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  2020-05-06
 

Ambassadeur de la République du Sénégal en Chine : Le Sénégal prêt à faire face au COVID-19

  ·   2020-05-06
Mots-clés: Sénégal; Chine; COVID-19

Comme le reste de l’Afrique, le Sénégal n’est pas épargné par la pandémie de COVID-19 qui met à rude épreuve les systèmes sanitaires et ébranle les économies à travers le monde. Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la République du Sénégal en Chine, M. Mamadou Ndiaye, a accordé une entrevue avec CHINAFRIQUE dans laquelle il s’exprime sur la manière dont le Sénégal entend faire face à la pandémie.

Qu’en est-il de l’évolution du COVID-19 dans votre pays ? Quels sont les principaux défis auxquels votre pays est confronté ?

Le Sénégal a déclaré son premier cas de COVID-19 le 2 mars 2020. À la date du 29 avril, le nombre de cas a atteint 882 dont 315 guéris, 9 décédés, 1 évacué et 557 en cours de traitement. Ces statistiques montrent que la pandémie progresse très vite. Fort heureusement, le gouvernement a vigoureusement réagi pour maîtriser la chaîne de transmission de la maladie et assurer la prise en charge rapide des malades et la traçabilité des contacts des personnes déclarées positives.

C’est ainsi que toutes les frontières du pays ont été fermées depuis le 20 mars, les déplacements des populations entre les régions sont restreints et un couvre-feu est en vigueur de 20 heures à 6 heures du matin sur l’ensemble du territoire national.

Aujourd’hui, le principal défi est la maîtrise de la transmission communautaire parce que beaucoup de personnes ont été contaminées sans qu’on puisse savoir où elles ont contracté la maladie. Si cette tendance se poursuit, il va malheureusement se poser un problème d’identification des zones de prévalence, de suivi des potentiels porteurs du virus et surtout de disponibilité de lits dans les hôpitaux.

C’est pourquoi, depuis quelques semaines, le ministère de la Santé met l’accent sur la sensibilisation des populations en insistant notamment sur le respect des gestes barrières, la limitation des mouvements des personnes et l’arrêt des rassemblements non nécessaires. Certes, ce travail de sensibilisation n’est pas facile en raison du mode de vie communautariste auquel les populations sont habituées, mais celles-ci deviennent de plus en plus conscientes du risque d’infection et les consignes données par les autorités sont progressivement respectées.

Le traitement des cas sévères est également un défi majeur. Même si, pour le moment, le Sénégal n’a pas enregistré beaucoup de cas graves de COVID-19, il est absolument nécessaire de se préparer à toute éventualité et cela requiert l’acquisition de certains équipements comme les respirateurs qui font l’objet d’une forte demande sur le plan mondial.

Je signale que, pour faire face à la pandémie et à ses effets, le gouvernement sénégalais a lancé un programme de résilience économique et sociale qui vise à renforcer le système de santé et à soutenir les populations et les entreprises. Les dépenses prévues dans le cadre de ce programme sont couvertes par un fonds de plus de 2 milliards de dollars financé par l’État et des contributions volontaires.

Dès le début de l’épidémie, la Chine a reçu du soutien de la part des pays africains. Aujourd’hui, alors que le continent lutte contre la pandémie, la Chine a partagé, à son tour, son expérience antiépidémique et a fait don de matériel médical. Dans ce contexte, quel rôle a joué la coopération sino-africaine ?

La particularité de cette pandémie est qu’elle n’épargne presque aucun pays. Dès lors, elle interpelle la communauté internationale dans son intégralité. Il est heureux que cela ait été bien compris par beaucoup de pays qui ont utilisé divers mécanismes et moyens pour exprimer leur solidarité les uns envers les autres et ont conjugué leurs efforts afin de faire face à ce défi sans précédent. Cela a été notamment le cas pour la Chine et les pays africains qui ont démontré qu’ils sont des amis dans les moments de bonheur comme en temps de crise.

Pendant l’épidémie, on a vu des ressortissants africains résidant en Chine participer bénévolement à la lutte antiépidémique ou offrir des dons aux malades et aux populations dans la province du Hubei et dans d’autres villes chinoises. De la même manière, les citoyens et entreprises chinois établis en Afrique ont contribué aux initiatives des gouvernements africains pour faire face à la pandémie de COVID-19.

L’enseignement qu’il faut tirer de cette manifestation réciproque de solidarité entre l’Afrique et la Chine, c’est que l’amitié sino-africaine est vraie et sincère. Cet élan de solidarité est, par ailleurs, un message qu’il faut diffuser auprès des populations africaines et chinoises afin qu’elles s’approprient la coopération entre leurs gouvernements et qu’elles sachent que le partenariat sino-africain est fondé sur des valeurs humanistes très fortes. Je suis convaincu que les populations africaines et chinoises doivent être les piliers qui soutiennent la communauté de destin entre l’Afrique et la Chine.

Selon vous, quels enseignements sont susceptibles d’être tirés de la lutte contre l’épidémie en Chine et d’être reproductibles sur le continent africain ?

