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  2019-02-17
 

Du riz pour le Burundi

par Li Jing  ·   2019-02-17
Mots-clés: Luo Shide; coopération agricole; Burundi; Chine
Luo Shide (gauche) montre aux techniciens locaux l’une des techniques pour cultiver le riz, le 21 mai 2018.

Le 12 mai 2008, un séisme de magnitude 8,0 a frappé Wenchuan, dans la province chinoise du Sichuan, faisant plusieurs victimes et détruisant de nombreuses villes.

Au moment du séisme, Luo Shide, un expert chinois des sols et des engrais, travaillait au Bureau de l'agriculture du district de Beichuan, l'une des régions les plus touchées par la catastrophe. Survivre à ce séisme et participer à la reconstruction a été pour lui une expérience transformatrice.

« J'ai été témoin des grands changements survenus à Beichuan et je suis reconnaissant au gouvernement chinois et aux citoyens de mon pays pour leur soutien. C'est ainsi que j'ai décidé, moi aussi, de faire de mon mieux pour aider les personnes dans le besoin », explique M. Luo à CHINAFRIQUE.

En septembre 2014, Luo Shide, 52 ans, tient sa promesse : il s'inscrit pour participer aux projets de coopération en Afrique du ministère chinois de l'Agriculture et des Affaires rurales. Après une série de sélections, M. Luo réalise enfin son souhait et devient membre du troisième groupe d'experts agricoles envoyé au Burundi.

Identifier les problèmes

Selon M. Luo, sa tâche primordiale était de bien comprendre les conditions de culture au Burundi, notamment l'état des sols et des engrais. Ce faisant, il prend conscience de la nécessité d'augmenter la capacité de production de riz pour promouvoir le développement agricole et hausser les revenus des agriculteurs.

Grâce à son climat tropical, le Burundi est un pays ensoleillé avec d'abondantes ressources en eau et une température moyenne stable. Le climat ici est donc très propice à la riziculture. Or, le rendement moyen est faible : environ 250 kg par mu (environ 0,067 hectare). Après des recherches, M. Luo constate que la qualité médiocre des semences est la cause principale de ce faible rendement. « En raison du système imparfait de sélection des semences au Burundi, les agriculteurs utilisent souvent leurs propres semences, dont la pureté n'est pas très élevée. Cela conduit à toutes sortes de problèmes, dont des tiges fragiles, une faible résistance aux maladies et un mauvais rendement », explique-t-il.

Par ailleurs, l'utilisation d'engrais est insuffisante, la plupart des agriculteurs n'en utilisant pas du tout. Selon M. Luo, le pays doit encore importer presque tous les engrais nécessaires. Mais en raison des difficultés financières du gouvernement, ces importations demeurent très faibles. Bien que le Burundi ait mis en place des subventions – subventionnant 40 % du coût des engrais importés – seuls quelques agriculteurs autour de la capitale profitent de ce programme. De plus, ces engrais sont principalement utilisés dans la production de légumes, et très peu dans la production de riz.

Les techniques de culture non standardisées sont également un facteur majeur entravant le développement du riz local. « Les techniques pour cultiver de jeunes plants de riz ne sont pas développées. Il y a un manque de gestion efficace sur le terrain », explique M. Luo.

À cela s'ajoute un manque d'équipements agricoles. La culture dépend presque entièrement de la main-d'œuvre, alors même que les ressources animales – pourtant abondantes – ne sont pas bien exploitées. Le manque d'installations de conservation de l'eau entraîne aussi un gaspillage qui restreint considérablement le développement de la culture locale du riz.

Luo Shide (deuxième à partir de la droite) donne une conférence sur l’utilisation de l’engrais au Burundi, le 29 juin 2016.

Relever le défi

S'inspirant de son utilisation réussie en Chine, Luo Shide décide alors d'introduire du riz hybride chinois au Burundi. En 2016, le groupe d'experts de M. Luo sélectionne quatre variétés hybrides pour effectuer des essais. Les résultats sont probants : les rendements dépassent les 600 kg par mu. Une variété en particulier réalise même un record en Afrique, soit une production de 924 kg par mu.

« Si la production de riz au Burundi peut atteindre de tels niveaux, nous ne manquerons plus de nourriture et nos agriculteurs pourront bien gagner leur vie », dit Séverin Bagorikunda, secrétaire permanent au ministère burundais de l'Agriculture et de l'Élevage, le 11 octobre 2016, lors d'une visite sur place. Le groupe d'experts arrête finalement son choix sur le Chuanxiangyou 506, un riz hybride avec une forte résistance aux maladies et un rendement stable, comme le mieux adapté au Burundi. En mars 2018, ce riz est officiellement approuvé comme une variété nationale du Burundi.

Après cinq saisons d'essai, la zone de démonstration du Chuanxiangyou 506 ne cesse de s'étendre, passant d'un hectare à 48 hectares, rassemblant jusqu'à 1 072 habitants. Selon les calculs de M. Luo, le rendement moyen par mu devrait excéder 600 kg lors de la prochaine récolte, ce qui est trois fois supérieur au riz local – générant jusqu'à cinq fois plus de profits.

Le 13 décembre 2018, Dr Déo Guide Rurema, ministre burundais de l'Agriculture et de l'Élevage, a visité la zone de démonstration et rendu hommage au professionnalisme des experts chinois, notant que le succès du Chuanxiangyou 506 avait renforcé la coopération entre la Chine et le Burundi dans le domaine agricole.

Pas de repos

Mais les experts du groupe ne se sont pas arrêtés à cette réussite. En janvier 2016, Luo Shide s'attaque au problème de l'engrais. Dans un rapport, il analyse la faisabilité de la construction d'un système industriel burundais pour les engrais. « L'absence d'un système industriel des engrais est l'une des principales raisons derrière le lent développement de l'agriculture burundaise. Si ça ne change pas, il n'y aura pas de vrai développement agricole ici », explique-t-il à CHINAFRIQUE.

Ce rapport attire l'attention du gouvernement local et Dr Rurema décide d'agir en commençant par un projet de production d'engrais composé, une première au Burundi. « À l'heure actuelle, ce projet est sur le point d'être achevé et sa capacité de production annuelle sera de 50 000 tonnes d'engrais composé », indique M. Luo.

Les experts cherchent aussi à adapter les techniques existantes aux conditions locales, notamment pour la culture sèche de riz et la lutte antiparasitaire. Afin d'améliorer les techniques de culture locales, M. Luo a organisé trois formations sur les pépinières de riz, la fertilisation et la gestion sur le terrain, comprenant des études théoriques et des démonstrations pratiques. Plus de 170 techniciens et agriculteurs locaux y ont participé. Grâce aux efforts conjoints du groupe d'experts et de la population locale, le Burundi a réalisé une avancée décisive dans la production de riz. Cependant, il existe encore de nombreux problèmes difficiles à surmonter, tels que l'insuffisance des installations de conservation de l'eau et la faiblesse des technologies agricoles.

« Au-delà de la coopération internationale, le développement agricole doit s'appuyer sur une prise de conscience de l'autonomie et de la technologie au sein des populations locales, qui est la solution fondamentale au problème », conclut M. Luo. 

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