Dans cette rubrique, l’Union africaine abordera des questions essentielles pour le continent africain.  

Depuis les attentats terroristes de Paris en novembre 2015, de nombreuses attaques de ce type se sont reproduites dans le monde. La sécurité devient donc une priorité partout, et l’Afrique ne fait pas exception. 

Le terrorisme continue d’être l’une des menaces les plus graves à la paix et à la sécurité dans le monde et l’Afrique n’a pas été épargnée par ce fléau. Au cours des dix dernières années, la menace terroriste en Afrique s’est accrue dans de fortes proportions. Les groupes terroristes ont non seulement occupé et administré des territoires et soumis des populations à des règles barbares, mais ils ont aussi montré leur capacité à déstabiliser des pays, voire des régions entières.   

Le terrorisme en Afrique se propage à une vitesse exponentielle avec l’effet conjugué de la venue de combattants étrangers et de l’escalade des attaques terroristes d’al-Qaïda et des groupes affiliés à l’organisation État islamique. La forte relation qui existe d’un côté entre le terrorisme et les violences extrémistes, et de l’autre le crime organisé transnational – notamment le trafic de drogues et de personnes, le blanchiment d’argent, le trafic d’armes et le mercenariat – a rendu la situation encore plus complexe et menace sérieusement la paix, la sécurité, la stabilité et le développement de l’Afrique. Les considérables ressources tirées des activités diverses criminelles des terroristes ont renforcé leur capacité à se fournir en armements et munitions sophistiqués, à recruter de nouveaux membres et à accroître leurs réseaux de soutien et leurs zones d’opérations. La menace terroriste en Afrique est générée par de nombreux facteurs comme la violence extrémiste, le crime organisé transnational, les enlèvements avec demande de rançon, la prolifération des armes et les conséquences des soulèvements en Afrique du Nord.  

L’Union africaine (UA) déploie des efforts de longue date pour prévenir et lutter contre le terrorisme sous l’égide du Cadre de lutte contre le terrorisme de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). On peut citer parmi les mécanismes la Convention pour la prévention et la lutte contre le terrorisme de l’OUA de 1999, le Plan d’action 2002 et le protocole de la convention de l’OUA en 2004, auxquels il faut ajouter d’autres instruments, comme notamment l’établissement du Centre africain sur les études et la recherche sur le terrorisme.   

L’UA a centré ses efforts sur l’accroissement de ses moyens, l’amélioration du cadre juridique de la lutte antiterroriste, la promotion d’une meilleure interaction institutionnelle et d’une coordination aussi bien régionale que nationale, tout en développant un système d’alerte précoce. Le partage des informations cruciales en temps réel est un autre problème majeur. Ainsi, pour assurer le suivi des instruments déjà mis en place et des décisions en vigueur en Afrique, l’UA a pris d’autres initiatives. Parmi elles, on trouve l’interdiction du paiement de rançons aux groupes terroristes, la promulgation d’une loi type africaine de lutte antiterroriste, la nomination d’un représentant spécial dans la lutte contre le terrorisme, la collaboration entre les parties prenantes, l’organisation de missions d’évaluation, le développement d’un mandat d’arrêt africain et l’établissement d’une sous-commission sur la lutte contre le terrorisme du Conseil de paix et de sécurité de l’UA.  

De plus, la Commission de l’UA a lancé des initiatives répondant à des menaces spécifiques dans certaines régions, comme la Mission de l’UA de l’Unité de fusion et de liaison dirigée par la Somalie, le Processus de Nouakchott (un cadre de coopération régionale en 2013), le Processus de Djibouti, ainsi que l’initiative de coopération régionale sous l’égide de l’UA pour l’élimination de l’Armée de résistance du Seigneur, qui opère en Ouganda, au Soudan du Sud, en République centrafricaine et en République démocratique du Congo. L’objectif est de faciliter le regroupement des efforts et des ressources pour permettre aux pays concernés de répondre aux défis communs de manière plus efficace.  

L’UA a continuellement fait preuve d’innovation et de créativité dans ses approches vu les différents défis auxquels elle fait face et la multiplicité des menaces qui pèsent sur le continent. Dans sa lutte contre le terrorisme, l’organisation a montré la voie depuis les années 1990 en soulignant le besoin de respecter les droits de la personne et l’État de droit tout en luttant contre le terrorisme et en encourageant la mise en place d’un processus légal international, la souveraineté des États et l’intégrité territoriale. Combiné à l’importance du rôle des communautés et des mécanismes économiques régionaux dans la mise en œuvre de l’agenda de paix et de sécurité de l’UA, toutes ces initiatives se reflètent et sont soulignées dans l’Architecture de paix et de sécurité africaine, un cadre d’action de paix et de sécurité.   

La menace terroriste est globale et requiert une action internationale concertée pour la surmonter. Le continent africain doit pleinement jouer son rôle.  

(Il s’agit de la première contribution mensuelle de l’UA. Les idées et opinions exprimées sont celles de l’UA.)