法语词典:
中文 ANGLAIS
ACCUEIL Chine Monde Economie Culture Environnement Chinafrique Documents
  2020-03-31
 

Au Sénégal, on cultive des légumes chinois

par Aly Diouf  ·   2020-03-31
Mots-clés: légumes chinois; Sénégal

Zhou Jianpeng, directeur de la mission agricole chinoise, s’entretient avec un agriculteur sénégalais. (ALY DIOUF)

 

En cette matinée du mois de février, le temps est relativement doux. Le mercure tourne autour de 20 degrés. À quelques encablures de la place publique de Sangalkam, sur la route des Niayes, un panneau verdâtre avec des écriteaux blancs flanqués des drapeaux du Sénégal et de la Chine indique les lieux. Il est mentionné en français et mandarin : « Projet de coopération et d'assistance technique agricole. Aide du gouvernement chinois. »

Entre la route et le centre, des marchands de quatre saisons proposent aux passants des fruits et légumes. À l'intérieur, quelques arbres imposants cachent mal les verts champs de légumes s'étalant sur 2,1 hectares de terres assez fertiles. Il y a des installations hydrauliques et quelques cultures sous serre. Il faut marcher quelques minutes pour arriver à la base.

Zhou Jianpeng, le directeur de la mission agricole, et son interprète sont sur les lieux. Ils sont de la sixième mission d'assistance agricole chinoise de 13 personnes au Sénégal. Les spécialistes de l'horticulture sont basés à Sangalkam et ceux de la riziculture à Podor, une bourgade située à une centaine de kilomètres au nord de Saint Louis.

Dans le cadre d'un accord de coopération agricole entre les deux pays, la Chine envoie régulièrement et depuis 2006 une mission agricole au Sénégal. Les experts techniques et agricoles chinois sont chargés de faire de l'expérimentation, de la démonstration, de l'initiation en matière de sélection de production de semences de qualité et d'organiser une formation multiforme sur les techniques agricoles. La mission joue un rôle important dans les progrès enregistrés dans l'amélioration de la capacité des maraîchers et l'augmentation de leurs rendements et revenus, attestent les personnes encadrées. Ceci grâce à l'introduction de nouvelles pratiques agricoles.

Selon son directeur, une vingtaine de techniques à bas prix, mais efficaces, du reste, sont introduites au Sénégal. « L'équipe d'experts chinois, poursuit-il, soutient aussi les associations locales des agriculteurs et participe aussi à leur formation. » Ses membres effectuent des visites chez les agriculteurs et leur prodiguent des conseils, même participent également à la formation des étudiants des universités sénégalaises en les accueillant régulièrement pour des expériences pratiques. Au sein du centre, la mission dispose de points de démonstration.

La mission technique et agricole chinoise, d'après son directeur M. Zhou, a permis l'introduction au Sénégal de plusieurs variétés de légumes chinois, telles que le chou chinois, l'aubergine, sept variétés d'arachides dont le rendement à l'hectare peut atteindre 7,2 tonnes, et cinq variétés de maïs, etc. La mission a aussi participé à la purification de plus d'une centaine de variétés horticoles.

« On expérimente beaucoup de variétés pour voir si elles s'adaptent au Sénégal. Si l'expérimentation réussie, on introduira le meilleur », souligne Zhou Jianpeng. Ainsi, l'équipe l'a fait avec différentes variétés de salade, de chou, d'aubergine, de poivron, de radis, etc. Selon M. Zhou, l'objectif principal de la mission est de vulgariser l'idée selon laquelle l'agriculture est une industrie et qu'avec la formation et un investissement on peut gagner beaucoup d'argent. Ainsi, elle met l'accent sur les variétés et les techniques.

 

Le Sénégal dispose de nombreuses terres adaptées à la culture de certains légumes chinois. (HELLORF)

 

Sénégal, partenaire modèle

Dans son mémoire de Master 2, soutenu en 2016 à l'Unité de formation et de recherche (UFR) de science politique de l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne intitulé, « Le Sénégal, l'élève modèle de la Chinafrique : La présence chinoise dans l'agriculture sénégalaise », Peggy Frey essaie de mieux comprendre la place et les moyens d'intervention de la Chine dans le secteur agricole sénégalais. La tendance, écrit-elle, ne se limite plus à former les paysans d'une agriculture familiale.

La coopération chinoise doit aussi contribuer à faire émerger une agriculture sénégalaise moderne et productive, capable d'assurer l'autosuffisance alimentaire. Du côté de la Chine, croit savoir Mme Frey, le Sénégal sert aussi d'exemple : il est la carte de visite de Beijing dans la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et présente la coopération souhaitée par la Chine en Afrique de l'Ouest.

En septembre 2017, lors du 3 Forum « Investir en Afrique » tenu à Dakar, le ministre adjoint chinois des Finances, Shi Yaobin, avait soutenu que son pays allait intensifier sa coopération avec le Sénégal dans divers secteurs dont les infrastructures et l'agriculture notamment. « Nous allons également promouvoir la coopération dans le secteur agricole pour lutter contre la pauvreté dans le monde rural », déclarait-il.

Le 9 janvier 2013, la Chine avait consenti à imputer sur l'Accord de coopération économique et technique, un montant de 877 millions FCFA (environ 1,4 million de dollars) destiné au financement de la mission technique chinoise dans les centres agricoles de Sangalkam et Podor. Cette imputation, selon l'ambassadeur chinois de l'époque, Monsieur Xia Huang, était une manière de booster la coopération agricole entre les pays, surtout dans le combat du Sénégal pour l'atteinte de son autosuffisance alimentaire en riz. « L'agriculture est importante pour le développement d'un pays et il faut un partage d'expériences pour répondre aux aspirations des pays africains en matière de sécurité alimentaire », indiquait le diplomate.

 

Une troisième base souhaitée

D'après son directeur Zhou Jianpeng, la mission veut construire au Sénégal une plateforme agricole de service sur les technologies avancées chinoises. Pour le directeur du centre de Sangalkam, Modou Fall Thioune, « former c'est transformer ». Ainsi donc, plusieurs générations d'agriculteurs sénégalais sont formées au sein des locaux de Sangalkam en vue de transformer l'agriculture et impacter positivement sur la croissance du pays. Outre les élèves des écoles spécialisées en horticulture, le centre reçoit aussi plusieurs apprenants venant d'un peu partout.

M. Fall Thioune appelle à redynamiser le centre. Son souhait, c'est « l'ouverture d'une troisième base » pour les cultures pluviales qui concernent notamment le manioc, le sorgho et le maïs, entre autres.

Les deux centres polyvalents sénégalais de formation agricole qui bénéficient de l'aide des missions techniques chinoises ont été présentés comme des exemples concrets de réussite de la coopération sino-sénégalaise dans l'agriculture, au cours d'un colloque sur les investissements chinois dans l'agriculture en Afrique, organisé à Dakar il y a deux ans.

 

Reportage du Sénégal 

Pour vos commentaires : glj@chinafrica.cn  

 
 
Imprimer

24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine


京ICP备08005356号-8 京公网安备110102005860