La croissance exponentielle des exportations de fleurs a positionné l’Ouganda parmi les cinq plus grands exportateurs de fleurs coupées d’Afrique. (XINHUA)

Dix années durant, Sarah Nagayi, 29ans, a été au chômage. Elle faisait partie d’une multitude d’Ougandais à la recherche d’un emploi dans un pays où plus de 35 % des quelque 42 millions d’habitants n’en ont pas.

« Cela faisait longtemps que je cherchais un travail sans grand succès. Mais le mois dernier, un ami m’a dit que la compagnie de fleurs Rosebud recrutait des travailleurs car elle souhaitait agrandir son exploitation. J’ai postulé dans une ferme de fleurs et j’ai été acceptée », s’est enthousiasmée Sarah. 

Elle ignorait à l’époque que sa bonne fortune était due au marché chinois qui s’ouvrait aux fleurs ougandaises, ce qui incitait Rosebud à engager du personnel pour faire face à une production accrue. 

Espérant profiter de cette opportunité, de nombreux Ougandais au chômage ont entrepris de cultiver des fleurs sur une base coopérative. Ces coopératives organisent et forment des groupes de jeunes dans les villages et leur donnent des fonds qui leur permettront de cultiver des terres et de faire pousser des fleurs. Les sociétés de fleurs louent les terres aux villageois et rachètent les fleurs ensuite.   

De bon augure   

Un marchand de fleurs du district de Wakiso, Stanley Kizito, qui achète des fleurs à des coopératives d’exportation, a indiqué que le marché des fleurs en Chine était une bénédiction pour les producteurs et ceux qui envisageaient de rejoindre le secteur de la floriculture. Il a ajouté que plus de 2 000 jeunes avaient été employés par des entreprises de production de fleurs au cours des deux derniers mois dans le centre et l’ouest de l’Ouganda, tandis que de nombreux autres avaient commencé à faire pousser des fleurs par eux-mêmes.  

« Le marché d’importation de fleurs en Europe a chuté car leurs économies ne vont pas très bien. Il est donc opportun d’obtenir un nouveau marché en Chine », a-t-il fait remarquer. 

Le 29 juillet de cette année, Rosebud, qui occupe environ 35 % du marché de la rose en Ouganda, a envoyé son premier lot de fleurs à destination de la Chine. 

« Il y avait de l’excitation lorsque les fleurs ont été convoyées vers l’aéroport. Tous les travailleurs ont explosé de joie en les voyant quitter la ferme », a exprimé l’un des travailleurs, John Waswa.   

Le nouveau marché des fleurs en Chine enrichira définitivement plus d’Ougandais, en plus de créer des emplois. (XINHUA)

Prendre l’initiative   

L’exportation de fleurs en Chine a été lancée par le directeur du groupe de sociétés Ruparelia, propriétaire de Rosebud. Rajiv Ruparelia a joué un grand rôle pour rendre cela possible. 

M. Ruparelia a annoncé aux médias qu’il envisageait d’étendre ses exportations de fleurs depuis un certain temps et que la Chine était l’une de ses options.  

« M. le directeur a assisté à la récente exposition économique et commerciale sino-africaine qui s’est tenue à Changsha, dans la province du Hunan, où il a inlassablement loué la qualité des fleurs ougandaises », a avancé Ravi Kumar, responsable de la ferme de Rosebud. 

M. Kumar a ajouté qu’il n’était donc pas surprenant que ses efforts soient couronnés de succès et que son entreprise soit devenue la première en Ouganda à exporter des fleurs en Chine.  

Selon M. Ruparelia, quand ils ont présenté leurs fleurs au marché chinois, la première question qui leur avait été posée concernait la durée de vie en vase (la durée pendant laquelle les fleurs pouvaient rester fraîches dans un vase). 

« Je leur ai dit qu’en Ouganda, la durée de vie dans le vase se situait entre 12 et 15 jours, ce qui les a impressionnés », a-t-il fait valoir. 

Matia Kasaija, ministre ougandais des Finances, s’est enorgueilli devant les médias que l’accueil des fleurs ougandaises en Chine était positif, dans la mesure où elles avaient été utilisées pour décorer le lieu de la dernière exposition économique et commerciale sino-africaine en juin. 

M. Kumar a précisé que Rosebud augmenterait sa capacité de production pour répondre à l’énorme demande attendue. Les serres de boutons de rose couvraient un total de 50 hectares. Elles produisaient plus de 12 millions de tiges par mois. Aujourd’hui, elles ont été étendues à 60 hectares, avec une capacité de production de 14 millions de tiges par mois. 

En outre, M. Kumar a confirmé que l’augmentation de la production a amené l’entreprise à embaucher 200 travailleurs supplémentaires. Emplois indispensables pour les Ougandais, en particulier pour les jeunes.   

Des dividendes importants   

La direction de la plus ancienne société de production de fleurs du pays, Mairye Flowers, a annoncé qu’au début de 2020, elle exportera également des fleurs en Chine. Komom Pondu, responsable des ressources humaines de la société, a déclaré à CHINAFRIQUE : « Nous sommes en train de prendre des dispositions pour commencer à exporter des fleurs en Chine. Nous étions à la dernière exposition économique et commerciale sino-africaine et avons noué des contacts importants. Nous avons augmenté notre superficie de culture de plus de 20 acres (8,09 hectares) et avons récemment employé 100 personnes supplémentaires, portant ainsi notre main-d’œuvre totale liée aux fleurs à 1 000 personnes. » 

Le volume des exportations de fleurs est passé de 3 000 tonnes pour une valeur de 14,61 millions de dollars en 2000, à plus de 7 000 tonnes pour une valeur de 62 millions de dollars en 2018, selon l’Autorité d’investissement ougandais (UIA), un organisme semi-autonome de promotion et de facilitation des investissements appartenant au gouvernement. 

La croissance exponentielle des exportations de fleurs a positionné l’Ouganda parmi les cinq plus grands exportateurs de fleurs coupées d’Afrique. Le secteur de la floriculture est l’une des 10 principales sources de devises en Ouganda, avec des recettes d’exportation de près de 30 millions de dollars, selon la base de données Comtrade des Nations unies sur le commerce international. 

Outre Rosebud et Mairye, les autres grandes entreprises de fleurs en Ouganda qui exportent des fleurs sont notamment Kajjansi Roses, Venu Farmers et Van Zanten. Les zones les plus propices à la culture de fleurs se situent dans les parties centrale et occidentale de l’Ouganda. 

« Le nouveau marché des fleurs en Chine enrichira définitivement plus d’Ougandais, en plus de créer des emplois », apprécie l’exportateur de fleurs Warren Kadoma. 

Reportage de l’Ouganda  

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