法语词典:
中文 ANGLAIS
ACCUEIL Chine Monde Economie Culture Environnement Chinafrique Documents
  2022-08-01
 

Une pépinière de talents

par Li Xiaoyu VOL. 14 AOÛT 2022  ·   2022-08-01
Mots-clés: coopération agricole ; STB

Un programme d’études lancé dans le cadre de la coopération agricole sino-africaine cherche à trouver des solutions à l’insécurité alimentaire en Afrique.  

Saturnin Zigani (à gauche) vérifie la croissance des cultures sur le terrain dans un champ expérimental du district de Quzhou, au Hebei, le 23 juillet 2020. (COURTOISIE) 

  

Ayant grandi dans un petit village du Burkina Faso, Saturnin Zigani, 36 ans, a fait l’expérience directe des difficultés rencontrées par de nombreux Africains dans leur lutte pour la sécurité alimentaire. « Les agriculteurs, y compris mes parents, peinent à obtenir un bon rendement malgré l’exploitation de grandes superficies », regrette le jeune homme. Selon lui, l’approche la plus efficace vers une agriculture intensive durable consiste à augmenter le rendement par unité de superficie plutôt que d’étendre les terres agricoles. Un enseignement qu’il a tiré de son expérience de huit années passées au ministère de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles et dans les ONG en tant que vulgarisateur. C’était donc une grande joie de pouvoir venir étudier à Beijing en bénéficiant d’une bourse du gouvernement chinois. « La réussite de la Chine dans la réduction de la pauvreté et sa capacité à nourrir une population de 1,4 milliard d’habitants avec seulement 9 % des terres arables du monde serviront d’inspiration au Burkina Faso », confie-t-il à CHINAFRIQUE.


Une expérience unique 

 

En septembre 2019, le jeune Burkinabè s’est inscrit au programme de master connu sous le nom de « Sino-Africa Science and Technology Backyard (STB) » de l’Académie nationale du développement agricole vert de l’Université d’agriculture de Chine (UAC). Le programme compte désormais trois promotions composées de 48 étudiants issus de dix pays africains. La plupart d’entre eux, forts d’une expérience professionnelle agricole, ont été recommandés par les partenaires du programme, dont la Banque mondiale, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et des entreprises chinoises installées en Afrique. « Cette disposition nous permet de recruter des étudiants ayant un besoin spécifique sur les techniques et pratiques agricoles de la Chine et un intérêt particulier pour son développement rural », indique à CHINAFRIQUE Jiao Xiaoqiang, professeur agrégé à l’UAC et coordinateur du programme. 

 

C’est le cas de Saturnin Zigani, qui s’est concentré sur l’utilisation efficiente de l’azote et les avantages du rendement dans les systèmes d’associations culturales de mil/légumineuses. « Le mil est la seconde céréale produite au Burkina Faso », explique le jeune homme. « Comparé aux autres céréales, le mil a un haut potentiel nutritif. Il est moins exigeant en fertilisant et résiste mieux aux conditions édaphiques et environnementales difficiles. » Il voulait donc contribuer à l’amélioration de la production de mil en Afrique de l’Ouest en tirant parti des bonnes pratiques et technologies de la Chine. 

 

À son grand plaisir, il a pu se familiariser avec la vie rurale dans un village du district de Quzhou, au Hebei, après avoir passé le premier semestre à étudier des cours théoriques tous dispensés en anglais. Dans son champ expérimental de dix mu (0,67 hectare) à la station de recherche de l’université à Quzhou, il a travaillé étroitement avec des exploitants, des enseignants et des collègues chercheurs : de la préparation du sol à la fertilisation, en passant par les semis et le désherbage. De cette expérience, il a obtenu un rendement moyen attractif en mil de six tonnes métriques par hectare, comparé à celui au Burkina Faso, qui est inférieur à une tonne par hectare. Il attribue cet écart de rendements à l’amélioration variétale, de bonnes pratiques agricoles et la grande fertilité des sols alimentés en engrais en Chine. 

 

Outre les grandes compétences académiques qu’il a acquises, il a eu l’occasion de découvrir et d’en apprendre davantage sur les aspects sociaux et culturels de la Chine, notamment en milieu rural. Malgré la barrière de langue, il a tissé des relations d’amitié très fortes avec les agriculteurs à Quzhou. « Ils étaient constamment chaleureux et serviables. Jusqu’à présent, nous continuons d’échanger via WeChat. Certains d’entre eux nous envoient des photos et des vidéos de leurs activités dans leur exploitation agricole », raconte-t-il avec émotion. 

 

Deux étudiants africains du programme « Sino-Africa Science and Technology Backyard » de l’Université d’agriculture de Chine apprennent avec leur formatrice chinoise sur le terrain à Quzhou, au Hebei. (COURTOISIE) 

  

Une approche efficace 

 

Lancée pour la première fois par l’UAC à Quzhou en 2009, l’approche STB vise à permettre aux experts agronomes, comme les professeurs, les étudiants diplômés et les vulgarisateurs, de vivre et travailler avec de petits agriculteurs pour identifier les principaux défis agricoles et trouver conjointement des solutions durables. Au cours de ces dernières années, cette plateforme intégrée a connu un énorme succès : plus de 400 STB ont été implantées dans les villages à travers le pays ; un total de 200 didacticiels et manuels ont été conçus ; et 3 300 sessions de formation ont été organisées auprès de quelque 160 000 agriculteurs. 

 

Selon M. Jiao, son succès a suscité un large intérêt et l’UAC a reçu le soutien d’organisations telles que la FAO, la Banque mondiale et la Fondation Bill & Melinda Gates afin de faciliter le transfert des STB en Afrique. La formation de talents devrait y jouer un rôle clé. Ainsi, le programme « Sino-Africa STB » a été lancé en 2019 pour offrir aux étudiants africains l’opportunité de s’initier à cette approche pendant leur première année d’études en Chine avant de les encourager à appliquer leurs connaissances dans leurs pays d’origine l’année suivante. 

 

COVID-19 oblige, la plupart des étudiants comme Saturnin Zigani ont dû rester en Chine tout au long de leur cursus. Ahmad Abdullahi Tinau en est une rare exception. Après une année d’études en Chine, il est retourné au Nigeria en 2020 malgré les restrictions dues à la crise sanitaire. Avec l’appui du groupe CGCOC, une grande entreprise de construction chinoise et un des partenaires du programme, il a effectué des recherches de terrain auprès des petits exploitants à la base du groupe au Nigeria pour identifier les problèmes de production locaux. En parallèle, il a participé à l’étude technique sur le riz régénératif pour améliorer la production céréalière. Son savoir-faire est largement reconnu par le groupe. 

 

Ayant été témoin des transformations positives apportées par l’approche STB en milieu rural chinois, Saturnin Zigani reste convaincu de son efficacité et estime que sa réplication en Afrique aidera le continent à réaliser son autosuffisance alimentaire. Le jeune homme est déterminé à mettre pleinement à profit l’expertise qu’il a accumulée en Chine et à mettre en place un programme de recherche similaire, une fois retourné dans son pays après avoir obtenu son diplôme cette année. « J’aimerais aussi faire le pont entre les universités et entreprises chinoises et celles du Burkina Faso. Cela facilitera la formation des nouveaux talents en Chine afin de relever les défis de développement de notre pays », conclut-il. 

Imprimer

24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine


京ICP备08005356号-8 京公网安备110102005860