中文 ANGLAIS Beijing Information
Afrique
  2016-03-10
 

Une énergie régionale

par Fiona Forde | VOL.8 MARS 2016 CHINAFRIQUE
Mots-clés: énergie; Afrique

 

 
 Wolsey Barnard, directeur général adjoint des programmes et projets énergétiques du département sudafricain de l’Énergie

Les 16 et 17 février, l’ambiance n’est pas à la fête lors de l’exposition annuelle sur l’énergie, « Africa Energy Indaba ». Et pour cause, le prix du brut est au plus bas quand se retrouvent près de 700 représentants du secteur de l’énergie à Johannesburg pour évoquer les opportunités et les défis du secteur en Afrique. Indaba est un mot indigène sud-africain signifiant « importante conférence », et elle l’est puisque les progrès en matière d’énergie demeurent très inégaux sur ce continent qui en manque cruellement. Pour bon nombre d’observateurs, les infrastructures en cours de construction sont inadaptées aux besoins énergétiques en Afrique.  

Pourtant, les investisseurs manquent d’enthousiasme face à cette opportunité. « Il y a une réticence et une hésitation que je n’ai jamais vu auparavant », constatait David Wright, secrétaire général de l’Association nationale de l’énergie en Afrique du Sud. « La croissance africaine est au ralenti, l’économie mondiale est incertaine et le secteur de l’énergie encore plus. Cette année, on ressent l’impact de tout cela. » Dans ce contexte, des enjeux essentiels ont été abordés pour réduire l’écart entre l’offre et la demande, l’intégration régionale en premier lieu. 

 

Des dirigeants visionnaires 

À Johannesburg, la nouvelle ministre zambienne de l’Énergie et du Développement des eaux, Dora Siliya, s’est attardée sur l’exemple du réseau d’interconnexion électrique de Zizabona, un projet censé faciliter le commerce de l’énergie et le partage entre la Zambie, le Zimbabwe, le Botswana et la Namibie, ainsi qu’aider au décongestionnement du réseau actuel. Le projet s’élevant à plusieurs millions de dollars, la ministre a sollicité l’aide des géants du secteur pour mener à bien cette initiative. Selon elle, ce réseau a le potentiel de générer de nouvelles capacités dans les années à venir. « Sans un point de vue régional, il est impossible d’aller très loin », assure Mme Siliya.   

Le Dr Wolsey Otto Barnard, directeur général adjoint des programmes et projets énergétiques du département sud-africain de l’Énergie, est du même avis : « Nous devrions planifier l’avenir de notre électricité en nous basant sur la région, pas sur l’Afrique du Sud. » L’idée n’est pas nouvelle.  

Dans les années 1990, la compagnie sud-africaine Eskom voulait déjà établir un réseau régional, ce qui a mené à la création de la Southern African Power Pool, en 1995. S’il est vrai que son succès a été inégal, « ce réseau a été lancé par des dirigeants visionnaires », affirme l’homme d’affaires sud-africain Reuel Khoza, ancien président d’Eskom et actuel président de Globeleq. « C’est ce que les investisseurs recherchent sur le continent aujourd’hui. Cela et un cadre réglementaire pour permettre les accords d’achat d’électricité. » 

Pourtant, l’un des plus grands projets régionaux de pipeline, un plan d’approvisionnement nucléaire annoncé il y a quelques années par le gouvernement sud-africain de l’ANC (Congrès national africain), semble défier l’intégration régionale. Au cours des 20 prochaines années, l’Afrique du Sud devrait produire 9 600 mégawatts grâce à ce projet d’énergie nucléaire évalué à plus de 64,9 milliards de dollars. Si l’énergie nucléaire, par sa nature, est prévue pour de grands réseaux, comme le sud-africain, d’autres pays de la région n’ont simplement pas assez de demande pour justifier un tel projet. Selon le Dr Yves Guenon, directeur général d’Areva en Afrique du Sud (multinationale française de l’énergie), il n’est pas nécessaire de construire des centrales nucléaires dans toute la région pour mener à bien l’intégration régionale. Celui-ci suggère que les pays voisins investissent dans ce couteux projet en échange d’un approvisionnement d’électricité garanti. Mais une approche régionale, comme celle proposée par M. Guenon, ne fait pas partie du projet. Le ministère des Finances sud-africain continue d’estimer les coûts alors que de possibles investisseurs courtisent le gouvernement de Jacob Zuma. 

