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Afrique
  2016-05-03
 

Une révolution verte en Afrique

par Busani Bafana | VOL.8 MAI 2016 CHINAFRIQUE
Mots-clés: industrialisation verte ;Afrique

 
Olkaria IV, centrale électrique géothermique, au Kenya

 

Le 22 avril, les dirigeants mondiaux se sont réunis à New York pour signer l’essentiel accord sur la lutte unifiée contre le changement climatique qu’ils ont conclu à Paris en décembre 2015. La cérémonie de signature a initié la mise en œuvre globale d’un plan à long terme : parvenir à zéro émissions de carbone. Avant cet accord, qui avait été conclu lors de la 21e session de la conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique à Paris, 53 pays africains s’étaient engagés à prendre des mesures pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, avec notamment un usage plus poussé des énergies renouvelables.  

La croissance économique africaine est stimulée par le boom des matières premières minérales et l’intérêt croissant des investisseurs, mais le continent reste dépendant des énergies fossiles pour son industrialisation. Par ailleurs, 620 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité et la plupart utilisent du bois ou du charbon de bois pour se procurer de l’énergie, entraînant aussi de la pollution. L’Accord de Paris va créer une dynamique pour que l’Afrique se tourne vers le développement durable en tirant parti de ses ressources abondantes en énergies propres comme l’éolien et le solaire. « L’Accord de Paris a mis l’Afrique sur les rails de la révolution des énergies renouvelables pour conduire son processus d’industrialisation tardif de façon propre au cours des prochaines années », explique Linus Mofor, expert en questions d’énergie et de changement climatique au Centre pour les mesures sur le climat en Afrique, relevant de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, basée en Éthiopie.  

Certains pays africains ont déjà effectué des progrès dans l’exploitation des énergies plus propres pour le développement. L’Afrique du Sud a investi plus de 6 milliards de dollars pour générer une capacité de production de plus de 6 gigawatts d’énergie renouvelable avec son Programme d’approvisionnement des producteurs d’électricité indépendants en énergie renouvelable. L’Éthiopie développe des fermes éoliennes et le pays a déjà mobilisé des ressources intérieures pour le Barrage de la Grande renaissance, un projet de 4,8 milliards de dollars qui devrait générer 6 000 mégawatts d’électricité à la fin des travaux l’an prochain. Le Kenya a investi dans le développement de l’électricité géothermique pour devenir un leader mondial dans ce secteur. Le pays a aussi donné une impulsion à l’énergie éolienne, avec le Projet éolien du lac Turkana qui produira plus de 300 mégawatts d’électricité. Entre 2010 et 2014, le Cap Vert a accru sa capacité de production d’énergie renouvelable de 200 % pour la faire passer à 33 mégawatts, surtout avec l’éolien et le solaire, leur proportion atteignant 34 % du mix énergétique national en 2014. 

M. Mofor a fait savoir à CHINAFRIQUE que la baisse du coût des technologies énergétiques à faible intensité carbone les avait rendues plus concurrentielles face aux technologies traditionnelles. La transition vers les énergies vertes engendrera aussi des emplois, la sécurité alimentaire et l’efficacité énergétique ; elle accroîtra la compétitivité globale, l’intégration régionale et le commerce. « Il ne s’agit donc pas de faire un choix douloureux entre les sources d’énergies sales et propres ; il s’agit de faire des choix à la fois bons et judicieux pour les systèmes énergétiques de l’Afrique, a-t-il fait savoir. Ce n’est donc pas considéré comme un défi, mais comme une opportunité pour un agenda de développement à la fois nouveau et inclusif. » 

Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies, avait écrit en avant-propos du rapport annuel 2015 du Africa Progress Panel – une organisation non gouvernementale de premier plan qu’il dirige – que l’« Afrique pourra profiter du développement des énergies à faible intensité carbone, et le monde pourra profiter du fait que l’Afrique évite de suivre la voie des énergies à forte intensité carbone suivie par les pays aujourd’hui riches et émergents ».  

L’industrialisation verte en Afrique nécessite cependant des investissements considérables du secteur public comme du secteur privé et pour cela, les pays développés doivent les aider en termes financiers, de transferts de technologie et de développement de la capacité de production.  

  

Des leçons de la Chine  

L’Afrique peut-elle apprendre des progrès de la Chine vers une économie à faible intensité carbone ? La Chine, premier partenaire commercial de l’Afrique, vient de dévoiler son XIIIe Plan quinquennal (2016-2020) qui vise à passer des industries fortement polluantes à des industries qui utilisent les nouvelles énergies dans le but de réduire de 18 % l’intensité carbone par rapport aux niveaux observés en 2015. La Chine, seconde économie mondiale, a connu une croissance économique exponentielle ces dix dernières années, avec une consommation énergétique correspondante qui a engendré des défis environnementaux et sociaux. En 2008, la Chine a été le premier pays émetteur de gaz à effet de serre dans le monde et le pays fait face à des pressions globales pour mener à bien des mesures de changement radical en termes environnementaux.   

Le XIIIe Plan quinquennal met en avant le développement durable et l’économie à faible émission de carbone avec des objectifs et des mesures visant à répondre aux défis en matière de développement durable, a fait savoir Song Ranping, directeur pour l’Action climatique dans les pays en développement pour le Programme global pour le climat à l’Institut des ressources mondiales, une organisation de recherche. Ces défis sont notamment le changement climatique, la pollution, l’urbanisation et les transports. « C’est un pas significatif [pour la Chine] pour parvenir à remplir ses engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris et de sa transformation à long terme, explique-t-il. Chaque pays est différent. Il va sans dire que l’Afrique ne peut pas simplement copier l’expérience chinoise. » 

M. Mofor pense de son côté que « l’exemple de la Chine montre très bien que le passage vers la voie de l’industrialisation à faible intensité carbone est ce qu’il y a de plus judicieux : cela crée des emplois, fournit davantage d’opportunités pour l’inclusion, accroît la productivité et la compétitivité globale ». Il estime que la transformation structurelle que promeut la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique telle qu’elle est définie dans l’Agenda 2063 – le plan d’action de l’Union africaine pour une Afrique prospère et unique – va permettre à l’Afrique de s’industrialiser et d’utiliser ses ressources limitées de manière efficace. « La croissance économique de l’Afrique a jusqu’à ce jour été essentiellement centrée sur les exportations de matières premières sur les marchés internationaux avec des facteurs complexes en termes d’offre et de demande, sur lesquels les pays africains n’avaient que peu de contrôle. » 

Si l’Afrique ne contribue qu’à hauteur de moins de 4 % aux émissions de gaz à effet de serre dans le monde, le continent souffre paradoxalement le plus des effets négatifs du changement climatique. 

  

(Reportage du Zimbabwe) 

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