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  2024-08-01
 

Innovation à trois roues

VOL.16 / AOÛT 2024 par GODFREY OLUKYA  ·   2024-08-01
Mots-clés: tricycles chinois ; Ouganda

Les tricycles fabriqués en Chine révolutionnent les transports en Ouganda. (GODFREY OLUKYA)

Dans de nombreux villages et villes ougandais, l’arrivée des tricycles à moteur fabriqués en Chine a marqué un tournant pour les navetteurs et les entrepreneurs. Connus sous le nom local de tuku tuku, ces tricycles ont transformé le paysage des transports, impactant aussi bien les zones urbaines densément peuplées que les régions rurales. Ils sont devenus un spectacle courant sur les routes nationales, où ils transportent des marchandises, des passagers et même des animaux avec aisance.

Fred Byamukama, ministre d’État ougandais chargé des travaux publics et des transports, souligne l’importance de ce phénomène : « L’Ouganda a vu une augmentation significative des importations de ces tricycles en provenance de Chine ces dernières années. Leur popularité s’explique par leur coût abordable et leur grande adaptabilité, leur permettant de circuler aisément sur des routes encombrées, dans des ruelles étroites, et même sur des chemins de villages. »

Des trois-roues omniprésents

L’adoption des tricycles à moteur en Ouganda, un phénomène qui ne date que d’une dizaine d’années, montre un changement notable dans les modes de transport du pays. Ces véhicules, majoritairement importés de Chine, sont désormais disponibles dans divers concessionnaires des grandes villes, ainsi que sur les plateformes de vente en ligne.

Andrew Kwasi, un revendeur de tricycles à Jinja, explique que jusqu’en 2015, le marché ougandais était dominé par des modèles plus coûteux importés d’Inde, ce qui a rendu l’accès difficile pour la majorité. « Autrefois, ces tricycles étaient principalement utilisés par des commerçants pour acheminer des marchandises aux magasins, mais aujourd’hui, ils sont omniprésents à travers le pays », affirme-t-il à CHINAFRIQUE.

Ali Kasirye Nganda Mulyanyama, maire de la division Makindye à Kampala, souligne l’efficacité des tricycles dans les zones urbaines densément peuplées, où ils représentent le moyen de transport le plus rapide et le plus économique. « Dans les zones rurales, ils sont également cruciaux, permettant des déplacements là où les voitures ne peuvent pas accéder, particulièrement sur les routes étroites et en mauvais état », ajoute-t-il.

Il illustre leur polyvalence en décrivant leur rôle dans les mariages de la région du Nil occidental : « Les tricycles sont fréquemment utilisés pour transporter les invités, y compris les mariés et leurs proches, vers les sites des cérémonies et les lieux de réception, jouant un rôle central dans ces événements communautaires. »

Les tricycles sont capables de rouler dans diverses conditions routières. (GODFREY OLUKYA)

De nombreuses utilisations

Les entrepreneurs ont rapidement su tirer parti des tricycles pour transporter biens et services vers des zones moins accessibles. William Rwanyaga, un marchand d’ananas au marché central de Kampala, utilise quotidiennement son tricycle pour acheminer les fruits depuis le district de Kayunga jusqu’à Kampala, parcourant ainsi près de 65 km chaque jour.

Durant la saison sèche, ces véhicules deviennent essentiels pour distribuer de l’eau aux résidences et aux fermes, notamment dans les élevages de volailles. Il n’est pas rare de voir des tricycles chargés de dizaines de jerrycans d’eau sillonner les routes pour livrer cette ressource vitale.

Dans certaines zones rurales, les tricycles sont même transformés en ambulances, jouant un rôle crucial dans le système de santé en facilitant le transport des patients vers les hôpitaux.

L’impact de ces véhicules sur la communauté est indéniable : ils offrent aux navetteurs un moyen rapide et sûr de se déplacer, et stimulent l’activité économique des petits entrepreneurs. Daniel Nuwebiine, porte-parole de l’Autorité municipale de Kampala, confirme leur influence croissante : « Bien que nous n’ayons pas encore enregistré le nombre exact de tricycles dans la ville, il est clair qu’ils sont des milliers à avoir transformé notre réseau de transport. »

Lors d’une allocution nationale, le Président ougandais Yoweri Museveni a souligné que l’introduction des tricycles à moteur a eu un impact positif notable, notamment en créant de nombreux emplois pour les jeunes.

Molly Bisaso, qui conduit un tricycle à Kampala depuis cinq ans, partage son expérience : « Opérer un tuku tuku est un travail enrichissant. Cela me permet de transporter des bagages et des passagers, et j’ai réussi à économiser assez pour subvenir aux besoins de ma famille et payer les études de mes enfants. »

Luis Balyeku, un agriculteur du district de Nakaseke, ajoute que l’achat d’un tricycle a considérablement augmenté les revenus de sa ferme, lui permettant de transporter facilement ses produits au marché et d’acheter des intrants agricoles nécessaires.

Faible entretien

En Ouganda, le prix moyen d’un tricycle à moteur neuf est d’environ 8,5 millions de shillings ougandais (2 303 dollars). Initialement, ces tricycles étaient importés directement de Chine, mais désormais, ils sont assemblés localement. Liu Dianzuo, un homme d’affaires chinois qui commercialise ces tricycles en Ouganda, rapporte que les ventes sont florissantes, car de nombreux entrepreneurs et agriculteurs ougandais s’en procurent pour leurs besoins de transport. Ils attirent également des acheteurs des pays voisins comme le Soudan du Sud, le Burundi et la République démocratique du Congo.

Le maire Mulyanyama souligne que les opérateurs de tuku tuku jouent un rôle crucial dans le développement économique du pays par le paiement des taxes. « Les taxes prélevées sur le carburant sont significatives : chaque tricycle consomme plus de 4 litres de carburant par jour, avec une taxe de 1 450 shillings ougandais (0,39 dollar) par litre, ce qui représente plus de 200 000 shillings (54,22 dollars) de taxe sur les carburants par mois pour un seul opérateur », explique le maire. Il ajoute que ce secteur ne bénéficie pas seulement aux conducteurs mais aussi aux mécaniciens, aux laveurs de véhicules et aux vendeurs d’huile.

Hassan Tukwaire, président de Tricycle Transporters à Kampala, affirme que les tricycles chinois sont populaires en raison de leur durabilité et de leur coût abordable. « Les pièces de rechange sont facilement accessibles et économiques, ce qui en fait une alternative compétitive aux voitures et motos, avec moins d’entretien et de frais de carburant », fait-il valoir.

Pastor Solomon Male, un analyste des affaires politiques et sociales, ajoute que les tricycles sont appréciés pour leur sécurité relative par rapport aux vélos, offrant une meilleure stabilité grâce à leurs trois roues. Il conclut en affirmant que le tricycle est devenu un symbole d’ingéniosité et de progrès, transformant radicalement les modes de vie et de déplacement en Ouganda.

Reportage d’Ouganda

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