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  2023-03-02
 

Petit pas, grand succès

par Li Xiaoyu VOL. 15 MARS 2023  ·   2023-03-02
Mots-clés: coopération agricole ; Tanzanie ; UAC

Des experts chinois s’engagent depuis plus d’une décennie en Tanzanie pour lutter contre la pauvreté à travers des technologies agricoles accessibles.

Les autorités locales et l’Université agricole de Chine apprennent aux habitants à faire du lait de soja dans une communauté de la région de Morogoro, en Tanzanie, en mai 2022. (COURTOISIE) 


Le lait de soja, une boisson traditionnelle chinoise, a désormais la cote parmi les habitants de la région de Morogoro, en Tanzanie. Nasoro Athumani, 61 ans, agriculteur au village de Peapea, en est l’un des disciples. Il n’avait pourtant jamais entendu parler du soja de sa vie, jusqu’à ce que ce dernier soit introduit pour la première fois dans son village ainsi que trois autres de la région, grâce à un nouveau projet de collaboration entamé l’année dernière par les autorités locales et l’Université agricole de Chine (UAC). 

 

Petit soja, grande nutrition 


En effet, le maïs constitue la principale denrée de base en Tanzanie. Si ses grains son riches en amidon, ils sont pourtant pauvres en protéines et particulièrement en lysine et tryptophane qui sont des acides aminés essentiels, ont observé les experts de l’UAC. Pour améliorer plus efficacement la structure nutritionnelle locale, ceux-ci ont pensé à l’introduction de la rotation maïs-soja, une méthode déjà largement appliquée en Chine depuis de longue date. 

 

D’après Wu Jin, doyenne exécutive de l’École de développement international et d’agriculture mondiale de l’UAC, le soja présente plusieurs avantages. « Les aliments à base de soja constituent une source de protéine végétale de très bonne qualité, soit une alternative aux protéines animales plus chères, apportant l’ensemble des neuf acides aminés essentiels », a-t-elle indiqué à CHINAFRIQUE. « Cette rotation peut également permettre de structurer le sol et de l’enrichir en azote, sans avoir à passer par des engrais. » 

 

Dans le cadre de ce projet, les experts chinois, en collaboration avec les autorités locales, ont distribué des graines de soja aux agriculteurs comme M. Athumani en janvier 2022 et fourni des instructions sur place et à distance sur les techniques de plantation et de gestion. 

 

Le mois de mai dernier a marqué le début de la saison de récolte du soja, apportant une immense satisfaction aux exploitants qui ont vu leurs efforts récompensés. M. Athumani a été nommé meilleur producteur de soja de son village en 2022 pour en avoir récolté 400 kg sur une parcelle de 0,75 acre (0,3 hectare). Il a obtenu une machine à lait de soja comme récompense. En regardant un liquide de couleur claire s’écouler de la machine, l’agriculteur ne pouvait pas contenir sa curiosité. Il a bu d’un seul trait la boisson et n’a pas pu s’empêcher de s’exclamer d’admiration : « Ça a bon goût. Je ne m’y attendais pas du tout ! » Voulant continuer sur cet élan, il prévoit d’étendre la superficie de plantation jusqu’à deux acres (0,8 hectare) cette année. 

 

Des étudiants africains du programme de master de l’Université agricole de Chine visitent un village de Kunming, chef-lieu de la province du Yunnan, en juillet 2022. (COURTOISIE) 


Des solutions ancrées dans le territoire 


De fait, ce n’est pas la première fois que l’équipe de l’UAC mène des projets de coopération agricole en Tanzanie. Depuis 2011, elle collabore avec les autorités de Morogoro sur le projet « Petite technologie, grande récolte », qui se concentre sur l’augmentation de la production de maïs et des revenus. 

