Il est très improbable à ce stade que l’Afrique atteigne l’objectif des Nations unies pour l’accès à de l’énergie bon marché, fiable et durable pour tous d’ici à 2030, la situation en Afrique sub-saharienne étant particulièrement difficile. D’après le rapport sur le Cadre de suivi mondial de la Banque mondiale publié lors de la conférence « Africa Energy Indaba » qui a eu lieu les 16 et 17 février dernier à Johannesburg, 680 millions de personnes qui vivent dans les 48 pays de l’Afrique sub-saharienne n’ont pas encore accès à l’électricité.
Une initiative concertée entre 2010 et 2012 pour remédier à ce problème aura permis à plus de 50 millions de personnes d’avoir accès au réseau du continent africain. Même si ce chiffre semble considérable, il a été rapidement minimisé par la croissance de la population. Il y a cependant des exceptions. L’Éthiopie, le Nigéria et l’Afrique du Sud ont affiché d’excellents taux d’accès pendant cette période alors que même si le Mali, le Rwanda et la République démocratique du Congo ont réussi à obtenir des résultats significatifs, le taux de croissance de l’électrification a été négatif.
Peu de choses ont changé depuis. En moyenne, 24 millions de personnes ont accès chaque année à l’électricité, mais pour se maintenir au même niveau que la croissance de la population, cette moyenne devrait être de 60 millions. Ce n’est pas impossible. Selon le rapport, en Asie du Sud, l’électrification a progressé quatre fois plus vite que la croissance de la population, mais cela porte tout de même à 3 milliards le nombre de personnes qui n’ont pas accès à l’électricité, principalement en Afrique et en Asie. Il ne faut donc pas s’étonner si la consommation d’électricité par personne en Afrique sub-saharienne décroît. Elle atteint actuellement 124 kWh par an, soit moins de 1 % de la consommation de certains pays à fort revenu ou plus développés.
Les coupures d’électricité qui peuvent durer des heures sont maintenant courantes et génèrent des coûts substantiels aux économies locales, qui peuvent atteindre jusqu’à 2 % du PIB dans certaines entités administratives, toujours selon ce rapport. Si l’intensité énergétique est forte sur le continent, 70 % de la consommation provient en grande partie de la biomasse traditionnelle, comme la combustion du bois, les parcs à ferraille et les déchets solides municipaux. Cela explique dans une certaine mesure pourquoi le continent a besoin de deux fois plus d’énergie que l’Europe pour un dollar de PIB. On peut aussi se demander pourquoi les deux tiers de la population n’ont pas accès à l’électricité sur un continent considéré comme étant le mieux doté en énergies renouvelables dans le monde. Ceci dit, les incursions récentes dans les énergies renouvelables (l’hydroélectrique, le géothermique, le solaire et l’éolien), soit 9 % de la production énergétique en Afrique, placent le continent en bien meilleure position que l’Asie.
Si la tendance actuelle prévaut, moins de la moitié des pays africains fourniront un accès universel à l’électricité d’ici à 2050. Les objectifs des Nations unies pour 2030 seront donc restés lettre morte. Si le continent voulait tenter de rattraper son retard, le rapport estime qu’il en coûterait entre 50 et 80 milliards de dollars par an, et sur cette somme, 782,2 millions de dollars devront être affectés à l’efficacité énergétique. La Banque mondiale appelle donc le secteur privé et les investisseurs internationaux à réfléchir aux opportunités que les carences en électricité peuvent présenter.
(Reportage d’Afrique du Sud)