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  2023-03-20
 

Tisser une industrie solide

par Li Xiaoyu VOL. 15 MARS 2023  ·   2023-03-20
Mots-clés: Rwanda ; C&H ; Made in Rwanda

En réponse à l’initiative « Made in Rwanda », une entrepreneure chinoise a créé la première usine de confection moderne dans ce pays d’Afrique de l’Est.

L’implantation de C&H dans la Zone économique spéciale de Kigali a largement contribué à renforcer la capacité de fabrication nationale du Rwanda. (COURTOISIE) 

 

La Zone économique spéciale de Kigali (KZES), située à seulement dix minutes de l’aéroport, attire désormais des industriels du monde entier et contribue à la transformation du Rwanda en un centre régional de fabrication, en accord avec sa vision nationale pour 2035. C’est là qu’est née la première usine de confection textile moderne du pays, C&H Garment, et c’est encore là que sa fondatrice chinoise, Ma Xiaomei, a créé ses souvenirs les plus mémorables envers le pays des mille collines. 

 

Une preuve de concept 


Traditionnellement, la croissance économique du Rwanda a été soutenue par le secteur des services et la productivité agricole, mais l’industrie manufacturière, qui n’a contribué qu’à hauteur de 15 % au PIB du Rwanda en 2015, a généralement pris du retard. Un panorama que le gouvernement tient à repeindre dans le but de réduire sa dépendance aux importations, ainsi que de créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité à travers le transfert de technologie. À cet effet, il cherche à encourager l’investissement des entrepreneurs expérimentés dans ce secteur. 

 

Forte de son expertise en technologie de l’habillement, Mme Ma a lancé, en 2007, sa première entreprise au Kenya, Future Garments, qui employait 1 500 personnes et exportait des vêtements vers des sociétés comme Walmart et Target. Sa riche expérience professionnelle dans le secteur textile en tant que technicienne, puis cheffe d’entreprise, dans plusieurs pays africains depuis 2001, a fini par attirer l’attention du gouvernement rwandais. Sur l’invitation de celui-ci, elle a effectué une visite commerciale en 2014 dans le pays. Au début, l’entrepreneure chinoise n’a pas été convaincue de ses conditions d’exportation du fait de son enclavement qui l’empêche d’accéder directement aux voies de navigation achalandées de la côte est. Mais la sincérité et l’ambition des autorités rwandaises d’éliminer progressivement les vêtements d’occasion occidentaux pour développer le « Made in Rwanda » l’ont amenée à changer d’avis. 

 

À bien des égards, le Rwanda a créé un environnement propice aux investissements étrangers pour stimuler sa fabrication nationale. La mise en place en 2009 de la KZES, une fusion du parc industriel de Kigali et de la zone de libre-échange du pays, en a été l’un des fers de lance. Celle-ci fournit des infrastructures difficiles d’accès ailleurs dans le pays, comme des câbles d’égouts et de fibre optique. De son côté, le Rwanda Development Board (RDB), un département gouvernemental responsable de la facilitation des investissements dans l’économie nationale, offre des processus d’enregistrement simplifiés et une attention personnalisée pour les investisseurs étrangers. Par ailleurs, la garantie du gouvernement rwandais de cofinancer des programmes de formation a été importante pour gagner la confiance de Mme Ma. 

 

En juillet 2014, le RDB a signé un protocole d’accord avec l’investisseur chinois au sujet de son implantation dans le pays. Clare Akamanzi, cheffe du RDB, a décrit le partenariat comme un coup de pouce pour l’industrie manufacturière locale : « En cas de succès, cet investissement servira de preuve de concept qui apportera d’autres investissements au Rwanda. » 

 

Le transfert de technologie 


Pour être à la hauteur des attentes, Mme Ma s’est engagée de tout cœur dans la nouvelle entreprise au Rwanda. En septembre 2014, sa toute première campagne de recrutement a attiré plus de 200 candidats. Lors de son ouverture officielle dans la KZES en 2015, C&H a embauché 300 Rwandais supplémentaires, dont les deux tiers étaient des femmes, qui allaient constituer l’équipe de production principale de l’usine. 

