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  2022-05-24
 

S'approprier la langue de l'autre

par Donatien Niyonzima VOL. 14 MAI 2022  ·   2022-05-24
Mots-clés: Rwanda ; kinyarwanda

L’enseignement du kinyarwanda : un catalyseur d’échanges culturels sino-africains. 

Patrice Ntawigira s’exprime durant la cérémonie d’ouverture du cours de kinyarwanda à la BFSU, le 8 octobre 2019. (COURTOISIE) 


L’Afrique est la demeure de plus de 2 000 langues, soit près d’un tiers des langues parlées dans le monde. L’Afrique du Sud compte à elle seule des dizaines de langues, le Tchad plus de 100 et le Nigeria plus de 500. Le kinyarwanda est l’une de ces langues, qui compte plus de 40 millions de locuteurs s’étendant sur un vaste territoire, allant du Rwanda au Burundi, en passant par certains pays voisins tels que l’Ouganda, la République démocratique du Congo et la Tanzanie. Plusieurs universités du monde l’ont intégré dans leurs programmes scolaires, dont l’Université Harvard, l’Université de l’Indiana, l’Université Stanford, l’Université des langues étrangères de Beijing (BFSU), pour ne nommer que celles-ci. 

  

L’enseignement de la langue africaine 

 

Le kinyarwanda a été introduit à la BFSU en 2019, devenant la deuxième langue d’Afrique de l’Est à être enseignée dans cette université après le swahili. Ye Yushi, également connue sous le nom de Murekatete, son surnom kinyarwandais, a été l’une des premières étudiantes chinoises à obtenir son diplôme en kinyarwanda à la BFSU. Elle en est très fière, surtout lorsqu’elle rencontre des Rwandais qu’elle peut saluer avec le terme Muraho en kinyarwanda, qui signifie « Bonjour ». Dans une interview avec CHINAFRIQUE, elle a exprimé son fort enthousiasme de pouvoir utiliser cette langue. Elle avoue qu’il est difficile pour quiconque d’apprendre le kinyarwanda ainsi que d’autres langues africaines, mais avec passion et de bons conseils, elle a pu le maîtriser à la perfection. 

 

À ses yeux, la langue est indéniablement liée à la culture. Sa passion pour les langues africaines a augmenté à mesure qu’elle lisait des œuvres littéraires étrangères, y compris celles d’Afrique. « Depuis mon enfance, je m’intéresse à la littérature et aux cultures étrangères, et je regardais beaucoup de films, quand j’étais lycéenne. J’ai découvert que l’apprentissage des langues étrangères pouvait me permettre de voir le monde sous un angle différent et c’est pourquoi j’ai choisi d’apprendre des langues étrangères, en particulier le kinyarwanda et le swahili à l’université », a-t-elle confié à CHINAFRIQUE. 

 

Elle est convaincue que la langue est le fondement de la culture. « Le progrès et le développement de la civilisation humaine ne peuvent reposer uniquement sur quelques langues couramment utilisées. L’Afrique est le berceau de la civilisation humaine. Par conséquent, l’apprentissage des langues africaines est d’une grande valeur pour comprendre le passé des êtres humains et leur avenir prometteur », a-t-elle ajouté. 

 

Ma Xiujie, docteur en philosophie linguistique à l’Université Rhodes en Afrique du Sud et professeure de zoulou à la BFSU, a abondé dans ce sens. Elle affirme que l’apprentissage des langues africaines contribue à la construction de la communauté de destin. « En apprenant une langue, une personne peut mieux comprendre une culture, ce qui amène à une meilleure compréhension mutuelle », a-t-elle expliqué. 

 

Un étudiant chinois à Beijing durant le cours de kinyarwanda. (COURTOISIE) 

  

Un pont direct entre les peuples 

 

Nelson Mandela a dit un jour : « Si vous parlez à un homme dans une langue qu’il comprend, cela lui monte à la tête. Si vous lui parlez dans sa langue, cela lui va à cœur. » Il est vrai que communiquer dans la langue maternelle de quelqu’un est un excellent moyen de montrer du respect et d’établir des liens de proximité. 

 

Patrice Ntawigira, professeur de kinyarwanda à la BFSU, a salué l’introduction du cours de kinyarwanda parmi d’autres langues étrangères enseignées à l’université, ajoutant que « le Rwanda regarde cette initiative avec un grand intérêt, car cela donne de l’importance au kinyarwanda, qui devient un pont direct entre les peuples. Il facilitera les relations commerciales et culturelles. Cela démontre la valeur que la Chine attache à la culture rwandaise et au peuple rwandais ». 

 

Mettant l’accent sur l’étroite coopération entre les deux pays à travers la langue, Virgile Rwanyagatare, deuxième conseiller à l’ambassade du Rwanda en Chine, a indiqué à CHINAFRIQUE que cette décision permettrait la multiplication des échanges entre les peuples rwandais et chinois à l’avenir. « (C’est) un excellent outil qui approfondira et renforcera notre coopération ainsi que nos échanges culturels », a-t-il ajouté. 

 

La valeur des compétences linguistiques 

 

Non seulement les jeunes Chinois s’intéressent aux langues d’Afrique, mais ils comprennent également que la maîtrise d’une langue a de nombreux autres avantages. « L’apprentissage d’une langue exige une motivation intérieure », a témoigné Ye Yushi. « Nous devons nous intéresser à l’Afrique, y compris sa nourriture, sa culture, son climat et ses habitants. Seuls les amoureux de l’Afrique peuvent apprendre une langue africaine. » 

 

M. Ntawigira salue l’arrivée des nouveaux étudiants chinois dans son programme. Pour lui, apprendre le kinyarwanda permet à ceux qui souhaitent visiter le Rwanda de découvrir plus facilement ses merveilles culturelles et artistiques. Bien que le pays ait connu plusieurs épisodes de violence qui ont culminé avec le génocide de 1994 contre les Tutsis, la nation a gardé ses valeurs traditionnelles, qui valent la peine d’être découvertes, selon le professeur. 

 

Sur le plan académique, pour les personnes intéressées par la recherche sur les cultures dominantes d’Afrique centrale, le Rwanda est sans aucun doute un cas unique dans les études sur les questions du génocide, de l’anthropologie, de la sociologie et de la linguistique africaine, qui peuvent être mieux comprises si l’on maîtrise le kinyarwanda, a souligné M. Ntawigira. 

 

ENCADRÉ

  

Quelques expressions courantes en kinyarwanda : 

 

Muraho, qui signifie « bonjour » 

Murabeho, qui veut dire « au revoir » 

Amakuru, une expression de salutation équivalant à « comment allez-vous » 

Ni meza, qui signifie « je vais bien » 

Yego, qui équivaut à « oui » 

Oya, qui porte le sens de « non » 

 

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