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  2022-05-09
 

La renaissance du rotin

par François Essomba VOL. 14 MAI 2022  ·   2022-05-09
Mots-clés: Cameroun ; rotin

Le rotin camerounais permet la fabrication de nombreux produits mobiliers de grande qualité. L’activité génère un attrait prometteur pour une jeunesse à la recherche de nouveaux repères professionnels. 

Gabriel Manga, un artisan camerounais, réalise l’entrelacement d’un canapé trois places.  (COURTOISIE) 

 

Le rotin s’impose de plus en plus au Cameroun, et notamment à Yaoundé, la capitale, comme un élément de décor intérieur incontournable. Le mobilier qui est produit dans cette matière est tout aussi élégant, et peut-être même plus confortable, que celui fabriqué à partir de bois et autres matériaux. Très prisé dans les milieux chics de Yaoundé, le rotin connaît une seconde jeunesse, et fait la fierté des artisans. Le secteur se chiffre à plusieurs centaines de milliers de dollars chaque année, et s’illustre par davantage de finesse et de créativité. À première vue, un meuble en rotin peut sembler facile à fabriquer. Toutefois, il s’agit d’un entrelacement de fibres végétales traitées et décorées, qui exige patience et savoir-faire. À l’état naturel, le rotin se présente sous la forme de longues tiges grises pourvues d’épines, s’agrippant le long des arbres, et pouvant atteindre jusqu’à 200 mètres. Les coupeurs de rotin livrent ensuite les lianes sous forme de rouleaux. 

  

Des ateliers à ciel ouvert 

 

Le quartier Mvog-mbi à Yaoundé est le fief des grands artisans de vannerie. Ceux-ci font preuve d’un doigté tout particulier dans la conception et la fabrication de meubles en rotin variés, qu’ils exposent ensuite sur leurs étals. 

 

Lorsque l’on pénètre dans la rue principale de Mvog-mbi, le rotin se décline dans une myriade de produits, de couleurs et de formes : des tables, des fauteuils, des bibliothèques, des berceaux, des fauteuils tressés, et d’autres articles du quotidien. Daniel Mboudou, fonctionnaire à Yaoundé, est un acheteur convaincu. Il explique les raisons de sa préférence pour le mobilier en rotin : « Les meubles en rotin sont peu encombrants, facilement transportables et surtout, accessibles à tous. Je crois que c’est la raison pour laquelle ce type de mobilier rencontre autant de succès. Aujourd’hui, beaucoup d’acheteurs tendent à se détourner du bois pour s’orienter vers le rotin. »  

 

Pour Diane Eyoum, jeune propriétaire d’une boutique de prêt-à-porter, il s’agit d’une question de design. « J’apprécie les meubles en rotin pour leur originalité. Ils s’ajustent avec beaucoup d’harmonie dans les salons, les chambres et les salles à manger », explique-t-elle. Et d’ajouter : « Le mobilier en rotin est facilement transportable, notamment lors des déménagements. » 

 

De la même manière, le phénomène s’est étendu à la population étrangère. C’est le cas d’Eric Stinen, un Belge propriétaire d’une entreprise de construction implantée au Cameroun. « Ma préférence pour le mobilier en rotin est claire. Je peux vous affirmer que le rotin sublime le salon et permet de créer un environnement sobre, agréable et confortable. C’est original, beau, pratique et facile à déplacer. Chez moi, toutes les pièces de l’appartement sont meublées avec du rotin, et offrent une ambiance agréable et vivante », explique-t-il.  

 

Un canapé d’angle panaché en rotin. (COURTOISIE) 

  

Une source de revenus pour la jeunesse 

 

La fabrication du rotin au Cameroun demeure exclusivement manuelle. Aucune opération ne s’effectue à la machine, qu’il s’agisse du tissage ou du panachage avec des boiseries pour solidifier l’ensemble. Sur le plan des revenus, l’activité est devenue une véritable mine d’or qui fait vivre tous ses acteurs. Selon Gabriel Manga, créateur et concepteur de mobiliers en rotin, les prix varient selon le type de meuble. Pour un salon complet, comptez entre 400 et 1 000 dollars. Cela dépendra du standing des meubles et du temps nécessaire à leur fabrication. Pour un canapé tissé, la conception peut nécessiter près de deux semaines, pour un prix compris entre 300 et 500 dollars. La valeur des pots de fleur est évaluée à environ 20 dollars, et pour un panier, il faudra débourser entre 15 et 20 dollars. Quant à une balançoire, la fourchette est située entre 300 et 400 dollars. La conception d’un mannequin simple prend deux à trois jours, tandis que celle d’un mannequin détaillé prendra le double, pour un prix compris entre 50 et 100 dollars. 

 

« Chacun de nous vend en moyenne trois à quatre salons complets chaque mois, ce qui représente environ 1 500 à 2 000 dollars. Il s’agit d’une somme très importante, qui nous permet de réaliser nos projets personnels », affirme Gabriel Manga. Les ventes de petits articles, comme les paniers ou les lampes de chevet, entre autres, sont relativement élevées et se situent entre 150 et 300 dollars par jour. 

 

Benjamin Edou, un autre artisan, confirme la bonne santé du secteur. « Avec l’argent du rotin, beaucoup d’entre nous avons pu accéder à la propriété. Nous avons acheté nos véhicules, organisé de beaux mariages, et économisé. Certains de nos collègues gèrent aussi des affaires florissantes qu’ils ont montées en parallèle grâce au rotin. Notre métier nous procure beaucoup de revenus », raconte fièrement l’artisan. 

  

Des fauteuils et des paniers en rotin. (COURTOISIE) 

 

Encadrement et professionnalisation 

 

Le secteur, qui jusque-là était purement informel, tend aujourd’hui à se professionnaliser. Ainsi, le Centre de formation et de production du bambou et du rotin (CFPB), a été créé et offre désormais des formations gratuites, afin d’aider les artisans locaux à acquérir les compétences nécessaires. Cette initiative donne aussi aux petits exploitants agricoles la possibilité de planter, puis de vendre leur production de rotin et de bambou au centre, et d’en tirer des revenus intéressants. Ce sont ainsi plus de 300 exploitants, y compris femmes et jeunes, qui devraient bénéficier des opportunités apportées par la structure à moyen et long terme, notamment grâce aux formations qui y sont dispensées. 

 

Pour Jules Doret Ndongo, ministre des Forêts et de la Faune, la création du CFPB porte de nombreux avantages. « Le bambou et le rotin, que très peu de personnes connaissent, sont en réalité les matériaux de demain, surtout pour un pays comme le Cameroun qui exporte du bois. Le bois prend 50 ans à se régénérer, alors que le bambou – et même le rotin – se renouvellent en cinq ans seulement. On peut ainsi les cultiver, les transformer, les vendre et les exporter relativement facilement », explique le ministre. 

  

Reportage du Cameroun 

 
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