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Afrique
  2016-02-05
 

Le travail, c'est la santé !

par Sudeshna Sarkar | VOL.8 FéVRIER 2016
Mots-clés: médecine traditionnelle chinoise ;santé

 
Le Dr Zoubida Rabehi discute avec des personnes âgées au Centre de santé de Taizhou

Quand la pharmacologue chinoise Tu Youyou a reçu le prix Nobel de médecine l’année dernière pour sa découverte de l’artémisinine, le médicament à base de plantes utilisé par la médecine traditionnelle chinoise (MTC) pour traiter le paludisme, le Dr Zoubida Rabehi s’est senti personnellement satisfait. « Mes enfants et moi-même avons personnellement bénéficié de l’artémisinine », confie la généraliste algérienne de 44 ans. 

Rabehi, qui est l’épouse de l’ambassadeur d’Algérie en Chine, Hassane Rabehi, a également vécu au Ghana de 1997 à 2004, quand son mari a été nommé ambassadeur à Accra. « Ma famille et moi, y compris ma plus jeune fille née au Ghana en 1999, avons contracté le paludisme à plusieurs reprises », raconte madame Rabehi. « On prenait de la quinine, mais trop de quinine cause des effets secondaires. Alors les médecins chinois travaillant à l’hôpital d’Accra nous ont suggéré de prendre de l’artémisinine, laquelle étant à base de plantes n’avait pas d’effets secondaires, et nous avons été guéris. Quand j’ai su que Tu avait obtenu le prix Nobel, j’ai immédiatement pensé que la MTC serait maintenant plus internationalement connue et plus largement acceptée. » 

  

Destinée à la MTC 

Quand les Rabehi arrivent en Chine il y a six ans, Zoubida Rabehi veut en savoir plus sur la médecine traditionnelle. Elle attend toutefois trois ans, persuadée que pour étudier la MTC il lui faut d’abord mieux connaître la culture et l’histoire chinoise. Finalement, il y a trois ans, elle s’inscrit à un master dans la célèbre Université de médecine traditionnelle chinoise de Beijing.  

Quand la famille sera de retour à Alger, elle espère ouvrir sa propre clinique pour pouvoir mélanger médecine traditionnelle et médecine occidentale. L’idée n’est pas aussi étrange qu’elle peut le paraître aux non-initiés. En effet, des éléments de la MTC sont depuis longtemps utilisés en Algérie. « Je connais la MTC depuis mes 10 ans », explique Rabehi : « Ma tante a subi une opération pour se faire retirer l’appendice et les médecins ont eu recours à l’acupuncture pour l’anesthésier ».  

Rabehi s’est spécialisée en acupuncture, thérapie par massages et moxibustion – la stimulation par la chaleur, générée par des plantes enflammées, de certains points du corps pour traiter des maladies. L’immersion de cette Algérienne dans la MTC prend soudain plus de sens quand on se souvient que la première mission médicale chinoise à l’étranger avait pour destination l’Algérie, en janvier 1963. Répondant alors à la requête du ministre algérien de la Santé, la Chine envoie une équipe dans ce pays nord-africain pour combler le vide médical créé par le départ de tous les médecins français après l’indépendance du pays.  

Le mois dernier, Rabehi faisait partie de la délégation d’étrangers et personnel diplomatique invités à Taizhou, une ville verte et calme de la côte est de la Chine qui cherche à devenir un hub pour l’industrie pharmaceutique. 

 

Une ville médicale sur la Route de la Soie 

Avec une population de seulement 5 millions d’habitants, la ville de Taizhou, à l’est de la Chine, a une longue histoire. Elle a été visitée il y a plus de 700 ans par le voyageur italien Marco Polo, qui la décrit comme une ville de confort et de joie. Aujourd’hui elle est également connue pour sa zone médicale de haute technologie, la première en Chine. Créée en 2009, la Ville médicale chinoise (VMC) a pour objectif d’être la plus grande base de l’industrie biomédicale du pays avec la chaîne industrielle la plus complète. Outre la production, la ville possède des installations pour la recherche et le développement, l’éducation médicale et la formation professionnelle, des expositions et des industries partenaires comme la finance et l’informatique.  

Elle bénéficie également de certains avantages. La VMC est un creuset de test pour les nouveaux vaccins. De nouveaux vaccins pour humains et animaux y sont recherchés, produits pour tests cliniques et mis en vente. L’industrie de la médecine traditionnelle chinoise y est florissante et celle-ci est pratiquée à l’hôpital de Taizhou, ouvert il y a près de 60 ans. Celui-ci sera remplacé en septembre par un nouvel hôpital d’une capacité de 1 500 lits. La VMC possède aussi un centre de recherche très réputé pour les cellules souches et la plus grande banque de cellules souches en Asie. 

