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  2025-10-09
 

La chaleur d'un avenir meilleur

VOL. 17 / OCTOBRE 2025 par DERRICK SILIMINA  ·   2025-10-09
Mots-clés: exportations du piment séché ; Rwanda ; Chine

Travailleurs agricoles dans un champ de piments au Rwanda, le 22 mai. (PHOTOS : XINHUA)

Au lever du jour, les collines verdoyantes du district de Nyagatare se parent de lumière, tandis qu’un souffle nouveau traverse les champs de piment. Cette culture épicée ne se contente plus d’enflammer les palais : elle stimule les échanges entre pays et change concrètement le quotidien des agriculteurs rwandais. « Je peux désormais payer les frais de scolarité de mes enfants et subvenir à d’autres besoins familiaux. C’est un avantage tangible de la culture du piment par rapport à d’autres cultures commerciales », confie Noel Nzabamwita à CHINAFRIQUE.

Âgé de 46 ans, cet ancien producteur de thé, aujourd’hui membre de la coopérative Ejo Heza, incarne la mutation silencieuse d’un monde rural qui allie la résilience des pratiques agricoles traditionnelles à l’efficacité de l’agro-industrie moderne.

Ce virage s’inscrit dans la stratégie nationale d’exportation du Rwanda, qui vise à améliorer la productivité agricole. Cette politique volontariste a déclenché une véritable révolution verte, portée par des partenariats stratégiques et par l’engagement d’acteurs locaux comme M. Nzabamwita. À travers elle, le pays d’Afrique de l’Est entend inscrire l’agriculture au cœur de sa croissance économique et de son ouverture commerciale.

Un changement porteur de fruits

« La culture du piment a changé ma vie. J’ai même pu construire une maison grâce au marché lucratif du piment, ce qui m’était impossible auparavant avec mes anciennes productions », poursuit M. Nzabamwita.

L’entreprise agro-industrielle Gashora Farm PLC, l’une des pionnières du secteur au Rwanda, accompagne les petits exploitants en leur fournissant intrants, encadrement technique, accès au crédit et débouchés garantis. Ce soutien structurel permet leur intégration dans les chaînes de valeur tournées vers l’exportation, tout en réduisant les risques liés à la production.

« Mon parcours entrepreneurial a commencé après mes études, avec de petits projets comme l’organisation d’événements ou la vente de matériel audio. Ensuite, je me suis lancé dans la culture du piment à petite échelle », raconte Dieudonné Twahirwa, directeur général de Gashora Farm.

Une cliente choisit une sauce pimentée élaborée à partir de piments rwandais dans une supérette à Changsha, province du Hunan, le 6 juin.

L’entreprise mise d’abord sur la tomate et la pastèque, cultures aux revenus rapides mais instables. Ce constat pousse M. Twahirwa à revoir sa stratégie. En 2015, après avoir visité un salon agricole à Kigali, il entrevoit le potentiel du marché international, où les contrats sont plus solides et la stabilité des prix accrue.

Ce tournant stratégique propulse Gashora Farm vers une nouvelle trajectoire, fondée sur l’exportation comme levier de développement. Lors de la première Exposition économique et commerciale sino-africaine (EECSA) en 2019, des entreprises de la province chinoise du Hunan ont conclu des accords préliminaires pour l’achat de piment séché, à la suite de la demande officielle du Rwanda d’exporter vers la Chine. En mars 2021, les deux pays ont officiellement signé un protocole bilatéral sur le commerce de piments séchés. En août de la même année, la première cargaison en provenance du Rwanda est arrivée au Hunan, en faisant le premier pays africain à exporter du piment séché vers la Chine.

En 2021, M. Twahirwa réussit ainsi à percer le marché chinois, après ceux de l’Europe et de l’Inde. Plébiscité pour ses qualités biologiques, ses prix compétitifs et ses normes élevées, le piment rwandais conquiert les acheteurs chinois. En 2024, Gashora Farm scelle un partenariat avec Hunan Modern Agriculture International Development pour lancer le projet de démonstration de l’industrie du piment Rwanda‑Hunan.

Ce projet repose sur un terreau fertile : un climat favorable, une main-d’œuvre abordable et un accompagnement public efficace. Il incarne le renforcement de la coopération agricole bilatérale et le rôle moteur du secteur privé.

Portée par ce partenariat, l’initiative adopte un modèle intégré de contractualisation agricole, mobilisant des milliers de petits producteurs, dont de jeunes agro-entrepreneurs comme Albert Hagirimana, sur plus de 100 hectares. « Le projet m’a donné accès aux intrants et à un marché déjà structuré. Ma production est désormais bien plus rentable », souligne-t-il.

Dès la première récolte, 200 tonnes de piments séchés ont été exportées vers la Chine, suscitant un vent d’optimisme dans les campagnes rwandaises. « J’emploie aujourd’hui dix personnes à temps plein et plus de 50 saisonniers au moment des récoltes. Cela montre bien l’impact positif de cette initiative sur la création d’emplois, directs et indirects », précise M. Hagirimana.

Pour Gladys Habineza, mère de deux enfants et employée comme trieuse sur l’exploitation de M. Hagirimana, cette culture représente bien plus qu’un simple travail : « Mon emploi m’a apporté une stabilité financière. Je peux maintenant faire les courses, acheter des vêtements et payer les frais de scolarité de mes enfants. »

Des agents des douanes inspectent une cargaison de piments séchés rwandais dans un entrepôt à Qingdao, province du Shandong, le 11 juin.

La Chine, un marché prometteur

La croissance de cette filière repose sur une demande soutenue, notamment chinoise, ainsi que sur le soutien appuyé du gouvernement rwandais et de ses partenaires privés. Ce secteur en plein essor illustre le potentiel transformateur du piment pour les producteurs locaux, tout en offrant un modèle d’autonomisation rurale fondé sur l’innovation et la coopération internationale.

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, ce secteur demeure le pilier de l’économie rwandaise : il fait vivre 70 % de la population, génère près de 72 % des emplois et contribue pour environ un tiers au PIB.

James Kimonyo, ambassadeur du Rwanda en Chine, a récemment souligné la croissance constante des investissements chinois dans le pays, accompagnée d’une augmentation significative des exportations vers la Chine. « Nous saluons le soutien constant du gouvernement chinois, qui favorise les investissements et nos exportations, notamment grâce à des initiatives comme la politique zéro droit de douane, qui ouvre le marché chinois aux produits rwandais et africains », a-t-il déclaré lors de la 4e EECSA, tenue en juin à Changsha, dans la province du Hunan.

En 2023, le Rwanda a exporté plus de 3 400 tonnes de piments, qu’ils soient frais, séchés ou transformés, générant 4,2 millions de dollars de recettes, selon les données du ministère rwandais de l’Agriculture et des Ressources animales. Le ministre Ildephonse Musafiri a récemment déclaré que, fort de ces résultats, le pays ambitionnait d’exporter plus de 38 700 tonnes de piments par an d’ici 2030, soit une multiplication par dix en six ans.

Les analystes rappellent que si la Chine figure parmi les premiers producteurs mondiaux de piment, elle en est aussi le plus grand consommateur, avec plus de 500 millions de personnes qui en consomment chaque jour. « Le marché chinois est si vaste qu’il reste largement sous-exploité. Il représente pour nous un potentiel de croissance considérable », a affirmé le ministre lors du Forum africain sur les systèmes alimentaires, organisé en 2024 à Kigali. 

Reportage du Rwanda

 
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