法语词典:
中文 ANGLAIS
ACCUEIL Chine Monde Economie Culture Environnement Chinafrique Documents
  2025-03-14
 

Sur la route de l'essor

VOL. 17 / MARS 2025 par GITONGA NJERU  ·   2025-03-14
Mots-clés: Kenya

Les véhicules chinois ouvrent la voie à l’industrialisation et à l’entreprenariat au Kenya. 

Un bus électrique chinois circule dans les rues de Nairobi, au Kenya, le 3 juin 2023. (XINHUA) 


Le camion Foton bleu vif d’Isaack Mutua, aménagé en studio de photographie mobile, ne passe pas inaperçu dans les rues animées du marché de Gikomba, à Nairobi. Ses clients font souvent la queue pour se faire photographier par un professionnel. « Ce camion [chinois] a tout changé pour moi », explique Isaack. « Avant, j’avais du mal à faire tourner un studio de photographie traditionnel. Aujourd’hui, je peux emmener mon entreprise où je veux : je ne dépends plus de mes clients, c’est moi qui vais à leur rencontre. » 

 

Les activités itinérantes s’inscrivent dans une tendance en plein essor au Kenya, tant dans le commerce que dans les services. « La fiabilité de ce camion me permet de travailler plus longtemps et d’atteindre des zones que je n’aurais jamais pu desservir auparavant », poursuit le jeune homme de 25 ans. 

 

« Ce n’est pas juste un véhicule : c’est le cœur de mon activité. Je peux désormais couvrir les écoles, les mariages, les funérailles et les marchés ruraux, ce qui a multiplié mes sources de revenus. » Isaack envisage même d’investir dans un second camion Foton et d’employer quelqu’un pour opérer dans une autre zone de Nairobi. « Une telle croissance n’aurait pas été envisageable auparavant », conclut-il. 

  

En phase avec le programme d’industrialisation 


L’histoire d’Isaack illustre l’impact majeur des constructeurs automobiles chinois sur l’économie kényane.  

 

Cette dynamique s’inscrit dans une relation symbiotique avec l’industrialisation du Kenya : le marché automobile se développe rapidement, porté notamment par les constructeurs chinois qui diversifient l’offre (bus électriques, camionnettes, SUV) et investissent dans des usines d’assemblage locales. 

 

Foton, l’un des principaux constructeurs chinois de véhicules utilitaires implantés au Kenya, entend ainsi accélérer sa production et renforcer ses ventes sur le marché local. L’entreprise souhaite profiter de la demande croissante pour des solutions de transport fiables et abordables, en intensifiant ses activités d’assemblage et en adaptant ses modèles aux besoins spécifiques du pays. 

 

Foton prévoit d’agrandir son usine d’assemblage à Nairobi, qui produit déjà des camions légers et des bus, afin de proposer des véhicules lourds, adaptés notamment à la construction et à l’agriculture. Cette initiative s’aligne sur la politique du gouvernement kényan, qui souhaite industrialiser le pays et réduire les importations de véhicules complètement assemblés, soumises à des taxes élevées. 

 

Parallèlement, Foton collabore avec des fournisseurs locaux pour intégrer davantage de composants produits au Kenya, stimulant ainsi l’emploi et le développement de compétences. « Nous sommes résolus à soutenir les acteurs kényans, à créer de l’emploi et à renforcer l’expertise nationale, en phase avec le programme d’industrialisation », explique Gerald Simbo, directeur commercial chez Foton East Africa. 

 

Pour améliorer son service client, Foton étend son réseau de centres d’entretien et de points de vente de pièces détachées dans tout le pays. « L’accessibilité étant cruciale, un financement abordable est essentiel », souligne M. Simbo, précisant que la collaboration avec des microfinances et des banques permet de proposer des véhicules plus accessibles aux PME, soutenant ainsi leur croissance grâce à des solutions de transport fiables. 


« Sans le financement souple de Foton, je n’aurais pas pu acquérir ce camion », témoigne Isaack, affirmant que le paiement échelonné lui a permis de maintenir et de développer son activité. 

