2025-01-17 |
La voie du guerrier |
VOL. 17 / JANVIER 2025 par GITONGA NJERU · 2025-01-17 |
Mots-clés: Kenya ; kung-fu |
Le Kenya ouvre un nouveau sentier éducatif en intégrant le kung-fu dans son programme scolaire dès 2025.
Des enfants exécutent des mouvements de kung-fu dans la banlieue de Nairobi, au Kenya, le 5 juin 2023. (XINHUA)
Dans le calme d’une salle d’entraînement à Nairobi, capitale du Kenya, Amina Mwikali, une jeune élève de huit ans de l’École primaire de Githunguri, exécute avec une concentration remarquable une parfaite position de cheval. Étoile montante de la scène kényane des arts martiaux, Amina s’entraîne intensément pour décrocher les plus hautes distinctions en kung-fu.
Son aventure a débuté comme un moyen d’accroître son estime de soi et ses capacités d’autodéfense, et s’est transformée en une véritable source d’inspiration pour ses camarades et sa communauté. Participant à un groupe de jeunes talents en arts martiaux, elle incarne la résilience et la concentration que les décideurs kényans cherchent à développer chez des étudiants à travers le pays.
Le kung-fu et d’autres arts martiaux seront prochainement intégrés dans le programme scolaire national, plaçant des enfants comme Amina à la pointe d’un mouvement qui vise à enrichir leur quotidien bien au-delà des compétences physiques. Ce programme promet d’améliorer la santé, la discipline, la confiance en soi et les capacités d’autodéfense des jeunes.
Pour Amina, le kung-fu dépasse le cadre sportif. « Le kung-fu me donne du courage », affirme-t-elle avec assurance. « Non seulement cela me permet de me protéger, mais cela m’enseigne aussi le respect des autres et l’importance de l’effort dans toutes mes activités. »
Arts en classe
Le parcours d’Amina reflète une dynamique nationale au Kenya, où le gouvernement innove pour transformer l’éducation physique. Kipchumba Murkomen, secrétaire de cabinet au ministère des Sports, a annoncé une collaboration avec le ministère de l’Éducation pour intégrer le kung-fu et d’autres arts martiaux dans le programme scolaire dès janvier 2025. Cette initiative, selon lui, vise à inculquer discipline, estime de soi et préparation aux défis de la vie, au-delà de l’autodéfense. Face à la violence contre les enfants, l’initiative souligne les bienfaits des arts martiaux et s’appuie sur le soutien d’une communauté kényane déjà engagée, avec des cours lancés pendant les vacances.
Ngaruiya Njoroge, président de l’Association kung-fu wushu du Kenya (KFWAK), a qualifié cette initiative d’étape historique pour les arts martiaux. « Nous fournirons aux écoles des entraîneurs certifiés, maîtrisant les aspects physiques et philosophiques du kung-fu », a-t-il déclaré, soulignant que cette discipline, longtemps considérée comme un sport de niche, est désormais reconnue pour son rôle dans le développement du caractère et l’autodéfense. Il a insisté sur l’importance d’instructeurs qualifiés pour préserver la qualité et l’intégrité de cet art.
L’initiative kényane d’intégrer les arts martiaux dans l’éducation attire l’attention internationale. Li Wei, un instructeur chinois de kung-fu qui a contribué à l’élaboration du contenu pédagogique pour le programme, souligne que cette démarche reflète les valeurs universelles du kung-fu : équilibre, respect et résilience. La KFWAK, qui encadre huit clubs à Nairobi et Kiambu, joue un rôle clé en formant enfants et adultes, tout en collaborant avec les écoles et organisant des tournois avec le soutien de l’ambassade de Chine au Kenya.
Zhou Pingjian, ambassadeur de Chine au Kenya, a salué cette initiative comme un pont culturel entre les deux nations. Il a souligné que l’intégration du kung-fu reflète l’amitié et les valeurs partagées, tout en favorisant les échanges culturels et la compréhension mutuelle. « Nous soutenons pleinement la vision du Kenya d’autonomiser sa jeunesse », affirme-t-il.
Des défis demeurent
L’initiative, bien accueillie, suscite des interrogations sur sa mise en œuvre, notamment dans les écoles rurales aux moyens limités. M. Murkomen a assuré que ces défis seraient relevés grâce à des partenariats locaux et internationaux, affirmant : « C’est un investissement durable dans notre jeunesse, et toutes les écoles seront équipées. »
Les parents, tout en étant optimistes, restent prudents. Beatrice Mwikali, mère d’Amina, exprime un espoir teinté de vigilance : « Le kung-fu a transformé ma fille, lui donnant confiance et force. J’espère que chaque école sera capable de reproduire cette expérience positive pour tous les enfants, quelles que soient leurs origines. »
L’intégration du kung-fu dans les écoles kényanes reflète une approche éducative innovante, axée sur le développement global des enfants. Lors du tournoi du Kenya de kung-fu wushu à Kiambu en avril 2024, plus de 50 candidats, âgés de 4 à 20 ans, ont été récompensés pour leurs compétences, ce qui souligne la popularité croissante de cet art martial, partie intégrante du wushu. Celui-ci sera un sport médaillé aux Jeux olympiques de la Jeunesse d’été de Dakar 2026, étape clé vers une éventuelle inclusion aux Jeux olympiques.
Kennedy Murimi, qui enseigne le kung-fu dans diverses écoles de Kawangware, un bidonville de Nairobi, exprime son enthousiasme : « Le kung-fu est un parcours de discipline et de détente, un moyen de trouver l’équilibre entre l’effort et l’aisance, loin de toute provocation ou agression. C’est une quête de maîtrise de soi, tant physique que mentale et émotionnelle. »
Reportage du Kenya
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