À n’en point douter, les délibérations et les résolutions des deux sessions annuelles chinoises, à savoir celle de l’Assemblée populaire nationale – le Parlement chinois – et de la Conférence consultative politique du peuple chinois – l’organe consultatif politique suprême – qui viennent de se dérouler à Beijing en mars, auront des répercussions mondiales.  

Les réactions épidermiques ont radicalement changé. Il fut en effet un temps où les contempteurs de la Chine se réjouissaient d’un ralentissement économique du pays. Maintenant que le pays tente de revoir de fond en comble le fonctionnement de son économie, le monde regarde avec angoisse. On entend maintenant des voix optimistes qui s’élèvent, souhaitant que la Chine puisse passer avec succès le cap de ses réformes économiques. L’Afrique ne fait pas exception.  

En fait, on peut même soutenir que l’Afrique, dans une certaine mesure, est plus redevable des bonnes fortunes de la Chine que d’autres régions du monde. Au cours de la dernière décennie, la montée en puissance de l’Afrique s’est faite parallèlement à l’accession de la Chine en tant que premier partenaire commercial du continent. Le moteur principal de la croissance économique rapide du continent africain aura été la demande chinoise pour les ressources minérales des pays fortement dotés comme l’Afrique du Sud, la Zambie, la République démocratique du Congo, le Soudan et le Nigéria.  

Changements de politiques  

Un des changements de politiques qui aura été débattu au Grand Palais du peuple à Beijing concerne l’abandon d’une économie à forte intensité de main-d’œuvre et orientée vers les exportations en faveur d’une économie poussée par la consommation et l’innovation. Le corollaire, c’est qu’il y aura moins de demande pour les ressources minérales africaines comme le cuivre, le minerai de fer, le coltan et le platine.  

Les perspectives économiques pour la période du XIIIe Plan quinquennal (2016–2020) peuvent de prime abord sembler moroses pour les pays africains, jusqu’à ce qu’on prenne en considération les projets d’amélioration qui peuvent permettre à la fois à l’Afrique et à la Chine de résister aux bourrasques.  

La proposition économique la plus visible lors du Sommet de Johannesburg du Forum sur la Coopération sino-africaine a été le plan pour l’industrialisation de l’Afrique. Parallèlement à ce plan a été prévue la transformation des ressources minérales en Afrique pour les marchés étrangers en créant de la valeur ajoutée. Si l’on ajoute à cela le fort dividende démographique avec une jeunesse en quête d’emplois, on voit qu’il y a davantage de raisons de se réjouir de la réforme économique en Chine que de s’en plaindre.  

Le XIIIe Plan quinquennal met aussi fortement l’accent sur l’ouverture. L’Afrique du Sud appartient au groupe des pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), ce qui est une chance car de tels mécanismes géopolitiques donneront justement une impulsion à l’agenda d’ouverture.  

L’Afrique va bénéficier de l’initiative « une  Ceinture et une Route » 

La dimension internationale de l’agenda d’ouverture de la Chine s’articule autour de l’initiative « une Ceinture et une Route » (la ceinture économique de la Route de la Soie et la Route maritime de la Soie du XXIe siècle). Les pays africains peuvent s’attendre à être inclus dans cette stratégie gargantuesque qui combine commerce, construction d’infrastructures et culture. Certains pays africains seraient déjà partie prenante à cette initiative.  

Les 10 pays de la bordure maritime d’Afrique de l’Est sont souvent mentionnés comme étant les bénéficiaires naturels de l’initiative « une Ceinture et une Route ». Certains ont vu débarquer des navigateurs chinois au cours des siècles, notamment au Kenya, en Somalie, à Djibouti, au Soudan et en Égypte, des pays qui apparaissent sur les cartes de la Route de la Soie. L’Afrique du Sud et la Chine ont d’ailleurs signé des accords bilatéraux relatifs à cette initiative en décembre dernier.  

Pour ces raisons, le XIIIe Plan quinquennal doit être considéré comme une source d’optimisme.

(L’auteur est chercheur post-doctoral à l’Université Witwatersrand en Afrique du Sud.)