 

Avant l’arrivée de l’équipe chinoise, de nombreux pays avaient fourni des assistances dans la région, n’ayant néanmoins pas abouti à des résultats concluants faute de solutions adaptées aux conditions locales. Après une enquête menée auprès des exploitants, les experts de l’UAC ont fini par avancer un concept de « partage d’expérience parallèle », qui consiste à tirer pleinement parti des ressources locales pour aider les agriculteurs à augmenter la production sans avoir à investir massivement dans les infrastructures. 

 

À la lumière de cela, l’équipe chinoise a commencé par le village de Peapea pour promouvoir des techniques accessibles comme le nivellement des terres, la mesure de l’écartement des rangs ou encore l’augmentation de la densité, l’utilisation de semences améliorées, le désherbage en deux passages, entre autres. Les techniques, si simples soient-elles, n’ont pas fait beaucoup d’adeptes au début, un seul ménage les appliquant pendant la première année. La plupart des agriculteurs ont fait preuve d’une grande réticence à l’égard de la viabilité du projet, en raison des barrières linguistiques, des différences culturelles et de l’incertitude quant aux conditions météorologiques. 

 

Au bout d’un an, les champs de démonstration, sur lesquels le maïs était disposé en rangées régulières, avec le plein développent des épis, offraient un contraste frappant avec les champs adjacents envahis par les mauvaises herbes. Convaincus de l’efficacité de la « petite » technologie chinoise, de plus en plus d’exploitants se sont portés volontaires pour participer au projet, qui s’est répandu aujourd’hui à plus de dix villages de la région, avec plus de 1 000 adhérents. Les rendements ont triplé ou quadruplé pour passer de quatre à cinq sacs par acre à 18 sacs en moyenne. 

 

Fikiri Kisairo, un agriculteur du village de Kitete de la région de Morogoro, a rejoint ce projet en 2019. Aujourd’hui, grâce aux bénéfices qu’il a tirés de sa récolte de maïs florissante, il a réussi à pourvoir aux besoins quotidiens de sa famille et à payer les frais de scolarité de ses deux enfants. « L’une des grandes réussites de notre projet consiste à révolutionner les connaissances et les pratiques des agriculteurs locaux sur la culture du maïs. Cela permet en parallèle de lutter contre la pauvreté », a affirmé Mme Wu. 

 

Une coopération Sud-Sud exemplaire 


En plus des effets de la technologie chinoise sur la production, les changements de l’attitude des agriculteurs s’expliquent également par le système de coopération entre l’UAC et ses partenaires locaux. En tant que partie prenante, l’Université d’agriculture Sokoine a, par exemple, aidé à mener l’étude de faisabilité et à gérer le suivi et l’évaluation du projet ; la technologie chinoise s’est aussi intégrée dans le système de vulgarisation agricole du gouvernement local, les agents de vulgarisation exceptionnels pouvant être récompensés ; l’UAC a même mis en place un milieu d’activités collectives au niveau communautaire, facilitant l’apprentissage mutuel entre les ménages et la diffusion à grande échelle de nouvelles techniques. 

 

Le projet « Petite technologie, grande récolte » a été cité à plusieurs reprises comme un bel exemple de coopération Sud-Sud par l’ONU. En parlant de ce cas exemplaire de collaboration entre les pays en développement, Jorge Chediek, ancien directeur du Bureau des Nations unies pour la coopération Sud-Sud, a déclaré : « De petits changements peuvent produire des résultats extraordinaires. Cette expérience montre à quel point la coopération peut être importante et précieuse pour le Sud, et la Chine peut l’être pour le développement de l’Afrique et du reste du monde. » 

 

Toujours dans l’esprit de « partage d’expérience parallèle », l’UAC a lancé, en 2019, un programme de master portant le même nom que le projet de maïs en Tanzanie. Ce programme n’est pas réservé aux étudiants tanzaniens, mais ouvert à tous les candidats africains qui ont envie d’étudier en Chine pendant deux ans afin d’assimiler l’expérience du pays. La sélection des candidatures a désormais redémarré pour le nouveau semestre. 

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