L’Alibaba Business School façonne la prochaine génération d’innovateurs rwandais, prêts à transformer l’écosystème entrepreneurial.

Eulade Ndikubwimana (troisième à gauche) et ses camarades rwandais fraîchement diplômés de l’Alibaba Business School, à Hangzhou, dans la province du Zhejiang, le 15 juin. (RWANDA DEVELOPMENT BOARD) 

La coopération sino-rwandaise en matière de commerce électronique vient de franchir une nouvelle étape majeure. Vingt-deux étudiants rwandais viennent de clôturer avec brio un cursus de quatre ans en e-commerce à l’Alibaba Business School (ABS), affiliée à l’Université normale de Hangzhou, Zhejiang. Ces étudiants sont les premiers bénéficiaires de l’accord conclu entre le Rwanda et Alibaba en octobre 2018, dans le cadre de l’initiative eWTP (Plateforme électronique du commerce mondial). 

Comme l’a rappelé Virgile Rwanyagatare, deuxième conseiller à l’ambassade du Rwanda en Chine, lors de la cérémonie de remise des diplômes, le 15 juin, « les diplômés d’aujourd’hui sont les bénéficiaires de bourses rendues possibles par la collaboration eWTP et, à ce titre, ils représentent la dernière réussite en date de ce partenariat en plein essor ». 

Parmi eux, Eulade Ndikubwimana se souvient encore du jour où, quittant famille et amis à l’aéroport de Kigali en septembre 2019, il s’était envolé pour la Chine. Faisant partie des cinq meilleurs étudiants de sa classe au lycée, Eulade avait le choix parmi de nombreuses universités de prestige de son pays. Cependant, attiré par la réputation de l’ABS, la qualité de ses cours, et les opportunités uniques qu’elle offrait, il opta pour ce choix. Quatre ans plus tard, il ne regrette rien et reste déterminé à dynamiser le secteur de l’e-commerce au Rwanda. 

Une boîte à outils 

Tout au long de son cursus en Chine, Eulade a suivi des cours axés sur l’Internet, le commerce international et le commerce électronique transfrontalier, qu’il juge très utiles pour ses activités entrepreneuriales actuelles et futures. « Ces cours nous aident à comprendre les complexités des transactions transfrontalières, à développer des stratégies efficaces d’entrée sur le marché, à naviguer dans les cadres réglementaires et à établir des liens avec des partenaires internationaux », partage-t-il avec CHINAFRIQUE. 

L’ABS est située à Hangzhou, épicentre d’une économie numérique florissante, portée entre autres par des géants comme Alibaba. Eulade a su capitaliser sur cette dynamique locale, se plongeant dans l’effervescence de la sphère numérique chinoise. Il s’est notamment impliqué dans des événements phares de l’e-commerce, tels que le festival Taobao Maker, la Conférence Yunqi, ou la Conférence mondiale de l’Internet à Wuzhen, non loin de Hangzhou. « La participation à ces événements peut fournir des informations précieuses, des possibilités de réseautage et une exposition aux développements de pointe dans le secteur », explique-t-il. 

En parallèle, il a pris part à diverses initiatives entrepreneuriales, de la création d’un e-shop à la prospection de nouvelles méthodes de paiement. « Grâce à ces expériences, j’ai pu acquérir une compréhension approfondie des opérations de commerce électronique, des stratégies de marketing et de la puissance des plateformes numériques », détaille-t-il. En outre, il a développé des expertises en gestion de la chaîne d’approvisionnement et en analyse des données et du comportement des clients à l’ère numérique. « Ce sont des compétences les plus utiles que j’aie acquises au cours de mes quatre années d’études à l’ABS. » 

Un étudiant du programme de premier cycle en e-commerce d’Alibaba fait ses adieux à sa famille et ses amis à l’aéroport de Kigali, au Rwanda, avant son départ pour la Chine, le 9 septembre 2019. (XINHUA) 

Vers une révolution numérique 

Lors de la cérémonie de remise des diplômes, Zhang Jianlin, doyen exécutif de l’ABS, a déclaré : « Les connaissances que vous avez acquises ici seront essentielles pour conduire la transformation numérique de votre pays. » 

Eulade, pour sa part, est déterminé à déployer des stratégies numériques pour stimuler la croissance et l’entrepreneuriat au Rwanda. Son objectif ? Accompagner les entreprises locales pour qu’elles exploitent pleinement les plateformes d’e-commerce, élaborent des campagnes de marketing digital performantes, perfectionnent leurs chaînes logistiques, et basent leurs décisions sur des analyses précises. 

Sachant l’impact majeur des nouvelles technologies sur la Chine, Eulade envisage d’en transposer certaines au Rwanda. Il voit notamment un potentiel dans la reconnaissance faciale pour renforcer la sécurité. Il évoque également la possibilité d’implanter une solution de covoiturage similaire à DiDi Chuxing, pour moderniser les transports, augmenter leur accessibilité et dynamiser le tourisme rwandais. « L’intégration de ces technologies au Rwanda nécessiterait une collaboration étroite avec les acteurs clés, incluant les autorités, les entreprises privées et les fournisseurs de technologie », précise-t-il. 

Pour lui, l’essor de l’économie numérique rwandaise passe par l’amélioration de l’infrastructure digitale, l’encouragement à l’innovation et l’entrepreneuriat, et la mise en place de politiques adéquates. Des talents comme lui ont un rôle crucial, que ce soit en guidant les futurs entrepreneurs, en défendant des régulations bienveillantes, ou en co-créant des solutions durables avec les différents acteurs. 

Un modèle d’inspiration 

Eulade est convaincu que l’eWTP peut stimuler la digitalisation du Rwanda s’il est bien mis en œuvre. Il voit en cela une chance d’ouvrir les marchés internationaux aux jeunes et femmes du Rwanda, tout en offrant formations et soutien adaptés à l’ère numérique. 

Il évoque avec admiration Kevine Kagirimpundu. En 2021, la fondatrice de la marque de mode rwandaise Uzuri k & y les a inspirés depuis Kigali via visioconférence, les poussant à donner le meilleur d’eux-mêmes dans cette « école de l’excellence ». Pour Eulade, Kevine est un modèle incontestable. En mars 2019, elle avait rejoint Hangzhou pour une formation destinée aux jeunes entrepreneurs offerte par Alibaba. Ces deux semaines ont affiné ses compétences managériales et lui ont montré comment l’e-commerce peut révolutionner le commerce traditionnel. 

À son retour au Rwanda, Kevine a lancé sa boutique en ligne en un mois. Elle est vite devenue la référence mode en ligne du Rwanda. Puis, en novembre 2019, elle a brillé lors du Concours des entrepreneurs africains, organisé par la Fondation Jack Ma, en se classant parmi les dix meilleurs. 

Eulade n’oubliera jamais les mots de Kevine : « Le développement économique du Rwanda a besoin de plus de talents ayant reçu une éducation de haut niveau, j’espère que vous pourrez faire mieux que moi ! » Dans cette perspective, Eulade a pleine confiance en l’avenir qui l’attend !