法语词典:
中文 ANGLAIS
ACCUEIL Chine Monde Economie Culture Environnement Chinafrique Documents
  2020-06-04
 

Lutter, résister, répliquer

Benard Ayieko  ·   2020-06-04
Mots-clés: COVID-19; économie; Afrique

À Johannesburg, en Afrique du Sud, des employées prennent leur température avant l’ouverture du magasin, le 2 mai.

La pandémie de COVID-19 a engendré de lourdes pertes pour de nombreuses personnes et entreprises, dans tous les secteurs de l'économie. À ce titre, on relève notamment d'importants changements sur les marchés boursiers, une augmentation du nombre de chômeurs, la chute des prix du pétrole et des déplacements en baisse. Pire encore, les spécialistes avertissent que le COVID-19 sera présent pendant un certain temps, à moins qu'un vaccin efficace ne soit trouvé. Bien que la pandémie continue de faire des ravages dans l'économie mondiale, il est important d'évaluer systématiquement l'impact socio-économique qu'elle a sur l'économie africaine.

Impact économique

La Banque mondiale, dans son rapport Africa's Pulse publié en avril, estime que la pandémie pourrait causer à l'Afrique subsaharienne entre 37 et 79 milliards de dollars de pertes en termes de production cette année. Elle laisse également présager que l'impact sur le bien-être des ménages devrait être considérable, les pertes d'aide sociale dans le meilleur des cas devant atteindre 7 % en 2020, dans le cas d'un scénario non pandémique. En ce qui concerne la sécurité alimentaire, le rapport indique que le COVID-19 pourrait créer une grave crise de sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne, la production agricole subissant une contraction de 2,6 % à 7 %. Par ailleurs, les importations de produits alimentaires devraient vraisemblablement enregistrer une chute estimée entre 13 et 25 % au maximum, en raison des coûts de transaction élevés et de la baisse de la demande intérieure. L'effet global, que prédit la Banque mondiale, est que la pandémie déclenchera la première récession dans la région en 25 ans, avec une prévision de croissance négative de 5,1 % en 2020 contre 2,4 % en 2019.

Le Premier ministre éthiopien et lauréat du prix Nobel de la paix 2019, Abiy Ahmed a noté dans le Financial Times, que la seule façon de vaincre le COVID-19 se ferait à travers un leadership mondial coordonné, dirigé par les pays du G20 et les institutions financières internationales. M. Ahmed appelle les économies avancées à venir en aide à l'Afrique par le biais de plans de relance économique significatifs. À défaut, les économies africaines sombreront dans l'abîme.

L'Afrique réagit

Mais cela ne signifie pas que les pays africains restent passifs face à l'impact économique du COVID-19. Au niveau continental, régional et national, des mesures coordonnées sont en place. À l'échelle du continent, l'Union africaine (UA) mène des négociations pour annuler près de 236 milliards de dollars de dette extérieure, qui feront office de trésor de guerre pour lutter contre la pandémie et qui serviront à stimuler pour relancer les économies. Le président de l'UA et Président de l'Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, a nommé Ngozi Okonjo-Iweala (économiste nigérian), Donald Kaberuka (économiste rwandais), Tidjane Thiam (banquier ivoirien) et Trevor Manuel (ancien ministre sud-africain des Finances) envoyés spéciaux de l'UA pour mobiliser un soutien économique international à la lutte africaine contre la pandémie, qui passe par un plan de relance global, mais aussi le paiement différé de la dette et de ses intérêts.

À l'échelon inférieur, les communautés économiques régionales d'Afrique sont également mobilisées. Les chefs d'État de la Communauté d'Afrique de l'Est, lors d'une réunion virtuelle pour faire le point sur l'effet du COVID-19 dans la région, ont noté que des secteurs clés de l'économie tels que l'agriculture, le commerce, le tourisme, la fabrication et l'industrie étaient en train de ralentir et ont convenu de soutenir les chaînes d'approvisionnement régionales pour assurer la production continue de biens essentiels.