La Chine a réussi à vaincre la pandémie en trois mois. Cela n’aurait pas été possible sans le leadership du Parti communiste chinois et du Conseil des affaires d’État. C’est ce leadership qui a permis la bonne coordination des opérations de gestion de la crise sur le vaste territoire chinois. Cette bonne gestion de la crise, dont l’Afrique pourrait s’inspirer, a été observée à quatre niveaux.

D’abord, c’est grâce à l’efficacité de la politique de communication des autorités chinoises que les consignes de prévention et d’hygiène ont été bien diffusées auprès des populations qui ont été non seulement sensibilisées mais aussi responsabilisées. À ce propos, il faut saluer le civisme et le patriotisme des populations chinoises qui se sont comportées comme des partenaires de l’État dans la lutte contre l’épidémie. Cette épidémie de COVID-19 a été l’affaire de toute la société chinoise dans son ensemble et chaque citoyen a joué son rôle dans les opérations antiépidémiques.

Ensuite, la manière dont a été organisé l’élan de solidarité des autres provinces chinoises envers celle du Hubei a été un élément déterminant dans la gestion de l’épidémie. La mobilisation du personnel médical et du soutien logistique en faveur des zones les plus touchées ainsi que l’organisation des comités de gestion des quartiers sont des exemples qui traduisent l’efficacité et l’harmonie du système de gouvernance de la Chine.

En outre, il faut se féliciter des dispositions prises, tant au niveau national que dans les provinces, pour rassurer les étrangers en leur donnant les informations nécessaires à leur orientation. Cela a contribué à faciliter la vie des ressortissants étrangers et notamment celle des membres du corps diplomatique qui ont bénéficié d’une attention particulière pendant cette période difficile.

Enfin, la maîtrise des effets de la crise a été remarquable. Pour ne citer qu’un exemple, à part la province du Hubei, qui était dans une situation exceptionnelle en raison du confinement, il n’y a pas eu de rupture de stocks des produits alimentaires de consommation courante. Bien qu’il y ait eu un ralentissement des activités économiques pendant plusieurs semaines, l’approvisionnement des marchés a été régulièrement assuré. Cela a contribué à préserver la Chine d’un chaos économique et social.

Cela dit, il faut reconnaître que chaque pays réagit à la crise sanitaire en fonction de ses propres réalités. Donc, les bonnes pratiques qui ont fait leurs preuves en Chine peuvent réussir en Afrique si les dispositions nécessaires sont prises pour leur appropriation par les populations et adaptation aux réalités locales.

Depuis l’apparition de l’épidémie d’Ebola, quels progrès ont été réalisés dans le renforcement du système de santé publique dans votre pays ? Comment la Chine et le Sénégal pourraient-ils mieux coopérer à l’avenir pour améliorer ce système de sorte à mieux faire face aux crises sanitaires comme celle du nouveau coronavirus ?

Au Sénégal, la gestion de l’épidémie d’Ebola a été une expérience réussie de prévention et de contrôle de la maladie. Partant de cette expérience, le gouvernement a fait de la gestion des situations d’urgence sanitaire un axe majeur de sa politique de santé publique.

C’est ainsi qu’a été créé, depuis 2014, un centre des opérations d’urgence sanitaire qui a pour mission, entre autres, de superviser la politique de riposte aux situations d’urgence sanitaire, de définir les mesures à mettre en œuvre en cas d’urgence et de coordonner l’action des acteurs impliqués dans ce type d’opérations.

La mise en place de ce centre représente une avancée significative dans la préparation du Sénégal à faire aux crises sanitaires, la formation du personnel de santé aux opérations d’urgence et la sensibilisation des populations, surtout celles qui vivent dans les districts sanitaires situés au niveau des zones frontalières.

Toutefois, le COVID-19 a montré qu’un dispositif sanitaire n’est jamais entièrement parfait et qu’il faut tout le temps l’améliorer. La preuve est que beaucoup de pays qui étaient censés disposer d’un système de santé performant ont rencontré des difficultés pour faire face à cette pandémie.

Dans le cas du Sénégal, la pandémie de COVID-19 a fait apparaître des besoins en matière de couverture sanitaire, de dépistage rapide et de prise en charge des cas sévères de maladie dans les zones éloignées des grands centres urbains. Cela veut dire que certaines localités du pays n’ont pas les équipements et les infrastructures appropriés pour réagir assez vite en cas de crise soudaine et inattendue comme celle que nous connaissons en ce moment. Par conséquent, la coopération avec la Chine doit être orientée en priorité vers le relèvement des infrastructures de santé dans certains grands pôles afin que les patients des zones éloignées puissent se rapprocher davantage des centres où ils pourront bénéficier d’une prise en charge rapide et de bonne qualité en cas d’urgence.

Par ailleurs, compte tenu de la taille du marché africain et des nombreux défis qui existent sur le continent en matière de santé publique, il conviendrait d’encourager les entreprises chinoises à investir dans les secteurs des infrastructures et équipements de santé, de la recherche médicale et de l’industrie pharmaceutique.

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