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  2025-08-01
 

Sur les rives d'un dessein

VOL. 17 / AOÛT 2025 par ZHANG YANTAO  ·   2025-08-01
Mots-clés: modèle de développement urbain et économique durable ; Xiamen

Un avion survole le Palais Chaotian, à Xiamen. (PHOTOS : VCG)

En 1985, alors que la Chine s’ouvrait avec ardeur sous l’impulsion de la politique de réforme et d’ouverture, la Zone économique spéciale (ZES) de Xiamen (Fujian) demeurait une modeste cité côtière, aux infrastructures rudimentaires et confrontée à de multiples défis. C’est dans ce contexte que Xi Jinping, alors en poste au Hebei, fut nommé membre du Comité permanent du Comité du Parti communiste chinois (PCC) pour Xiamen et maire adjoint.

Face aux limites de cette ZES, la plus petite des quatre premières créées en Chine avec ses 2,5 km² initiaux, M. Xi prit rapidement conscience de l’urgence d’une planification rigoureuse. Sous sa direction, fut ainsi conçue la Stratégie de développement socio-économique de Xiamen (1985-2000), un plan directeur ambitieux, traçant une feuille de route précise pour les 15 années à venir et posant les fondements d’une prospérité durable.

Vers un modèle chinois de port franc

Dans le cadre de cette stratégie, Le Quotidien de Xiamen lança en 1986 une campagne participative baptisée « L’an 2000 : comment j’imagine Xiamen », qui suscita un fort engouement populaire. Habitants, chercheurs et cadres y exprimèrent leurs aspirations, dont plusieurs furent intégrées à la stratégie de développement. « Après cinq années de construction, la ZES entrait dans une nouvelle phase. Une stratégie directrice devenait indispensable pour guider les décisions et accélérer un développement de qualité », se souvient Li Xiuji, alors secrétaire adjoint du Comité du PCC pour Xiamen.

Dans cette optique, une proposition de M. Xi mena à la création, en août 1986, du Bureau de recherche sur la stratégie de développement socio-économique, qui joua un rôle central dans l’élaboration du plan directeur de la ville.

Plus d’une centaine d’experts, issus notamment de l’Académie des sciences sociales de Chine, de l’Académie des sciences de Chine et de l’Université de Xiamen, ainsi que des responsables locaux, furent mobilisés pour étudier 21 thématiques, dont les politiques de port franc. Certains se rendirent à Singapour afin d’y analyser les mécanismes en place et d’en tirer un modèle adapté aux réalités chinoises.

Des élèves testent leurs avions à élastique lors d’un festival des sciences, à Xiamen, le 30 décembre 2024.

L’élan fondateur

La Stratégie s’est imposée comme un cadre global et structurant pour la ville. Pour la première fois, elle proposait explicitement l’application de certaines politiques de port franc à Xiamen, prévoyant notamment un plan concret pour l’établissement de la zone franche de Xiangyu, ainsi qu’une vision à long terme en faveur du développement progressif d’activités financières offshore, lorsque les conditions le permettraient.

Visionnaire, cette stratégie introduisait aussi le concept d’« éco-niche ». Elle affirmait avec clarté que le progrès ne devait pas se faire au prix de la dégradation écologique, appelant à prévenir la pollution et à préserver l’équilibre des écosystèmes pour garantir aux générations présentes et futures un cadre de vie sain et durable.

Encore aujourd’hui, nombre de chercheurs saluent la modernité de ce document, dont plusieurs idées novatrices ont inspiré d’autres régions. Deux axes de recherche portaient déjà sur la civilisation écologique, à travers la valorisation de Gulangyu et la préservation de l’environnement urbain, des sujets encore marginaux à l’époque.

Élaborée dès les débuts de la ZES, cette stratégie constitue l’un des tout premiers plans de développement à long terme (15 ans) conçus par un gouvernement local en Chine. Son rôle structurant dans l’orientation du développement de la ZES est aujourd’hui unanimement reconnu.

Même après avoir accédé à des fonctions provinciales au Fujian, M. Xi n’a jamais cessé de suivre de près l’évolution stratégique de Xiamen. En 2002, il y mena une inspection et constata avec lucidité les défis à relever : « Il est désormais urgent d’élargir l’espace de développement de la ville-centre et de renforcer son hinterland économique. »

Pour ouvrir de nouveaux horizons, il proposa une stratégie audacieuse : moderniser le cœur insulaire tout en exploitant les espaces autour de la baie ; allier transformation urbaine et mutation économique ; combiner industrialisation rurale et urbanisation coordonnée ; valoriser l’identité de la ville tout en préservant son environnement naturel.

Cette vision ambitionnait de faire de Xiamen une ville moderne, prospère, harmonieuse et écologique, un véritable modèle de cité-jardin internationale. Sa mise en œuvre a insufflé un nouvel élan au développement coordonné de l’ensemble du territoire urbain.

À Xiamen, la mangrove de Jimei se fond dans les reflets bleus de la mer.

Un modèle directeur

L’élaboration d’une stratégie de développement dès la phase initiale de la ZES de Xiamen revêtait une importance capitale. En définissant précocement le positionnement de la ville et ses grandes orientations, en structurant avec précision les priorités de la zone spéciale, il devenait possible de guider le développement avec clarté et d’éviter les dérives ou les impasses.

La recherche stratégique dans ce domaine constitue une entreprise complexe et systémique. Elle implique une analyse rigoureuse du passé et du présent, une prévision scientifique de l’avenir, ainsi qu’une coordination étroite entre développement économique, progrès technologique et transformation sociale. Les 21 thématiques abordées dans la Stratégie témoignent d’une approche profondément intégrée. Le plan couvrait aussi bien les infrastructures urbaines, les réformes institutionnelles, que l’exploration du modèle de port franc, ou encore la planification de la mise en valeur de Gulangyu et du contrôle démographique.

Ce document intégrait également des recherches spécifiques sur la protection de la propriété intellectuelle, preuve d’une vision déjà soucieuse d’un développement harmonieux et maîtrisé. Il s’est imposé comme une référence pour la planification urbaine à moyen et long terme, marquant un jalon important dans l’histoire de la gouvernance locale en Chine.

Depuis, cette stratégie continue d’inspirer la planification de Xiamen. L’économiste Ma Hong y voyait une valeur directrice majeure, tant pour l’action à court terme que pour la planification à long terme dans la ZES. Elle offrait, selon lui, une expérience précieuse à d’autres régions cherchant à élaborer leur propre stratégie de développement régional.

ZHANG YANTA : professeur à la Faculté du marxisme de l’Université de Xiamen

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