Concernant les États, l'UA a reconnu les efforts déployés par des pays comme l'Éthiopie, Maurice, le Maroc, le Kenya, le Nigeria et l'Afrique du Sud, entre autres, après avoir introduit des mesures visant à aider les micro, petites et moyennes entreprises à faire face aux risques financiers à court terme, ainsi qu'aux résultats commerciaux à long terme, causés par le COVID-19. Ont ainsi été implantés un financement concessionnel, des réductions d'impôt, des prêts et subventions, des incitations à l'emploi, une assistance technique et d'autres soutiens indirects. L'objectif étant de réduire les pertes d'emplois, d'éviter la faillite et l'insolvabilité, de favoriser l'investissement et d'aider les économies à reprendre pied plus rapidement.

Au Kenya, le gouvernement a mis au point plusieurs mesures fiscales pour soulager les personnes et les entreprises les plus vulnérables en exonérant d'impôt les personnes à faible revenu (jusqu'à 240 dollars bruts mensuels), en réduisant le taux d'imposition par répartition (de 30 à 25 %), la TVA (de 16 à 14 %), de même que l'impôt sur le revenu des sociétés (de 30 à 25 %). La Banque centrale du Kenya a également joué un rôle déterminant en encourageant les transactions sans espèces afin de réduire la propagation potentielle du virus.

Pour ce faire, elle a ordonné aux banques de renoncer aux frais sur les transferts entre comptes bancaires et portefeuilles électroniques. Le Comité de politique monétaire de la Banque centrale a fait passer son taux directeur de 8,25 % à 7,25 %, ainsi que le ratio des réserves de trésorerie de 5,25 % à 4,25 %. La décision doit permettre d'augmenter les liquidités et promouvoir l'investissement privé. Avec près de 2 millions d'emplois en jeu dans le secteur touristique – contribuant à hauteur de 10 % du PIB – le gouvernement a annoncé l'injection de 5 millions de dollars pour soutenir l'industrie du tourisme.

La Banque de Zambie a réduit les frais de traitement du système de paiement et de règlement interbancaire du pays, et fait passer la limite pour les agents et les portefeuilles d'entreprises pour particuliers, agriculteurs et PME de 550 à 54 750 dollars. Il s'agit d'injecter plus de liquidités dans l'économie pour stimuler des activités économiques qui, autrement, cesseraient en raison de la pandémie.

En Ouganda, la Banque centrale est intervenue sur le marché des changes pour atténuer la volatilité excessive occasionnée par les effets du COVID-19 sur les marchés financiers mondiaux. Le gouvernement fournira également une aide en liquide aux institutions financières pendant 12 mois, afin d'assurer des prêts ultérieurs aux PME et de réduire le risque de voir des entreprises saines devenir insolvables par manque de crédit.

D'autres pays, comme le Rwanda, les Seychelles, Madagascar et la Sierra Leone, ont créé une structure spéciale de prêt aux banques commerciales, afin que les entreprises se maintiennent à flot et que les pertes d'emplois potentielles soient contenues. L'Afrique du Sud et Maurice ont créé un fonds de 56,26 millions de dollars et 130 millions de dollars respectivement.

Encore beaucoup à faire

Mais si la plupart des pays africains ont mis au point les mesures nécessaires pour faire face aux effets économiques négatifs causés par le COVID-19, il reste encore beaucoup à faire. Il est nécessaire de se concentrer sur le renforcement des systèmes de santé sur le continent en formulant de nouvelles politiques ou en mettant en œuvre celles qui ne sont pas usitées. Il s'agit en effet de soutenir une population majoritairement employée dans le secteur informel qui n'a pas accès à une assurance médicale. Il est également nécessaire de renforcer les partenariats entre l'Afrique et d'autres régions, en particulier les pays du G20, grâce à la création d'un fonds spécial pour soutenir le développement de systèmes de santé en Afrique.

Les pays africains doivent garder leurs frontières ouvertes pour assurer la libre circulation des personnes et des marchandises, conformément à l'Accord de libre-échange continental africain. Le coronavirus, cependant, menace cette initiative, mais les dirigeants peuvent en faire une occasion de coopération renforcée. Des gains rapides pourraient être réalisés en consolidant les projets d'intégration régionale visant à favoriser le commerce et le tourisme, à améliorer les chaînes de valeur régionales et à maintenir les économies des 16 pays enclavés du continent à flot.

 

* L'auteur est économiste, consultant et commentateur régional sur le commerce et l'investissement basé à Nairobi, Kenya.

 

* Pour vos commentaires : liuwei@chinafrica.cn

Imprimer

24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine


京ICP备08005356号-8 京公网安备110102005860