 

L’industrie textile rwandaise souffrant d’une base fragile et d’un personnel technique insuffisant, Mme Ma a convié des formateurs chinois et kényans de haut niveau et acheté plus de dix conteneurs de tissus uniquement à des fins de formation. Afin de répondre aux demandes croissantes de designers locaux et de marques internationales pour les produits brodés à la main, elle a même créé un programme de formation à la broderie en invitant des maîtres-brodeuses de Guangzhou et de Suzhou, deux villes chinoises célèbres pour cet art. 

 

Si elle a admis qu’il y avait des défis initiaux avec les ouvriers rwandais qui manquaient d’expérience professionnelle pour une entreprise internationale, elle a été impressionnée par la rapidité avec laquelle ils ont acquis des compétences. « En seulement un ou deux mois, ils étaient déjà capables de produire la qualité requise pour les marchés internationaux. À cet égard, le Rwanda est remarquable », a partagé Mme Ma avec CHINAFRIQUE. « Notre équipe est énergique, disciplinée et désireuse d’apprendre et de gagner décemment sa vie. Nous sommes ravis de les aider à atteindre leurs objectifs. » 

 

Après avoir achevé leur programme de formation chez C&H, les stagiaires reçoivent un certificat qui peut être utilisé dans les entreprises manufacturières rwandaises de l’industrie textile, ce qui, selon Jean Claude Nshimyumukiza, « contribue à réduire le nombre de chômeurs ». Pour ce jeune chef de groupe, l’entreprise a offert plus que de simples opportunités d’emploi, mais lui a également permis d’acquérir une expérience professionnelle, ainsi que de développer sa capacité de planifier des processus de production et d’organiser la main-d’œuvre. « Après avoir appris tant de choses ici, je peux maintenant aller créer ma propre usine », a-t-il ajouté. Au moment du départ de Mme Ma en 2019, plus de 2 000 employés locaux travaillaient à l’usine, dont neuf cadres supérieurs. 

 

L’entrepreneure chinoise, Ma Xiaomei, a créé la première usine de confection moderne du Rwanda. (COURTOISIE) 


En réponse au « Made in Rwanda » 


Comme beaucoup d’autres pays africains, le Rwanda était un grand importateur de vêtements d’occasion en provenance des États-Unis. Pour changer la donne, le pays, comme les autres membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), a augmenté les droits de douane sur ces produits en mars 2017 et a appelé à une campagne « Made in Rwanda ». À cet égard, l’usine de Mme Ma est devenue un modèle pour l’industrie textile, C&H produisant une large gamme de vêtements principalement destinés aux marchés internationaux. 

 

En 2018, en réponse à la mesure de la CAE, l’administration de Donald Trump a suspendu l’application du traitement en franchise de droits à tous les produits éligibles à la Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique dans le secteur de l’habillement pour cette région africaine. Si les autres nations de l’organisation ont reculé, le Rwanda a continué à faire valoir que l’arrêt de l’invasion de vêtements d’occasion est nécessaire pour renforcer sa capacité de fabrication nationale. 

 

Mme Ma a admis que cette nouvelle politique américaine avait donné un coup dur aux activités de C&H, 80 % de ses produits étant exportés vers les États-Unis. Face à une baisse significative des commandes de la part de ses anciens clients, elle a dû prendre une décision difficile en 2019 : transférer ses droits de propriété à un autre investisseur chinois qui pouvait trouver des commandes européennes. 

 

À son grand plaisir, C&H fonctionne à plein régime aujourd’hui et accroît ses exportations vers les pays de l’Afrique de l’Est. Mme Ma, elle, est retournée au Kenya pour créer une autre usine de fabrication de vêtements. Pourtant, son expérience au Rwanda lui tient encore à cœur. Malgré son départ, elle a joué un « rôle positif dans la croissance de l’industrie manufacturière rwandaise » si l’on reprend les formules du Président chinois Xi Jinping dans son article publié dans le journal rwandais The New Times, avant sa visite d’État dans ce pays d’Afrique de l’Est en juillet 2018. 

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