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  2025-05-06
 

Le fruit d'un savoir greffé

VOL. 17 / MAI 2025 par DERRICK SILIMINA  ·   2025-05-06
Mots-clés: Kenya

La greffe de tomates, une technologie chinoise qui améliore les rendements des agriculteurs kényans. 

Récolte de tomates grefées chinoises par des agriculteurs locaux. (INSTITUT CONFUCIUS DE L’UNIVERSITÉ EGERTON) 

 

Alors qu’il repiquait de jeunes plants de tomate sur son hectare de terre, dans le comté de Nakuru, à quelque 160 km au nord-ouest de Nairobi, capitale kényane, Joel Kirui repensait à ce que lui avaient apporté les légumes de sa modeste exploitation agricole : la possibilité de poursuivre ses études. « Grâce à la vente des tomates récoltées sur mon champ, j’ai pu continuer ma formation », confie-t-il à CHINAFRIQUE. « Tous les trois mois, je gagnais assez pour payer mes frais de scolarité pendant trois années. » 

Au Kenya, la culture de la tomate est d’une importance capitale. Chaque foyer en consomme presque quotidiennement, selon l’Organisation de recherche agricole et d’élevage du Kenya (KALRO). D’ici 2026, la demande nationale devrait atteindre 632 000 tonnes, soit une hausse de 8,4 % par rapport aux 583 000 tonnes enregistrées en 2021. Cette même année, le pays se classait au 34e rang mondial en matière de production de tomates, d’après le Kenya Tomato Industry Outlook 2022-2026. 

Mais l’essor de cette filière se heurte à de multiples obstacles, au premier rang desquels les parasites et les maladies exacerbés par le changement climatique. Selon la KALRO, les quelque 500 000 producteurs de tomates du pays ne suffisent pas à couvrir la demande locale, les rendements étant plombés par les ravageurs. En moyenne, ils plafonnent à 8,8 tonnes à l’acre, alors que le potentiel avoisine les 20 tonnes. Le pays se voit donc contraint d’importer des tomates de Tanzanie, d’Ouganda et d’Éthiopie pour combler le déficit. À chaque invasion de parasites ou flambée épidémique, les prix grimpent en flèche. 

« La production est ralentie par les ravageurs, les maladies, le coût élevé des semences certifiées, la faiblesse des compétences agricoles et le faible taux d’adoption des nouvelles technologies parmi les petits exploitants, qui constituent pourtant la majorité des producteurs », explique Lusike Wasilwa, directrice des systèmes de culture à la KALRO. 

« J’étais anéanti quand une invasion de parasites a détruit près de la moitié de mes cultures. Tous mes espoirs d’obtenir un diplôme s’étaient envolés ! », se souvient M. Kirui, aujourd’hui enseignant. Son champ avait été décimé par Tuta absoluta, surnommé la « mineuse de la tomate », un fléau qui ravage le pays. Ce ravageur venu d’Amérique du Sud s’attaque aux tomates, pommes de terre, aubergines et poivrons, et résiste souvent aux insecticides, ce qui en fait une menace redoutable. 

  

Une agricultrice récolte des tomates grefées chinoises. (INSTITUT CONFUCIUS DE L’UNIVERSITÉ EGERTON) 

  

Une solution innovante 

Face à ce fléau, une technologie innovante en provenance de Chine a apporté un souffle d’espoir : la greffe de tomates. Introduite par l’Université Egerton, dans le comté de Nakuru, en partenariat avec l’Université agricole de Nanjing, en Chine, elle a permis aux agriculteurs de reprendre pied. 

L’Institut Confucius de l’Université Egerton a ainsi accueilli une première équipe d’experts agricoles chinois chargés de former les agriculteurs kényans à cette nouvelle technique. Résultat : les rendements se sont améliorés, tout comme les conditions de vie. Plus de 4 000 petits exploitants ont été formés à cette méthode, particulièrement adaptée à la culture sous serre, et une entreprise fiable a été mobilisée pour fournir les plants greffés. 

« Grâce à la greffe, les agriculteurs peuvent augmenter leurs rendements de 50 %, un niveau inatteignable avec les méthodes traditionnelles », souligne Liu Yutao, co-directeur chinois de l’Institut Confucius de l’Université Egerton. Selon lui, cette technologie favorise une meilleure croissance, une récolte plus généreuse, une maturation précoce et un cycle de production prolongé. 

Cette technologie soutenue par la coopération Sud-Sud et triangulaire entre la Chine et le Fonds international de développement agricole, vise à renforcer la sécurité alimentaire au Kenya. « Nous misons aussi sur l’innovation dans la filière tomate pour autonomiser jeunes et femmes en milieu rural », indique M. Liu. 

  

Des récoltes prometteuses 

Dans certaines zones du comté de Nakuru, les retours sont déjà très positifs. Des petits exploitants parlent de récoltes exceptionnelles depuis qu’ils ont adopté la greffe, saluant une véritable révolution agricole. 

Angela Kimani, qui a bénéficié d’une formation à la culture sous serre avec greffe, affiche un optimisme retrouvé. Elle espère sauver sa prochaine récolte et profiter de la demande croissante comme de la hausse des prix. Elle est convaincue que cette technique pourrait lui permettre de doubler ses revenus issus de la tomate. « À voir la vigueur de mes plants, je suis certaine que cette technologie chinoise me promet une belle moisson », confie-t-elle. 

Maria Wangari, une productrice du comté de Kirinyaga, cultive des tomates depuis 2001. Elle connaît bien les affres des parasites, des maladies et des pertes post-récolte. 

Elle appelle aujourd’hui le gouvernement à investir dans des unités de transformation afin d’accroître la valeur ajoutée – avec des produits comme la sauce tomate – et de réduire les pertes. « Le savoir-faire transmis par les experts chinois nous a permis d’acquérir des compétences essentielles, des outils et des connaissances qui ont fait toute la différence », se réjouit-elle. « J’ai pu améliorer mes rendements et réduire considérablement les pertes. » 

  

Reportage du Kenya 

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