 

Enchères sur l’énergie nucléaire 

Il y a deux ans, le bruit court que la Russie est le candidat préféré du gouvernement sud-africain. Malgré le démenti des autorités, cette rumeur persiste. Lors de l’indaba, Viktor Polikarpov, vice-président pour la région Afrique sub-saharienne de la compagnie d’État russe d’énergie atomique, Rosatom, affirme que son équipe a les capacités nécessaires pour obtenir le contrat tant convoité. Celui-ci a toutefois conscience que ses deux principaux concurrents, la France et la Chine, présenteront d’importantes offres au gouvernement de Jacob Zuma.  

En attendant, M. Guenon rappelle que les concurrents vont continuer leur lobbying auprès du gouvernement et leurs interventions dans des conférences et réunions sur l’énergie, « pour montrer que nous croyons encore avoir une chance ». M. Polikarpov assure que l’absence de la Chine à l’indaba ne doit pas être interprétée comme un retrait du processus d’appel d’offres. Cette année, la Chine était très peu présente à l’indaba, aucun intervenant ou représentant ne s’est rendu à la réunion. L’absence chinoise a également été remarquée dans le hall d’expositions. M. Wright explique cette absence par le ralentissement de l’économie chinoise, bien que la Chine continue d’être un partenaire essentiel dans les projets d’infrastructures et d’énergie en Afrique. 

 

Énergies renouvelables 

Le prix du pétrole lors de l’indaba confirmait l’importance des énergies renouvelables, perçues comme une extraordinaire opportunité. Les débats sur les gaz naturels et non conventionnels ont également suscité un grand intérêt. Conclusion commune de ces discussions : le secteur africain de l’énergie n’avancera pas en se concentrant sur une seule source d’énergie. « Nous n’allons pas résoudre les problèmes de l’Éthiopie en nous focalisant sur de grands projets hydrauliques », affirme Arthur Hanna, directeur général de la stratégie énergétique pour Accenture. « Nous devons travailler pour intégrer des solutions renouvelables et hors-réseau. Les ambitions sont grandes, les solutions doivent donc être plus variées. » 

« Résistance », était le mot phare à l’indaba 2016. Un concept relativement nouveau dans le secteur de l’énergie. Ce mot vient d’un message du Conseil mondial de l’énergie dans lequel il était conseillé de poursuivre ses objectifs avec ténacité plutôt que d’avoir de grands objectifs, pour créer des alternatives dans la conception des processus énergétiques. Il s’agit d’être capable de résister aux effets de la sécheresse, surmonter les défis posés par la chaîne eau-nourriture-énergie – combinant l’utilisation d’eau et d’énergie et la production alimentaire – ou faire face à des défis plus inattendus comme l’angoissant prix du pétrole. Et selon M. Wright, le concept « a du succès ».   

« En prenant tout cela en compte, ce que nous demandons, dans le secteur privé, sont les éléments catalyseurs pour développer l’énergie dans le continent », explique Reuel Khoza de Globeleq. « Nous vivons une période difficile et les investisseurs sont silencieux mais toujours présents. Ils ont simplement besoin de plus de garanties qu’auparavant. »

(Reportage d’Afrique du Sud) 

Imprimer
Liens: french.china.org.cn   |   LA CHINE AU PRÉSENT   |   La Chine Pictorial   |   Xinhuanet   |   Le Quotidien du Peuple   |   CCTVfr
Radio Chine Internationale   |   Réseau sur la coopération sino-africaine
24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine
Copyright CHINAFRIQUE tous droits réservés 京ICP备08005356号
PARTAGER
Facebook
Twitter
Weibo