pays comme le Soudan du Sud, la résolution des conflits et la recherche de la paix et du développement constituent l'unique voie pour s'en sortir.

Zhang Zhongxiang, directeur adjoint du Centre d'études africaines de l'Université normale de Shanghai

 

Exclusif CHINAFRIQUE

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