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  2019-08-08
 

L'investissement privé à la manœuvre

par Li Xiaoyu  ·   2019-08-08
Mots-clés: économie; Afrique; Chine
  
L’entreprise Huajian International Shoe City, située en Éthiopie, y emploie près de 8 000 locaux. (WANG TENG)

En 1997, alors que la délocalisation à l'étranger n'était pas encore dans les us des entreprises chinoises, la compagnie Inner Mongolia King Deer Cashmere s'est implantée à Madagascar. Le gouvernement local s'est engagé à faciliter son installation en accordant beaucoup de soutiens à l'entreprise, notamment pour la construction de sa première usine sur l'île.

Une vingtaine d'années plus tard, elle y embauche aujourd'hui 6 500 personnes, et 85 % de ses techniciens sont des locaux. Avec l'industrie textile locale, elle contribue pour 20 % à la création d'emplois du pays et à hauteur de 30 % à la création des valeurs industrielles.

Son PDG, Zheng Haosheng, a relaté avec émotion l'épanouissement de la société à Madagascar devant les participants du Forum 2019 sur la coopération Chine-Afrique dans le secteur privé, qui s'est tenu le 28 juin dans le cadre de la première Exposition économique et commerciale sino-africaine à Changsha, au Hunan.

Panda s'établit

Le développement de King Deer traduit l'engagement d'un nombre croissant de sociétés privées chinoises sur le continent. Elles représentent désormais plus de 70 % de l'investissement chinois en Afrique, que ce soit par le nombre d'entreprises ou par le montant d'investissement. Entre 1990 et 2003, la plupart des sociétés chinoises présentes sur le continent étaient pourtant des entreprises d'État, selon Qian Keming, vice-ministre chinois du Commerce.

Si autrefois, elles se contentaient d'exporter leurs produits vers l'Afrique, elles sont d'ores et déjà disposées à s'y délocaliser. Comme l'explique Wang Licheng, président du Conseil commercial Chine-Afrique, organisateur du forum, cela permettrait de mieux répondre aux besoins réels des consommateurs africains et de prolonger le cycle de vie des produits.

Bon nombre d'entre elles sont sur des secteurs à forte intensité de main-d'œuvre, comme les industries du textile, de la cordonnerie, de la quincaillerie ou des appareils ménagers. Leur investissement est plus apte à participer à la création d'emplois et ainsi à favoriser la croissance économique locale.

C'est le cas de l'un des plus grands sous-traitants de chaussures du monde, Huajian Group, qui a implanté sa succursale Huajian International Shoe City en Éthiopie en janvier 2012. Avec une production annuelle d'environ 3 millions de paires de chaussures, l'usine a installé neuf chaînes de production et y emploie près de 8 000 personnes. Elle contribue aujourd'hui à plus de 50 % de la valeur d'exportation de chaussures du pays. Elle favorise également d'autres secteurs comme les industries du cuir, du transport ou de la logistique.

Le Forum 2019 sur la coopération Chine-Afrique dans le secteur privé s’est tenu à Changsha, au Hunan, à la fin du mois de juin. (LI XIAOYU)

Lion prête l'épaule

Les progrès du secteur privé chinois en Afrique ne se sont pas faits seuls. Comme le révèle le PDG de King Deer, « nous avons trouvé chaussures à nos pieds ». De fait, ces dernières années, des pays africains ont pris conscience de l'importance de l'investissement privé. En effet, le secteur privé est le principal moteur de la croissance. Il nourrit et stimule la croissance dès lors qu'un certain nombre de facteurs se conjuguent pour offrir un environnement propice à son expansion, affirme Laurent Gangbes, directeur général de l'Agence béninoise pour la promotion des investissements et des exportations (Apiex). C'est dans cet esprit que le gouvernement du Bénin a pris l'initiative de doter le pays du cadre stratégique que constitue la politique nationale de promotion des investissements privés pour la période allant de 2019 à 2025. À cet effet, plusieurs stratégies sont retenues. Il s'agit de l'amélioration du climat des affaires, l'approfondissement des réformes en cours et le renforcement des infrastructures de soutien aux activités économiques.

Le même esprit se retrouve dans la mise en place d'un cadre réglementaire incitatif par le gouvernement congolais pour mieux accompagner les investisseurs étrangers, y compris les entreprises chinoises.

Parmi les mesures concrètes il y a avant tout la création d'un guichet unique pour la création d'entreprises permettant à n'importe quel investisseur d'avoir accès à tous les éléments dont il aurait besoin. « Créer une entreprise en République démocratique du Congo (RDC) ne prend que 3 jours, son coût étant de 80 dollars pour une société », précise Anthony Nkinzo Kamole Bahirwe, directeur général de l'Agence nationale pour la promotion des investissements de la RDC.

Le Code des investissements accorde et garantit un traitement égal à tous les investisseurs nationaux et étrangers. « Aucune discrimination ne peut ainsi être faite entre un investisseur congolais et un investisseur étranger », assure-t-il.

Le code garantit, en outre, le respect des droits acquis par les investisseurs : aucune disposition légale ou réglementaire postérieure ne peut ébranler ou restreindre un avantage antérieurement accordé de manière légale et régulière à un investisseur.

« Nous garantissons également la sécurité juridique et même la sécurité judiciaire avec l'adhésion à certains traités », avance-t-il. La RDC est, entre autres, membre de la MIGA (Multilateral Investment Guarantee Agency), filiale du groupe de la Banque mondiale, qui prémunit les investisseurs internationaux contre les risques non commerciaux.

Bon espoir

Tout en reconnaissant la contribution du secteur privé chinois et les efforts déployés par les autorités locales, les participants du forum en profitent pour faire entendre leurs attentes et leurs perspectives. Xiao Fei, PDG du groupe Futong, a fait part de ses préoccupations en investissant en Afrique. « Nous avons besoin d'un environnement politique stable, de conditions de travail sûres, et d'un système qui assure la sécurité du capital. »

De son côté, M. Bahirwe souhaite qu'il puisse y avoir davantage de transferts de compétences et de technologies de la part des Chinois. « Il faut que la Chine laisse sa marque, pas seulement avec des infrastructures, mais aussi avec du savoir-faire », soutient-il. « Pour que les générations futures puissent dire que nous avons obtenu quelque chose des Chinois et nous voulons chérir cela. »

Pour lui, la langue est sans doute l'une des principales barrières. « Mais il y a quand même des transferts de technologies. Nous avons des Congolais qui viennent apprendre la langue et les techniques et c'est très important », relativise-t-il.

« Notre souhait est de nous développer comme les Chinois ont pu le faire », conclut M. Bahirwe, qui constate que son pays exporte déjà de plus en plus. CA

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