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  2025-07-07
 

Main-d'œuvre, main tendue

VOL. 17 / JUILLET 2025 par ALAFATI MUGABO  ·   2025-07-07
Mots-clés: Rwanda

L’investissement chinois ouvre de nouvelles perspectives pour les Rwandais. 

 

Travailleurs sur un chantier de réhabilitation routière piloté par la Chine dans le district de Muhanga, au Rwanda, le 4 mars. (XINHUA) 

 

Au cœur d’un partenariat économique en pleine mutation, la Chine a investi près de 460 millions de dollars dans l’économie rwandaise en 2024, soit 14,1 % de l’ensemble des capitaux étrangers enregistrés dans le pays, devenant ainsi son premier investisseur. 

D’après le Rwanda Development Board (RDB), le pays a totalisé 3,2 milliards de dollars d’engagements d’investissement sur l’année, marquant une hausse de 32,4 % par rapport à 2023. Une dynamique qui, selon l’institution, reflète la confiance croissante des investisseurs dans le climat économique rwandais. 

Mais au-delà de ces chiffres, l’investissement chinois prend une forme tangible : la création d’emplois. Sur les 51 635 postes créés, environ 7 282 sont directement liés à des projets financés par la Chine. Pour de nombreux Rwandais, ces projets représentent bien plus qu’un apport de capitaux : ils incarnent une promesse de stabilité, de compétences, et parfois, de renaissance personnelle. 

« Je peinais à trouver un emploi stable. Aujourd’hui, je travaille dans une usine chinoise située dans la Zone économique spéciale », confie Jean Paul Niyonzima, 34 ans, habitant du secteur de Masaka, dans le district de Kicukiro. « Nous avons été formés à l’utilisation des machines. Nous travaillons en équipe, avec des horaires fixes et des salaires bien supérieurs à ceux du secteur informel. Ce n’est pas qu’un emploi : c’est un socle de stabilité pour ma famille. » 

  

Made in Rwanda 

Le rapport du RDB indique que le secteur manufacturier a attiré 1,35 milliard de dollars, principalement grâce aux investisseurs chinois, actifs dans les textiles, l’électronique ou les matériaux de construction. 

Selon des responsables du RDB, les entrepreneurs chinois investissent aussi dans les PME, notamment dans la construction, le commerce, la restauration et les services numériques, favorisant le transfert de compétences et les échanges culturels. Lors d’une visite dans ses locaux, CHINAFRIQUE a observé plusieurs ressortissants chinois venus enregistrer leurs entreprises. 

« Il m’a fallu deux jours pour créer la mienne », témoigne Jacky He, fondateur d’Africa Prime Link. « Le Rwanda s’est imposé par sa stabilité, sa sécurité et son efficacité administrative. » 

Pour Claire Umutoni, 24 ans, diplômée de l’École polytechnique du Rwanda, cette dynamique offre de réelles perspectives : « Deux mois après mon diplôme, j’ai été embauchée comme technicienne. C’est gratifiant de rester ici. » 

Les témoignages convergent : les investisseurs chinois sont présents au quotidien. « Ils travaillent avec nous, pas à distance. J’ai beaucoup appris d’eux », confie un technicien d’usine. 

Outre le secteur manufacturier, les capitaux chinois soutiennent également des projets d’infrastructures, de transport et de logement, autant de secteurs clés pour le Rwanda dans sa quête de devenir une plaque tournante régionale. 

Le directeur général du RDB, Jean-Guy Afrika, résume cette vision : « Notre objectif est d’attirer des investisseurs qui ne se contentent pas d’apporter des capitaux, mais qui créent des emplois dignes et renforcent nos capacités locales. La Chine incarne cette approche. » Il note également l’essor d’une communauté professionnelle chinoise au Rwanda, attirée par sa stabilité politique, son climat propice aux affaires et sa position géographique stratégique. « Nous ne faisons pas que recevoir des fonds : nous bâtissons une économie moderne, avec des partenaires prêts à grandir avec nous. La coopération avec la Chine est, à cet égard, exemplaire. » 

Les emplois créés touchent un vaste éventail de métiers : ouvriers, ingénieurs, spécialistes des technologies de l’information, logisticiens, hôteliers… Autant de postes accessibles à des profils diversifiés. 

  

Vers une économie du savoir 

Les économistes estiment que le partenariat sino-rwandais recèle un potentiel transformateur encore plus vaste. À condition de miser davantage sur le renforcement des compétences. 

« La coopération sino-rwandaise a dépassé le stade symbolique pour produire un impact économique réel. Il est désormais temps d’accentuer le développement des capacités locales », analyse Théoneste Murenzi, économiste et enseignant à l’Université du Rwanda. « Les investissements chinois ont stimulé la croissance industrielle et l’emploi, mais pour garantir une transformation durable, il faut armer notre main-d’œuvre de compétences techniques et managériales. Faute de quoi, nous resterons dépendants de l’expertise étrangère. » 

Un autre chercheur abonde dans le même sens : « La prochaine phase du partenariat devra privilégier le transfert de compétences. Il ne suffit pas de créer des postes d’exécution : il faut aussi former des superviseurs, des ingénieurs et des cadres. C’est ainsi que le Rwanda passera d’une économie d’assemblage à une économie fondée sur la connaissance. » 

Une mini-enquête menée par CHINAFRIQUE dans plusieurs chantiers et zones économiques montre à quel point les investissements chinois participent à résorber le chômage, notamment chez les jeunes. 

Kigali concentre la majorité de ces investissements, environ 75,4 % du total, soit 2,47 milliards de dollars, grâce à ses infrastructures développées et à une forte demande en logement, logistique et services. 

Pour l’heure, des Rwandais comme M. Niyonzima et Mme Umutoni voient leur quotidien transformé. Preuve, s’il en fallait une, que derrière les grands contrats et les chiffres, l’investissement peut réellement améliorer les conditions de vie à la base et jeter les fondations d’un avenir plus stable et plus inclusif. 

  

Reportage du Rwanda  

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