2024-11-29 |
Des grains de vie |
VOL. 16 / DÉCEMBRE 2024 par PROBLEM MASAU · 2024-11-29 |
Mots-clés: aide chinoise ; Zimbabwe ; sécheresse |
Un agriculteur inspecte sa récolte dans la banlieue de Harare, capitale du Zimbabwe, le 3 avril. (XINHUA)
Dans le district de Mudzi, situé à environ 400 km de Harare, capitale du Zimbabwe, une sécheresse persistante sévit, exacerbant les difficultés des villageois. Autrefois fertiles, les champs sont désormais désolés, témoignant de la furie de la nature. Les jours sans pluie s’accumulent, plongeant les familles dans une lutte acharnée pour leur survie. La famine menace, aggravée par les récoltes dévastées et la réduction du cheptel.
Cette sécheresse n’est pas un cas isolé à Mudzi ; elle touche de vastes régions du pays. Selon un rapport du Famine Early Warning Systems Network, de nombreuses familles en milieu rural réduisent leurs repas pour faire face à cette crise. Le Zimbabwe affronte une des pires sécheresses de son histoire, poussant le Président Emmerson Mnangagwa à solliciter une aide alimentaire de plus de deux milliards de dollars.
En août, les ménages adoptent des stratégies de survie telles que l’omission de repas, la réduction des portions ou la priorisation des enfants et des malades pour la nourriture, une pratique typique au plus fort de la période de soudure. Certaines régions bénéficient de distributions gouvernementales de céréales, qui deviennent leur principal apport nutritionnel. Le gouvernement envisage également de relancer son programme d’alimentation scolaire dans les zones rurales et urbaines pour combattre la faim, la malnutrition et la déscolarisation.
Le rapport souligne une hausse alarmante des prix de la farine de maïs, qui rend ce produit essentiel inabordable pour de nombreux foyers à faible revenu. Alors que les stocks de céréales restent faibles sur les marchés, les prix actuels sont parfois plus élevés que ceux observés en février et mars, périodes normalement les plus critiques de la soudure. Actuellement, les prix de la farine de maïs sont de 20 à 25 % supérieurs à la normale, oscillant entre 5,5 et 8 dollars par sac de 10 kg. En comparaison, en juillet 2023, les prix variaient entre 4,5 et 6,5 dollars. Pour répondre à cette crise, le gouvernement a annoncé un plan d’aide aux intrants agricoles de 1,6 milliard de dollars pour la saison 2024-2025, financé conjointement par l’État (40 %) et le secteur privé (60 %).
Secours nourricier
Dans un geste de solidarité envers une nation confrontée à une grave crise alimentaire, la Chine, par le biais de son ambassade au Zimbabwe, a fourni une aide alimentaire d’urgence à ce pays. Un total de 1 760 tonnes de riz est en cours de distribution aux communautés vulnérables, incluant les orphelinats, les institutions pour personnes âgées et les personnes en situation de handicap.
Le don a été remis par l’ambassadeur de Chine au Zimbabwe, Zhou Ding, au Président Mnangagwa lors d’une cérémonie à Harare le 22 août. L’événement a rassemblé plusieurs représentants du gouvernement zimbabwéen ainsi que des représentants des institutions bénéficiaires.
M. Mnangagwa a exprimé sa profonde gratitude envers le gouvernement chinois pour cette aide opportune. « Chaque fois que nous sommes confrontés à l’insécurité alimentaire, la Chine vient toujours à notre secours », a-t-il déclaré lors de la présentation. « Ce don aura un impact significatif sur la vie de nos citoyens les plus vulnérables. »
La sécheresse, aggravée par le phénomène El Niño, a eu un impact dévastateur sur le secteur agricole du Zimbabwe. De nombreux agriculteurs n’ont pas pu produire suffisamment de récoltes pour répondre aux besoins alimentaires du pays.
L’intervention du gouvernement chinois représente un soutien vital pour des millions de Zimbabwéens. L’ambassadeur Zhou a confié à CHINAFRIQUE que la Chine s’engageait à soutenir le Zimbabwe en période de difficulté. « Ce n’est que le début », a-t-il affirmé. « Nous continuerons à fournir une aide au Zimbabwe selon les besoins. »
Le Président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa (deuxième à gauche) réceptionne une aide alimentaire de la Chine à Harare, au Zimbabwe, le 22 août. (AMBASSADE DE CHINE AU ZIMBABWE)
Creuser des puits pour survivre
En complément du don alimentaire, la Chine soutient le Zimbabwe dans sa lutte contre la sécheresse par des programmes de forage de puits, a annoncé July Moyo, ministre zimbabwéen de l’Administration locale, des Travaux publics et du Logement national. Ces puits jouent un rôle crucial en fournissant non seulement de l’eau potable mais aussi des infrastructures d’irrigation aux communautés rurales vulnérables.
M. Moyo a expliqué l’importance de ces puits, particulièrement dans les régions affectées par des pénuries d’eau : « Ils ne se limitent pas à offrir de l’eau potable ; ils permettent également aux communautés d’entreprendre des activités de jardinage. »
Actuellement, 300 puits sont en cours de forage dans quatre provinces, à la suite de la déclaration de l’état de catastrophe nationale par le Président Mnangagwa en mars. Ce projet s’inscrit dans la continuité d’une initiative antérieure où plus de 1 000 puits avaient été forés par la Chine, touchant environ 400 000 personnes. « Ces efforts ont permis d’améliorer l’accès à l’eau potable et à l’irrigation, renforçant la sécurité alimentaire sur le long terme », a ajouté M. Moyo.
Le ministre a également souligné l’impact positif du récent don de riz chinois, qui joue un rôle crucial dans l’atténuation de la sévère insécurité alimentaire. Le gouvernement zimbabwéen, qui fournit actuellement des céréales à quelque 6,1 millions de personnes, voit dans ce don un renforcement significatif de ses actions.
Les bénéficiaires de cette aide alimentaire ont exprimé leur reconnaissance. Martha Chibanda, une villageoise, a partagé : « Sans ce riz, nous serions sans nourriture. Mes enfants ont maintenant à manger et nous sommes profondément reconnaissants au gouvernement chinois pour son soutien en cette période critique. »
Lucia Mukwada, mère de trois enfants, a témoigné de l’impact des puits : « Avant, il fallait parcourir des kilomètres pour de l’eau. Aujourd’hui, l’eau potable est à notre portée, et nous pouvons même cultiver des légumes. Cela a transformé nos vies. »
Reportage du Zimbabwe
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