La communauté chinoise apporte 
son aide aux victimes du cyclone Freddy au Malawi.

Shen Yanwu fait don d’articles de secours aux victimes du cyclone. (COURTOISIE) 

Rose Amin, vendeuse et habitante du quartier de Ndirande dans la ville commerçante de Blantyre au Malawi, fait partie des personnes évacuées et démunies qui résident actuellement dans les salles de classe de l’école élémentaire de Namalimwe, située en périphérie de la ville. Sa maison, tout comme celles de nombreux autres résidents, a été dévastée par le cyclone Freddy, qui a causé d’importants dégâts à travers le pays à la mi-mars. 

Selon Mme Amin, elle est l’une des chanceuses ayant échappé de peu à un destin tragique. « La pluie a commencé à tomber et je me suis précipitée au marché pour m’occuper de mes marchandises. Lorsque je suis revenue après les fortes averses, j’ai découvert que ma maison avait disparu. Elle a été emportée par les eaux, ainsi que tout ce qu’elle contenait. Je suis donc venue ici [à l’école] », a-t-elle confié à CHINAFRIQUE. 

De bons samaritains 

Les réfugiés dans l’école, selon Mme Amin, n’avaient rien mangé depuis deux jours et perdaient espoir d’obtenir de la nourriture en raison des dégâts causés par le cyclone. Cependant, plus tard le troisième jour, des camions sont arrivés avec des fournitures de secours apportées par des membres de la communauté chinoise locale informés de leur situation. Ces derniers ont fourni une quantité importante de produits, notamment des denrées alimentaires essentielles et des couvertures. Des articles de secours ont été distribués non seulement à Ndirande, mais également dans d’autres cantons tels que Bangwe, Chilobwe, Manja et South Lunzu. 

Le président de la communauté chinoise de Blantyre, Shen Yanwu, a exprimé son profond chagrin face aux dégâts considérables causés par le cyclone Freddy aux habitants du pays. De nombreuses maisons ont été dévastées, les biens ont été endommagés et les cultures ont été détruites, laissant les populations avec très peu de ressources. Face à cette situation désastreuse, ils ont décidé d’agir pour aider les survivants, car ils se sentaient concernés en tant que membres de la communauté locale. 

Parmi ceux qui ont accompagné la communauté chinoise lors de la livraison des secours se trouvaient des responsables du conseil municipal de Blantyre. Dennis Chinseu, directeur général du conseil, a exprimé sa reconnaissance en déclarant que le don était un immense soulagement pour les personnes évacuées. Il a appelé à une plus grande assistance de la part de tous les sympathisants pour répondre aux besoins énormes de la communauté touchée. 

La communauté chinoise à travers le Malawi a fait don d’articles de secours d’une valeur d’environ 45 millions de kwachas zambiens (44 146 dollars) ainsi qu’un chèque en espèces de 30 millions de kwachas zambiens (29 431 dollars) pour soutenir les victimes du cyclone. Gu Mu, représentant de la communauté chinoise dans tout le pays, a souligné que cela faisait partie de la responsabilité sociale des entreprises chinoises envers le peuple du Malawi. « Notre communauté est composée de plusieurs entreprises chinoises de différents secteurs, et comme nous sommes ici depuis longtemps, nous avons entendu l’appel à l’aide du gouvernement malawite et nous sommes intervenus pour aider les personnes touchées », a expliqué M. Gu à l’agence de presse Xinhua. 

Le 20 mars, le Président chinois Xi Jinping a présenté ses sincères condoléances aux Présidents du Malawi et du Mozambique suite au cyclone tropical qui a touché les deux pays. Au nom du gouvernement et du peuple chinois, M. Xi a exprimé sa sympathie envers les victimes et s’est montré confiant quant à la capacité des deux pays à se remettre de cette catastrophe et à reconstruire leur patrie. 

Une zone de Chilobwe où des maisons ont été emportées. (ANDREW MTUPANYAMA) 

Une situation tragique 

Selon les chiffres du Département des affaires de gestion des catastrophes du Malawi, la tempête a causé la mort d’au moins 676 personnes, blessé 2 171 autres et évacué 659 278 personnes dans le sud du pays à la fin du mois de mars. Depuis, le Malawi a entrepris des efforts de reconstruction pour rétablir les routes et les infrastructures détruites par le cyclone. 

Il est indéniable qu’une assistance supplémentaire est requise, car la magnitude de la destruction a dépassé les capacités de gestion du gouvernement. Cela explique probablement pourquoi le Président Lazarus Chakwera a déclaré l’état de catastrophe, en particulier dans la région sud du pays. 

En parcourant le Malawi, on se rend compte que de nombreuses routes sont impraticables, ce qui a pour conséquence de couper les communautés et de rendre les tentatives de sauvetage presque impossibles. Dans certains cas, les routes encore accessibles étaient bloquées par des arbres effondrés. De plus, de nombreux ponts ont été détruits, ce qui est préoccupant car l’Autorité des routes du pays a annoncé que les réparations nécessaires pour les remettre en état exigeraient des fonds considérables. 

De nombreux défis 

En plus de la perte tragique de vies humaines et de maisons, une autre préoccupation a été soulevée par la députée et présidente du caucus parlementaire des femmes du Malawi, Roseby Gadama. Cette préoccupation concerne en particulier les femmes. 

Selon elle, de nombreuses femmes travaillant dans de petites entreprises ont été gravement touchées par les effets du cyclone, car elles ont perdu une partie, voire la totalité de leurs biens. Elle a souligné que l’impact a été particulièrement ressenti dans les ménages dirigés par des femmes. Pour répondre à cette situation, le caucus parlementaire des femmes a appelé le gouvernement et les parties prenantes à mettre en place des programmes permettant aux femmes de renforcer leurs compétences entrepreneuriales et de reconstruire leur vie. 

Fin mars, le ministre de l’Information et de l’Éducation civique, Moses Kunkuyu, a informé que l’évaluation de la catastrophe montrait que des dizaines de ponts et de routes avaient été emportés, ce qui compliquait l’aide d’urgence. Il a ajouté que 405 km d’infrastructures routières ont été touchées, ainsi que 63 établissements de santé et 944 784 installations d’eau, d’assainissement et d’hygiène ont été détruits. 

La disponibilité de l’eau potable est devenue un défi majeur dans de nombreuses régions du Malawi. L’année dernière, lorsque le choléra a frappé le pays, le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Abida Mia, a ordonné aux offices des eaux de reconnecter les kiosques qui avaient été déconnectés en raison des factures impayées. Cette mesure a permis d’améliorer la situation dans certaines régions, mais malheureusement, certains kiosques à eau ont également été emportés par les inondations. 

Parallèlement, l’éducation a également été durement touchée, car les salles de classe ont été réquisitionnées pour abriter les personnes évacuées. Selon M. Kunkuyu, au moins 500 écoles ont été endommagées par la tempête, mais les autorités ont travaillé rapidement pour rouvrir des écoles dans quatre districts à la fin du mois de mars. 

Le Président Chakwera a lancé un appel mondial pour soutenir les efforts de secours face à cette tragédie. « Le niveau de dévastation que nous avons connu dépasse nos ressources », a-t-il soutenu tout en annonçant deux semaines de deuil national. Le gouvernement a promis d’allouer des fonds substantiels pour aider les centaines de milliers de Malawites touchés par la tempête, et des efforts considérables sont en cours pour fournir une assistance d’urgence. 

Reportage du Malawi