 

En renforçant sa présence sur le marché automobile kényan, Foton accompagne les ambitions industrielles et économiques du pays. Pour Salim Mvurya, ancien secrétaire du cabinet kényan chargé des investissements, du commerce et de l’industrie, cette expansion constitue une étape cruciale vers l’autonomie industrielle. « Notre partenariat avec les constructeurs chinois va au-delà des véhicules : il crée de l’emploi, transfère des technologies et jette les bases pour faire du Kenya un leader automobile en Afrique de l’Est », explique-t-il. 

 

M. Mvurya rappelle que le plan d’industrialisation du Kenya privilégie l’assemblage et la fabrication locaux pour réduire les importations de véhicules finis. « Plus nous produisons localement, plus nous créons d’emplois et moins nous dépendons des véhicules importés », souligne-t-il, insistant sur l’importance de cette stratégie pour soutenir l’économie et les petites entreprises en quête de transports abordables. 

  

Un conducteur de BasiGo manœuvre un bus électrique à Nairobi, au Kenya, le 3 juin 2023. (XINHUA) 

  

Diverses options de marques chinoises 


Alors que Foton se concentre sur les camions légers et les véhicules utilitaires, d’autres constructeurs chinois consolident également leurs positions sur le marché kényan. BYD se démarque dans le segment des véhicules électriques, produisant bus et voitures pour réduire l’empreinte carbone du pays. Great Wall Motor cible le secteur agricole et de la construction grâce à ses camionnettes, tandis que Chery et Geely misent sur les SUV pour séduire la classe moyenne kényane, en pleine expansion. 

 

Une partie de la stratégie de Chery repose sur l’usine d’assemblage de véhicules électriques Omoda E5, fruit d’un partenariat entre le constructeur chinois et la société kényane Afrigreen Automobile. L’annonce en a été faite en juillet dernier, et la construction a débuté dès le mois d’août. Selon Hai Wei, directeur de Chery International pour l’Afrique centrale, le Kenya a été choisi pour sa main-d’œuvre qualifiée et son statut de hub économique régional. L’usine devrait produire entre 5 000 et 6 000 véhicules électriques par an et créer près de 3 000 emplois directs et indirects d’ici fin 2025. 

 

En plus de l’Omoda E5, Chery prévoit d’élargir sa gamme de véhicules électriques, notamment avec des camionnettes, et envisage d’exporter ses modèles vers d’autres pays d’Afrique de l’Est, confortant ainsi le rôle du Kenya comme plaque tournante régionale de la production de véhicules électriques. Parallèlement, Haval – réputé pour ses SUV robustes – gagne rapidement en popularité dans la région. 

 

Lors d’un forum commercial récent, l’ancien ambassadeur de Chine au Kenya, Zhou Pingjian, a souligné l’impact économique plus large de ces investissements. « Ces entreprises ne se contentent pas de vendre des voitures : elles investissent dans l’avenir du Kenya en construisant des usines, en formant des travailleurs locaux et en achetant des pièces détachées auprès de fournisseurs kényans. Cela renforce nos liens bilatéraux et encourage une prospérité partagée », a-t-il indiqué. 

 

L’enthousiasme d’Isaack reflète également ce mouvement de fond. « Il ne s’agit pas que de moi », précise-t-il. « Je vois de plus en plus de jeunes comme moi acheter des camions et lancer leurs propres entreprises. Ça change des vies. » 

 

Pour sa part, Foton prévoit de fabriquer 8 000 véhicules destinés au marché est-africain d’ici décembre 2025. « Mettre 8 000 voitures sur les routes d’Afrique de l’Est depuis notre usine kényane sera un véritable coup de pouce pour la région », partage M. Simbo. Selon lui, ce plan devrait créer quelque 15 000 emplois et intégrer l’utilisation de l’intelligence artificielle pour collaborer avec d’autres constructeurs automobiles internationaux. 

  

Reportage du Kenya 

Imprimer

24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine


京ICP备08005356号-8 京公网安备110102005860