2025-07-01 |
À hauteur d'alliance |
VOL. 17 / JUILLET 2025 par HU FAN · 2025-07-01 |
Mots-clés: EECSA |
La 4e Exposition économique et commerciale sino-africaine révèle l’ampleur et la vitalité des liens sino-africains.
Des visiteurs pénètrent dans le site principal de la 4e EECSA à Changsha, dans la province du Hunan, le 12 juin. (HU FAN)
Banderoles majestueuses, pavillons en effervescence, salles noires de monde… Changsha, chef-lieu de la province du Hunan, s’est muée en un carrefour vibrant de coopération intercontinentale à l’occasion de la 4e Exposition économique et commerciale sino-africaine (EECSA). Idées, partenariats et cultures s’y sont entremêlés dans une atmosphère d’intense émulation. L’édition 2025 n’a pas seulement établi de nouveaux records : elle a aussi marqué un tournant dans l’évolution des relations sino-africaines.
À chaque édition, l’EECSA met à l’honneur un ou plusieurs pays afin de souligner leur importance stratégique et de resserrer leurs liens économiques avec la Chine. Cette fois, la Namibie a été désignée pays d’honneur, signe de son rôle croissant au sein du partenariat sino-africain.
Freddie Gaoseb, conseiller commercial à l’ambassade de Namibie en Chine et membre de la délégation officielle, a salué l’importance de cette plateforme. « La Namibie a participé aux quatre éditions de l’exposition », a-t-il déclaré. « Nous avons déjà vu nos produits, comme le bœuf et le mouton, accéder au marché chinois, et nous œuvrons à présent pour y introduire nos produits aquatiques. »
Organisée du 12 au 15 juin, l’édition 2025 a rassemblé des représentants de 53 pays africains, 11 organisations internationales, 27 régions chinoises, ainsi que plus de 4 700 entreprises et institutions financières. Quelque 200 000 visiteurs ont parcouru les allées d’exposition, insufflant à la ville un souffle de dynamisme et d’enthousiasme.
Une visiteuse chinoise pose avec un exposant africain à la 4e EECSA, à Changsha, dans la province du Hunan, le 15 juin. (HU FAN)
Des partenariats concrets
Cette année, les retombées concrètes se sont révélées particulièrement marquantes. Au total, 176 accords ont été signés pour une valeur de 11,39 milliards de dollars, soit une hausse de 45,8 % en quantité et de 10,6 % en valeur par rapport à l’édition précédente en 2023. Par ailleurs, 293 projets de coopération, totalisant 43,16 milliards de dollars, ont été annoncés, un chiffre multiplié par quatre. Ces initiatives couvrent des secteurs variés : infrastructures numériques, agriculture, mines et santé, autant de preuves de l’extension continue du champ de la coopération sino-africaine.
Plus de 30 événements thématiques ont exploré les multiples facettes de ce partenariat en transformation : chaînes industrielles, exploitation minière verte, infrastructures, médecine traditionnelle, mode, jeunesse, énergies propres… L’Afrique a occupé le devant de la scène avec 14 pays ayant organisé leurs propres activités de promotion, un record dans l’histoire de l’exposition. En parallèle, des régions chinoises de niveau provincial comme le Hubei, le Jiangxi, l’Anhui ou Chongqing ont lancé leurs propres programmes de coopération, illustrant une dynamique nouvelle portée par les territoires.
Sur 100 000 m² répartis entre six halls et une zone d’exposition en plein air, les visiteurs ont pu découvrir un éventail foisonnant de produits africains, notamment artisanat, bijoux, denrées agricoles, mais aussi des technologies chinoises conçues pour les marchés africains : systèmes solaires hors réseau, machines minières intelligentes, dispositifs d’irrigation modulaires ou hélicoptères robotisés d’intervention.
L’inauguration des pavillons nationaux de la Zambie et de la Namibie au sein du Hall permanent de l’EECSA, dans l’arrondissement de Yuhua à Changsha, marque une nouvelle étape dans l’intégration commerciale. Avec ces ajouts, le nombre total de pavillons africains atteint désormais 32. À Xiangtan, au Hunan, un salon consacré aux machines rénovées a réuni 12 000 visiteurs, y compris des invités de 39 pays africains, et plus de 150 exposants, générant des commandes potentielles dépassant 200 millions de yuans (27,8 millions de dollars).
