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  2019-11-20
 

Opération Cinéma

par François Essomba  ·   2019-11-20
Mots-clés: cinéma chinois; Cameroun
Les enfants en salle regardant un film de l’acteur Bruce Lee. PHOTOS : François Essomba
 

Le cinéma chinois a conquis les jeunes de la petite localité de Gbiti, située à 600 km de Yaoundé, la capitale camerounaise, à la lisière de la frontière du Cameroun et de la République centrafricaine. Passionnés du septième art, ces jeunes manifestent clairement leur affection pour les films de kung-fu, art martial originaire de Chine, qui occupent une belle part des productions du cinéma chinois. Et malgré le manque de salles de projection modernes, le cinéma chinois n'a de cesse de séduire à l'Est du Cameroun.

Le kung-fu a connu son apogée au Cameroun dans les années 1970 jusqu'à la fin des années 1990, époque pendant laquelle des films mettaient en relief les attraits de cet art martial largement promu par le célèbre Bruce Lee, acteur légendaire et grand champion de cette discipline sportive, dont les prouesses sur scène ont subjugué les esprits et les cœurs des mordus de cinéma en Afrique, et notamment au Cameroun. Malheureusement, à ce jour, le cinéma y a perdu de sa superbe, du fait de la fermeture des salles de projection, tombées en faillite les unes après les autres suite à la conjoncture économique qui a secoué le pays pendant les années 1980 et 1990. Les déboires économiques ont en effet conduit à la baisse du pouvoir d'achat des populations et modifié leurs réflexes vis-à-vis des salles de cinéma, favorisant l'essor des homes cinémas et des ciné-clubs. Les pratiques des cinéphiles ont évolué, ceux-ci préférant visionner leurs films à domicile, afin d'économiser de l'argent. Dès cet instant, les promoteurs des salles de cinéma ont à leur tour révisé leurs tactiques commerciales, en réduisant le nombre de projections journalières et hebdomadaires, avant de procéder plus tard aux fermetures systématiques des dites salles, sonnant leur glas au Cameroun.

 

Le Retour du Dragon

Bien que n'ayant pas connu la grande époque des salles obscures au Cameroun ou les grandes figures du kung-fu, les jeunes de Gbiti ont imaginé un concept leur permettant de diffuser des films en salle qui fonctionne à merveille. Leur âge, qui varie entre 12 et 16 ans, ne constitue aucunement un handicap pour eux, car la technologie facilite l'accès à tout un tas d'anciens films permettant à ces jeunes de découvrir à leur tour les exploits de Bruce Lee, de Jackie Chan ou encore de Jet Li. Et pour ne pas se retrouver en rupture de stock, ces gamins passent des commandes dans les grandes villes du Cameroun comme Douala, Yaoundé ou Bertoua.

Afin d'assurer la diffusion de leurs films favoris, ces jeunes doivent se procurer l'équipement nécessaire à toute salle de cinéma digne de ce nom : un écran plasma de grande taille, installé à une certaine hauteur, des haut-parleurs ainsi qu'un amplificateur. Parallèlement, des affiches sont soigneusement placardées non loin de l'entrée de la salle, pour annoncer les films programmés et leurs heures de diffusion. Pour avoir accès à une séance, il faut débourser la somme équivalente à une pièce d'un cent de dollar américain. Un prix à la portée de ces gamins qui pour la plupart comptent sur le portefeuille de leurs parents, dont l'activité réside essentiellement dans le petit commerce.

 

Chaque jour, au moins un film de kung-fu est programmé dans les salles de cinéma de Gbiti.

 

The Big Boss

Les jeunes de Gbiti raffolent des films de kung-fu, cet art martial chinois qui met en exergue un large éventail de techniques et de séquences de combats très affectionnées par ces adolescents. Dans cette localité, malgré les superproductions qui paraissent aujourd'hui, les films de Bruce Lee continuent de captiver.

Abdou Seydou, jeune gérant d'une des salles de la ville, à peine âgé de 16 ans, soutient que les films qui lui assurent de bons revenus sont les films de kung-fu, et surtout de Bruce Lee. « Cependant, je suis souvent confronté à des difficultés pour me procurer des films de Bruce Lee. Pour être sûr que les gens reviennent dans votre salle, vous devez avoir tous les films tournés avec cet acteur. Faute de les avoir, je suis régulièrement contraint de programmer le même film plusieurs fois. Heureusement, le public est toujours au rendez-vous », a-t-il affirmé à CHINAFRIQUE. Abdou programme quatre à cinq films par jour pendant la période des grandes vacances et, chaque jour, au moins un film de kung-fu est programmé.

Ahmed Moussa, adolescent de 13 ans, est un férus de films chinois. « Je n'ai pas connu l'époque des grands acteurs de films chinois comme Bruce Lee, mais mon père m'a permis de découvrir cet acteur, notamment dans des titres comme La Fureur de vaincre, The Big Boss ou encore Opération Dragon », s'est rappelé le jeune garçon. « Lorsque j'étais petit, et qu'il visionnait ses films, je m'asseyais à côté pour les regarder avec lui. C'est le talent de Bruce Lee qui m'a vraiment fait aimer les films chinois et le kung-fu. » Le jeune Ismaël, âgé de 15 ans, est aussi un passionné de films chinois. Selon cet adolescent, le kung-fu privilégie l'action du début à la fin. « J'apprécie les films qui ont de l'animation et c'est le cas avec les films de Bruce Lee », a-t-il fait valoir.

Parmi les cinéphiles qui fréquentent les ciné-clubs de Gbiti figurent également des jeunes venus de République centrafricaine qui traversent régulièrement la frontière située à un jet de pierre et repartent dans la soirée avant 17h30.

 

La valse des nations

Le kung-fu, grâce à la qualité et à la densité de ses films très captivants et spectaculaires, a énormément contribué au rayonnement de la République populaire de Chine au Cameroun dès les années 1970, période durant laquelle les deux nations établissaient leurs relations diplomatiques et amicales qui prospèrent encore à merveille à ce jour.Ainsi, l'ampleur des films chinois, jugés très bons, a permis de construire une certaine sympathie du peuple camerounais vis-à-vis de la Chine, dont le cinéma contribue également au raffermissement des relations et à la compréhension entre les peuples chinois et camerounais.

 

Reportage de Gbiti, au Cameroun

 

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