2024-05-16 |
Voûtes célestes, terres fertiles |
par Ehizuelen Michael Mitchell Omoruyi · 2024-05-16 |
Mots-clés: coopération spatiale |
La collaboration sino-africaine dynamise l’industrie spatiale et stimule le développement socio-économique.
Des délégués chinois et algériens lors de la cérémonie de mise en orbite du satellite Alcomsat-1, à Alger, en Algérie, le 1er avril 2018. (XINHUA)
Autrefois, l’espace extra-atmosphérique était dominé par quelques nations puissantes et souvent perçu comme séparé des enjeux de sécurité humaine et de développement plus larges. Cependant, récemment, l’évolution des technologies spatiales est devenue un domaine vibrant, impliquant une majorité de pays, y compris ceux du continent africain. Ces nations s’investissent dans l’espace pour répondre à leurs problématiques socio-économiques les plus pressantes. Depuis le début du millénaire, les pays africains ont accru leur intérêt pour le développement de leurs capacités spatiales, afin de faire face à des défis majeurs tels que le changement climatique, la pauvreté, le terrorisme et la migration forcée.
L’Union africaine (UA), dans son « Agenda 2063 : L’Afrique que nous voulons », un projet et un plan directeur visant à transformer le continent, a reconnu la technologie spatiale comme un levier crucial pour la sécurité et le développement. Cela inclut la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, mais aussi la stimulation du développement économique et de la transformation continentale.
Dans ce contexte, tandis que l’UA ambitionne de développer son propre programme spatial, la Chine a déjà franchi des étapes significatives dans l’exploration spatiale. En effet, dès 2003, elle est devenue le troisième pays à envoyer des humains dans l’espace et, en 2021, elle a entamé la construction de sa propre station spatiale.
Besoin de collaboration
Les pays africains reconnaissent l’importance de développer des capacités spatiales avancées pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2063. Cette ambition nécessite une collaboration étroite non seulement entre les nations africaines elles-mêmes, mais également avec des partenaires internationaux, notamment la Chine. Cette dernière cherche à renforcer un partenariat global avec l’Afrique, où le développement des technologies spatiales se présente comme un domaine de synergie significatif dans les interactions bilatérales et multilatérales.
Dans le cadre de cette collaboration renforcée, la Chine apporte son soutien à travers divers moyens, tels que l’exportation de satellites, le partage de ressources satellitaires, les échanges de technologies, et la construction d’infrastructures nécessaires au développement des programmes spatiaux africains. Ces initiatives visent à soutenir le développement socio-économique et à améliorer les conditions de vie sur le continent, motivant ainsi les pays africains à renforcer leurs liens avec la Chine. Un éventail d’acteurs, incluant des agences gouvernementales, des entreprises privées et des universitaires des deux côtés, travaille à concrétiser ces ambitions spatiales.
L’engagement de la Chine dans le développement spatial des pays africains s’aligne sur ses stratégies de coopération internationale, visant à intégrer des objectifs de développement, de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Cet effort comprend le financement et le lancement des premiers satellites de communication du Nigeria en 2007 et 2011, illustrant l’ampleur de la collaboration sino-africaine dans les domaines de la navigation, du positionnement par satellite, ainsi que de la surveillance climatique et de la gestion des catastrophes.
En plus de ces initiatives, la Chine a joué un rôle crucial dans le développement de stations au sol en Éthiopie, facilitant la construction de l’ETRSS-1, et a soutenu la mise en orbite des premiers satellites de communication pour l’Algérie en 2017 et pour l’Éthiopie et le Soudan en 2019. D’autres projets comprennent le financement partiel des satellites ET-SMART-RSS de l’Éthiopie, AlSat-1N de l’Algérie, et EgyptSat-2 de l’Égypte.
La formation de talents africains dans le secteur spatial est également une priorité pour la Chine, qui accueille et forme des scientifiques et ingénieurs, notamment nigérians, leur offrant une participation active dans la conception et la construction de satellites.
Bureau de l’Agence spatiale égyptienne au Caire, en Égypte. (XINHUA)
Gains de croissance
Cette collaboration spatiale fructueuse a établi la Chine comme un partenaire privilégié pour les pays africains désireux de réduire les coûts, renforcer les capacités et faciliter le transfert de technologie. En mai 2023, 15 pays africains avaient déjà lancé un total de 55 satellites. Plus de 20 pays africains possèdent à présent des programmes spatiaux, animant une industrie qui a généré 19,49 milliards de dollars en 2022 et qui est projetée à atteindre plus de 22,64 milliards de dollars d’ici 2026. Par contraste, bien que les agences fédérales et les universités américaines participent activement à des partenariats de recherche avec certains pays africains, la technologie spatiale n’a pas été une priorité dans la politique étrangère américaine envers l’Afrique.
La Chine partage son expertise et ses technologies spatiales avancées avec les pays africains, soutenant leur croissance et leurs ambitions spatiales. Cela les aide à façonner leur avenir et à développer leur continent. Le Plan d’action de Dakar (2022-2024) du Forum sur la Coopération sino-africaine met en lumière la nécessité d’une coopération accrue dans les technologies aérospatiales et le développement des infrastructures pour améliorer les conditions de vie et le développement social en Afrique.
La dynamique de croissance et la coopération entre l’Afrique et la Chine dans le secteur spatial, conjuguées à l’internationalisation de la politique spatiale chinoise et à l’intégration des infrastructures spatiales dans l’initiative « la Ceinture et la Route », montrent un chemin partagé vers l’excellence technologique et des aspirations communes. En plus de favoriser des ambitions partagées, cette collaboration aide substantiellement à la modernisation des pays africains à travers la surveillance climatique, la gestion des catastrophes et l’amélioration des technologies de communication.
Toutefois, pour que les pays africains bénéficient pleinement de la collaboration avec la Chine dans le développement technologique spatial, ils doivent surmonter l’appréhension face à l’avenir et le poids du passé colonial. En voyant la Chine comme un partenaire fiable et en adaptant la technologie spatiale à leurs besoins, les pays africains pourront lutter contre les défis climatiques, la pénurie alimentaire et la fragilité environnementale en collaboration avec la Chine, renforçant ainsi une communauté de destin et contribuant à un monde plus inclusif.
L’auteur est directeur exécutif du Centre d’études nigérianes, Institut d’études africaines, Université normale du Zhejiang.
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