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Afrique
  2016-09-09
 

Le dividende numérique

par Mbom Sixtus | VOL. 8 septembre 2016
Mots-clés: Cameroun; numérisation

L’extension du réseau internet et l’accès à des smartphones bon marché seraient bénéfiques pour les entrepreneurs camerounais

 

Flavien Kouatcha consulte tous les jours ses courriels pour voir si des prospects ont répondu à ses annonces en ligne. Il a créé Sauver notre agriculture, une jeune pousse de l’agroalimentaire située à Douala, la capitale économique du Cameroun. Il fabrique des équipements destinés à l’aquaponie, qui permettent aux agriculteurs d’associer la culture des végétaux en symbiose avec l’élevage des poissons et ainsi économiser l’espace et l’eau. « Nos clients sont peu nombreux car nous nous adressons à de petits agriculteurs dans les zones rurales où la connexion internet reste un problème. Nous espérons que cela va changer très bientôt », explique-t-il à CHINAFRIQUE. Le Cameroun est considéré comme le grenier de la sous-région d’Afrique centrale en raison de l’importance de ses exportations de produits alimentaires dans la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac). M. Kouatcha souhaite y vendre ses équipements.

Kwajika Roland, dont la jeune pousse Duracana créée il y a 18 mois est spécialisée dans la conception graphique, estime aussi que sa société serait plus profitable si le Cameroun avait une économie numérique dynamique. « Même si nous sommes présents en ligne, nous devons voir les clients directement pour vendre nos services, ce qui est assez difficile. Si je devais évaluer nos performances, je mettrais 3/10 », dit-il.

Une lueur d’espoir

Comme ces deux entrepreneurs, de nombreux jeunes Camerounais souhaitent voir une amélioration de l’économie numérique pour exploiter au mieux leurs idées et leurs innovations. Parmi eux, on trouve Arthur Zang, l’inventeur du Cardiopad, une tablette numérique à écran tactile qui permet de procéder à des examens cardiaques comme l’électrocardiogramme dans des communautés éloignées et de les envoyer à des spécialistes pour effectuer un diagnostic. On trouve aussi Patrick Ehode, inventeur de Taxi Vairified, une application qui permet d’assurer la sécurité des passagers de taxis, ou Yann Carrel Amougou, qui a inventé Gotoschool, pour lutter contre l’absentéisme en classe.

D’après Ariel Ngnitedem, expert en finances publiques, le gouvernement travaille à la promotion de l’économie numérique. Il souligne que le Président Paul Biya a demandé au ministre des Postes et Télécommunications Minette Libom Li Likeng d’améliorer les infrastructures numériques du pays et de constituer une infrastructure à clés publiques (ICP) dans l’administration camerounaise. Cela facilitera un éventail d’activités comme la banque en ligne et le commerce en ligne. Le gouvernement a aussi obtenu d’un des trois fournisseurs de services de réseaux privés du Cameroun qu’il desserve principalement les zones rurales. Il s’agit d’une avancée pour encourager la pénétration de la téléphonie mobile dans le pays.

Rattraper le temps perdu

L’économie numérique est devenue la nouvelle expression à la mode au Cameroun après l’allocution du Président Paul Biya à la nation le 31 décembre 2015. Il a souligné que le pays devait développer une économie numérique afin d’accélérer la croissance et de contribuer à l’emploi des jeunes.

Vukenkeng Andrew Wujung, chargé de cours d’économie à l’Université de Bamenda, a fait savoir à CHINAFRIQUE que le 23 mars, le Comité interministériel pour le développement de l’économie numérique du Cameroun avait été créé pour accélérer le développement de l’économie numérique. Tous les programmes gouvernementaux doivent se conformer à ce projet, chaque ministère proposant des initiatives stratégiques au comité.

Un impact économique évident

Selon M. Wujung, le Cameroun possède un secteur agricole puissant avec ses cultures commerciales du café, de la canne à sucre, de la banane, du cacao, du caoutchouc, du thé et du manioc.

La production pétrolière chancelante et la forte baisse des cours du brut ont entraîné un creusement du déficit de la balance des paiements courants du Cameroun. Le pays connaît aussi des poches d’instabilité, notamment dans le nord, qui menacent de s’étendre dans le sud, plus prospère économiquement. La croissance moyenne observée du PIB du Cameroun de 2010 à 2015 a été légèrement au-dessus de 4 %. La Banque mondiale anticipe un taux de croissance compris entre 4,8 % et 5,4 % d’ici à 2020.

M. Wujung estime que cela justifie d’accorder une attention nouvelle aux sources de la croissance au Cameroun afin d’identifier les domaines qui peuvent dynamiser l’économie. Même si le pays peut s’enorgueillir de posséder l’économie la plus importante et la plus diversifiée de la sous-région de la Ceeac, le gouvernement a commencé à reconnaître publiquement qu’il doit améliorer l’environnement des investissements. Pour M. Wujung, la décision de faire de la numérisation le pivot de la croissance économique est un pas dans la bonne direction. Elle contribue déjà à hauteur de 5 % du PIB, a déclaré Mme Likeng lors d’un forum économique international à Yaoundé en mai 2015. Bruno Mettling, vice-directeur d’exploitation de l’opérateur Orange pour le Moyen-Orient et l’Afrique, était aussi présent à ce forum. Il a fait savoir que le Cameroun avait un fort potentiel pour passer de l’économie traditionnelle à l’économie numérique. Un constat que valide Li Jiguang, vice-président de Huawei pour l’Afrique centrale et de l’ouest, sachant que près de 80 % des Camerounais possèdent un téléphone mobile, mais une fraction seulement peut avoir accès à internet.

Pour M. Ngnitedem, l’afflux de smartphones chinois bon marché au Cameroun peut renverser cette tendance et être « vraiment un atout pour l’économie numérique du Cameroun, pas seulement pour les zones rurales, mais aussi pour les quartiers pauvres dans les zones urbaines ». Avec la portée accrue du réseau et l’accès aux smartphones, les entrepreneurs camerounais pourront donner à leur entreprise l’injection numérique qui leur fait terriblement défaut.

 

Exclusif CHINAFRIQUE

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