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Afrique
  2017-07-10
 

Le numérique en Afrique : un secteur d'avenir

VOL.9 JUILLET 2017
Mots-clés: numérique; Afrique
 

À la fin de 2015, l'Afrique comptait 557 millions d'utilisateurs mobiles, soit 46 % de la population totale du continent, ce qui en fait le second plus grand marché mobile au monde. D'ici 2020, ce chiffre atteindra 725 millions. De fait, au regard de ce boom colossal, de plus en plus d'entrepreneurs africains ont choisi de se lancer dans le secteur du numérique.

Pour tenter de comprendre le phénomène, CHINAFRIQUE s'est entretenu avec Yang Jinguang, formateur à la Meltwater Entrepreneurial School of Technology (MEST) au Ghana, qui fournit formation, fonds et mentorat aux jeunes entrepreneurs en technologie.

CHINAFRIQUE : Quel est le contexte africain pour l'entreprenariat ?

Yang Jinguang : Il y a 54 pays et plus d'un milliard d'habitants sur le continent. La diversité des situations est relativement importante et de nombreux défis restent à relever. Mais la population est jeune, et le taux de croissance démographique annuelle est de 2,5 %. Fin 2015, 46 % des Africains possédaient un téléphone portable, dont un tiers en Égypte, au Nigéria et en Afrique du Sud. De fait, 90 % des entreprises proposent aujourd'hui leurs services sur plate-forme mobile. Ces dernières années, cette tendance est de plus en plus évidente, et il y a plus de 900 accélérateurs et incubateurs qui se sont spécialisés sur la question en Afrique.

En Afrique de l'Ouest, du point de vue technologique, le Nigéria et le Ghana sont des pays forts. Les universités attachent une grande importance à l'enseignement des nouvelles technologies et il existe des organismes locaux qui forment les étudiants au numérique. Des entreprises web américaines et des experts étrangers se déplacent souvent dans cette partie du continent, impulsant également une dynamique positive. Actuellement, créer son entreprise est une tendance populaire, et beaucoup de jeunes ont décidé de se lancer dans la programmation ou le numérique. Dans ce mouvement, j'aimerais également mentionner la place de ces femmes entrepreneurs, qui doivent souvent se battre contre de nombreux préjugés. J'espère que l'on pourra leur apporter plus de soutien.

Concrètement, quel aspect du numérique est le plus populaire pour les entrepreneurs ? Et quels en sont les défis ?

Ce sont le paiement mobile et les services de microcrédit qui attirent le plus grand nombre de nouveaux entrepreneurs, et qui capitalise aussi le plus d'investissements, avec 30 millions de dollars en 2016 pour toute l'Afrique. Mais aujourd'hui, le plus grand défi tient dans un encadrement strict de ces activités par les gouvernements, qui doivent superviser les entreprises de paiement, s'assurer de leurs qualifications professionnelles, encadrer les flux de capitaux, délivrer des agréments, etc. L'autre défi réside dans le coût élevé des transactions financières. En effet, les virements entre les banques et les entreprises privées coûtent cher. Mais malgré tous cela, le besoin en numérique reste très élevé, notamment en ce qui concerne les transactions financières en ligne, car il reste encore difficile pour les PME d'emprunter de l'argent à la banque, en raison des taux d'intérêt très élevés.

Le numérique africain peut-il s'appliquer à d'autres domaines ?

Oui. Je pense notamment à l'e-commerce. Un bon exemple de cela est Jumia, la plus grande plate-forme e-commerce du Nigéria, dont le réseau s'étend sur presque tous les pays africains. Le plus gros défi reste toutefois la logistique. Dans l'Afrique subsaharienne, y compris le Nigéria et le Ghana, il n'y pas de système de service postal, et il est parfois difficile de trouver le lieu de résidence selon l'adresse. Et puis, le pouvoir d'achat est encore faible. Nous espérons un déclic pour que le secteur puisse réellement décoller et il se peut que l'initiative des « Nouvelles Routes de la soie » accélère ce processus, par la construction d'infrastructures, comme les routes, les télécommunications et internet. Par ailleurs, dans le domaine de l'agriculture, qui est le secteur le plus important en Afrique, le numérique a un grand potentiel. Une équipe de notre incubateur est en train de créer une entreprise destinée à offrir aux agriculteurs locaux une plate-forme de location de tracteurs. Les agriculteurs pourront chercher des tracteurs disponibles autour d'eux grâce à ce logiciel.

Et dans d'autres domaines ?

Un secteur plutôt original où le numérique s'applique est l'Église. De fait, une église représente une communauté qui rassemble les ressources humaines, matérielles et financières d'une région donnée. Fournir des services à ces communautés constitue donc une grande opportunité pour les entrepreneurs. Dans notre incubateur, une entreprise vise à offrir au personnel ecclésiastique un soutien dans la collecte de fonds et les tâches administratives. Cette entreprise se développe d'ailleurs très bien, et parvient à attirer de nombreux investisseurs. Un autre domaine à fort potentiel est évidemment celui de la publicité. Quasiment tous les jeunes africains disposent de téléphones mobiles avec un accès internet : insérer des publicités dans des contenus mobiles est donc une opportunité de marché très intéressante.

Justement, comment la Chine apporte-t-elle son soutien au regard de toutes ces spécificités ?

Par rapport à beaucoup de grandes entreprises américaines et européennes qui offrent régulièrement des soutiens technologiques aux nouvelles entreprises africaines d'internet, le gouvernement chinois se concentre plutôt sur la construction d'infrastructures, les projets concernant l'énergie, etc. Mais de plus en plus de sociétés chinoises, comme Huawei et ZET, deux grands groupes de télécommunication chinois présents en Afrique, ont commencé à fournir un appui technologique aux nouvelles entreprises locales, et à former de jeunes Africains aux métiers des nouvelles technologies.

En plus des « Nouvelles Routes de la soie », qui doit globalement améliorer le système d'infrastructures en Afrique, nous espérons que la Chine pourra encore contribuer davantage. Actuellement, plus de 50 000 jeunes africains étudient en Chine et observent comment nos start-ups fonctionnent, notamment dans la pratique du paiement mobile. S'ils rapportent ce qu'ils ont appris en Afrique, ils constitueront un vivier d'excellentes ressources humaines dans le domaine.

Pour vos commentaires : glj@chinafrica.cn

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