« Vous allez voir un Taizhou et une Chine très différents de ce que vous avez connu jusqu’à maintenant », promet Lan Shaomin, secrétaire du conseil municipal du Parti à Taizhou. Lan explique que plus de 600 compagnies ont été ouvertes dans la ville et que des collaborations sont en cours avec 50 universités et autres agences de recherche. « Depuis 14 ans, Taizhou est au sommet du secteur de l’industrie pharmaceutique », affirme le secrétaire. « On espère produire et vendre pour plus de 100 milliards de yuans (15,17 milliards de dollars) de produits pharmaceutiques en 2016, et plus de 200 milliards de yuans (30,34 milliards de dollars) en 2019. Pour atteindre ces objectifs, la ville accueille chaque année depuis 2010 une conférence médicale. La septième édition de l’Exposition médicale internationale de Chine (Taizhou) se tiendra cet automne. 

  

Un intérêt pour l’Afrique 

Défiant l’air froid du matin, Tang Wanying, 63 ans, fait du tai chi dans la cour de l’hôpital de médecine traditionnelle de Taizhou, avec des personnes considérablement plus jeunes. Un groupe de mères inquiètes attend le Dr Xia Jin qui doit masser le cou de chaque bébé. Ce jeune homme de 34 ans, 4e médecin de MTC de sa famille, fait de petites entailles sur la nuque d’un homme souffrant d’arthrite. 

L’hôpital accueille de temps à autres des patients africains. Xia a récemment traité les problèmes d’articulations des genoux d’un Sud-Africain de 40 ans avec de l’acupuncture. L’Afrique du Sud est un pays important pour Taizhou. Dans la VMC, c’est une compagnie sud-africaine qui assemble le matériel médical, comme les respirateurs artificiels et les lits d’hôpitaux. L’année dernière, une délégation de la VMC s’est rendue en Afrique du Sud pour discuter des questions de coopération et d’investissement. Par ailleurs, 12 délégations internationales ont assisté à la 6e exposition médicale de Taizhou, dont l’Afrique du Sud.  

L’Afrique est le plus grand marché international pour a compagnie, basée à Taizhou, Yangtze River Pharmaceutical Group (YRPG), l’un des plus grands fabricants de médicaments en Chine. « L’Afrique est notre plus grand marché, elle représente plus de 50 % de nos exportations », dit Yang, le responsable des ventes internationales du groupe. Plus de 40 de leurs produits sont actuellement vendus ou sont enregistrés dans 16 pays africains, allant de l’Algérie à l’Ouganda. La compagnie prévoit de s’étendre à 22 autres pays. « Les réglementations en Afrique de l’Est sont bonnes », affirme Yang. « On veut s’étendre dans cette région. On a prévu de participer à l’exposition médicale du Kenya en septembre prochain. »  

  

L’opportunité du Sud-Soudan 

« Au Sud-Soudan nous utilisons des médicaments faits par YRPG », raconte le Dr Michael Milli Hussein, ambassadeur sud-soudanais en Chine. « On aimerait que certaines de ces compagnies [pharmaceutiques chinoises] investissent au Sud-Soudan. Nous voulons qu’elles partagent avec nous leur expertise et qu’elles forment certains de nos cadres. » 

L’ambassadeur de la plus jeune nation au monde, et médecin spécialisé dans les maladies tropicales, demande au gouvernement chinois d’aider son pays – né il y a moins de 5 ans – à construire des infrastructures médicales. Poursuivant ainsi la forte coopération médicale entre la Chine et l’Afrique, renforcée récemment par l’épidémie d’Ebola.  

« Actuellement, le gouvernement chinois nous fournit de l’aide à la formation, des médicaments et de l’équipement », explique Hussein. « Ce sont des domaines que nous voulons développer – de la formation des médecins, infirmières et sages-femmes à la construction d’infrastructures sanitaires. » 

Le système de santé sud-soudanais est tripartite, avec comme organe de base les cliniques locales tenues par du personnel médical. Il y a ensuite les hôpitaux en zone rurale, puis les hôpitaux d’État avec des traitements plus spécialisés et des médecins plus expérimentés. « On voudrait que le gouvernement chinois nous aide à construire les infrastructures de base, nous fournisse formations, médicaments ainsi que de l’équipement », dit Hussein. 

Comme au Ghana, le paludisme affecte énormément le Sud-Soudan, où il est responsable de près de 30 % des décès, particulièrement parmi les enfants et les personnes âgées. « La Chine est l’un des premiers fabricants de médicaments contre le paludisme », constate Hussein. « On achète ces médicaments ou les obtient par des dons. Pourquoi ne pas encourager les compagnies à produire au Sud-Soudan pour faciliter la question du transport ? On est une jeune nation avec des règles très flexibles pour les investisseurs. Les compagnies peuvent obtenir des partenariats public-privé, être l’unique propriétaire ou créer des entreprises communes. » 

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