La publication du Livre bleu sur la coopération économique et commerciale Chine-Afrique : Rapport sur le développement (2025), accompagnée de 27 autres documents de réflexion, a enrichi le débat intellectuel autour de l’événement. Ce rapport met en lumière une mutation majeure du commerce sino-africain : d’un modèle centré sur les ressources vers une coopération plus diversifiée, à forte valeur ajoutée et à intensité technologique croissante.
Le styliste sud-africain Thula Sindi pose aux côtés de ses créations lors de la 4e EECSA, à Changsha, dans la province du Hunan, le 13 juin. (HU FAN)
Rencontres culturelles
L’EECSA s’affirme désormais comme un espace vivant de dialogue entre peuples, bien au-delà du simple commerce. Les visiteurs chinois ont découvert la richesse culturelle de l’Afrique à travers des stands animés. Celui de la République du Congo a attiré une foule venue déguster une glace artisanale aux fruits du bassin du Congo. Au pavillon du Rwanda, danses traditionnelles et prestations d’un groupe populaire sur Douyin ont électrisé le public, illustrant la vitalité des échanges culturels sino-africains.
Dans le hall dédié à la mode, le styliste sud-africain Thula Sindi a constaté un réel engouement pour la créativité africaine. Fondateur du concept store Africa Rise, lancé en 2019, il s’est associé à Development Reimagined pour présenter à Changsha une sélection raffinée de tenues. Venu sonder le marché chinois, il a vendu 22 pièces en à peine deux jours. « Ce que nous concevons ici suscite un véritable enthousiasme, a-t-il confié à CHINAFRIQUE. Cela confirme mon intuition : les consommateurs chinois recherchent la nouveauté, l’authenticité et l’originalité. »
S’il reconnaît que la mode de designer touche un public de niche, il voit en la Chine, forte d’un goût ancien pour l’art et le design, un marché d’avenir. Il projette d’ouvrir une boutique à Shanghai, capitale chinoise de la mode.
Des chanteurs rwandais se produisent à la 4e EECSA, à Changsha, dans la province du Hunan, le 13 juin. (HU FAN)
Au Hall permanent de l’EECSA, des entreprises chinoises innovent en mariant savoir-faire africains et technologie locale. L’un des exemples les plus frappants est celui d’un substitut de riz à base de manioc mis au point par l’entreprise Longzaitian, au Hunan. Le manioc frais, importé d’Afrique, y est broyé, séché, puis transformé en grains rappelant le riz. Servi au pavillon du Nigeria, le produit a surpris les visiteurs par sa texture et son goût proches du riz traditionnel.
Liu Changxun, président de Longzaitian, explique que cette innovation répond à un véritable défi : la courte durée de conservation du manioc, liée à son taux d’humidité. Riche en vitamines et naturellement sans gluten, le riz de manioc s’inscrit dans la tendance en Chine pour des produits sains et alternatifs. L’entreprise envisage d’installer des unités de transformation en Afrique afin d’y bâtir une chaîne industrielle complète.
Au pavillon du Kenya, le thé occupait une place de choix. L’entreprise Lieguzi, spécialisée dans le thé et le café, y a présenté des produits en provenance du Kenya et du Rwanda, transformés sur place grâce à ses unités de production locales.
Le thé de Lieguzi a rencontré un franc succès. Lors de l’édition 2023, l’entreprise avait vendu l’intégralité de ses produits, échantillons compris, pour un total de plus de 20 millions de yuans (2,8 millions de dollars).
Wang Mingjie, son responsable commercial, attribue cette réussite à l’alliance entre savoir-faire chinois et terroirs africains. « Les variétés de thé que nous connaissons prennent un goût singulier lorsqu’elles sont cultivées sur les terres africaines et transformées selon des méthodes chinoises, a-t-il expliqué à CHINAFRIQUE. C’est cette alchimie sino-africaine qui donne à nos produits toute leur originalité. »
Reportage de Changsha, province du Hunan
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