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Afrique
  2016-08-12
 

Endiguer la fuite des cerveaux

par Ronak Gopaldas | VOL. 8 août 2016
Mots-clés: investissements; Afrique

Le nombre des universités privées en Afrique s’accroît et le secteur génère un fort intérêt de la part des investisseurs. En 1960, l’Afrique n’abritait que sept universités privées, d’après une déclaration faite en 2012 par Olugbemiro Jegede, alors secrétaire général de l’Association des universités africaines. En 1990, leur nombre était passé à 27 et en 2006, près de 22 % des étudiants inscrits sur le continent étudiaient dans des établissements privés, expliquait-il alors.

L’Université africaine du leadership projette d’établir un réseau de 25 universités dans toute l’Afrique dans les 25 à 30 ans et fournir un enseignement à 250 000 étudiants une fois pleinement en activité, affirme un de ses fondateurs, Fred Swaniker, dans un entretien avec le site howwemadeitinafrica.com en décembre dernier. Un campus a été ouvert à Maurice l’an passé et d’autres sont prévus au Rwanda et au Nigéria entre 2017 et 2019.

L’Université de Lancaster au Ghana est une autre université privée, un campus délocalisé d’une institution britannique soutenue par Transnational Education, qui gère une fondation éducative basée à Dubaï. On trouve aussi l’Université Ashesi au Ghana, l’université britannique en Égypte et l’Université internationale des États-Unis au Kenya, toutes établies au cours de cette décennie.

Former du personnel qualifié

Qu’est-ce qui suscite ces investissements croissants dans les établissements privés d’enseignements supérieurs en Afrique ?

La première raison est démographique. Un rapport de l’Unicel en 2014 prévoit que l’Afrique abritera 40 % de la population mondiale d’ici à 2100. Le nombre des moins de 18 ans devrait atteindre la barre du milliard d’ici à 2050. Les dirigeants africains devront effectuer les investissements appropriés dans le secteur de l’enfance pour établir une « force de travail africaine qualifiée et dynamique », a déclaré David Anthony, un des contributeurs au rapport, à npr.com. Les inscriptions sur le continent ont progressé plus rapidement que les financements gouvernementaux, entraînant une baisse des places disponibles et de la qualité de l’enseignement. L’Afrique abrite moins de 2 000 établissements d’enseignement supérieur pour une population d’un milliard d’habitants dans 54 pays. Phillip L. Clay, ancien doyen du Massachusetts Institute of Technology (MIT), a fait savoir en mars dernier au quotidien britannique The Guardian qu’à titre de comparaison, les États-Unis en comptaient 4 000 pour 320 millions d’habitants. Moins de 7 % des Africains étaient diplômés du supérieur, contre 30 % pour les Américains et les Européens.

Par ailleurs, la progression des classes moyennes en Afrique – dont les dépenses quotidiennes sont comprises entre 2 et 20 dollars par jour – est la plus rapide au monde, d’après la Banque africaine de développement (BAD). Ainsi, 327 millions de personnes, soit un tiers de la population, sont concernées, deux fois plus qu’il y a 20 ans. D’ici à 2060, près de 42 % de la population africaine appartiendra à la classe moyenne, toujours d’après la BAD.

Avec un revenu disponible en hausse, les parents et les étudiants sont disposés à en consacrer une forte proportion à l’éducation, d’après un article de novembre 2015 paru dans Proparco, une institution financière spécialisée dans le développement et basée à Paris. Un rapport de la société McKinsey de 2010 évalue à 4,9 % la croissance des dépenses des ménages dans l’éducation en Afrique entre 2008 et 2020.

La seconde raison, c’est que les investissements dans l’enseignement supérieur privé en Afrique peuvent s’avérer lucratifs. Claudia Costin, directrice pour l’éducation à la Banque mondiale, a déclaré en mars 2015 lors du Sommet africain pour l’enseignement supérieur à Dakar, au Sénégal, que c’est en Afrique que les perspectives de rentabilité des investissements dans ce secteur sont les plus élevées, à 21 %.

La troisième raison, c’est que l’enseignement supérieur permettra au continent de se développer et de conserver un réservoir pour l’innovation et les idées novatrices. Plus de 500 000 Africains font leurs études à l’étranger chaque année, en grande partie financées par des aides gouvernementales. Beaucoup ne rentrent pas dans leur pays. L’établissement d’institutions en Afrique permettra de conserver les talents et créera des opportunités pour constituer des centres d’excellence sur le continent.

Quatrièmement, enfin, les investissements dans l’enseignement supérieur privé répondront aux besoins croissants en compétences analytiques. Le secteur de l’enseignement public en Afrique ne répond pas aux besoins des employeurs, d’après le professeur N. V. Varghese, directeur du Centre de recherche politique, à New Delhi, ayant étudié le développement des universités privées en Afrique. « Le secteur privé en Afrique propose des cours qui donnent aux étudiants ce qu’ils demandent : ils investissent et ils en retirent une rentabilité immédiate », a-t-il expliqué au Times Higher Education en octobre dernier.

Les établissements privés d’enseignement supérieur

L’enseignement supérieur privé peut aussi offrir des opportunités aux diplômés afin qu’ils exploitent le potentiel de l’Afrique. Il est choquant de voir à quel point il y a peu de diplômés dans l’agriculture, par exemple. Une étude de la Banque mondiale en 2011 montre que seuls 2 % des étudiants africains étaient spécialisés dans l’agriculture l’année précédente, alors que le secteur contribue au PIB africain à hauteur de 13 %. Il est aussi quasiment impossible de trouver des gestionnaires de haut niveau dans l’agroalimentaire en Afrique, explique un directeur d’une grande société de recrutement qui souhaite rester anonyme à Africa in Fact. La pénurie de diplômés dans le secteur de l’extraction minière est aussi choquante en raison du rôle important que joue ce secteur dans de nombreux pays africains. Le secteur de l’enseignement privé pourrait remédier à cette carence, laissant aux gouvernements la charge de veiller à sa qualité et de le superviser.

Les critiques estiment que les institutions privées, notamment à but commercial, proposent des cours qui nécessitent des investissements en infrastructures limités et dont les coûts de fonctionnement sont moindres. Elles s’allouent les services à mi-temps d’enseignants du public. Leur caractère commercial peut avoir un impact sur les cours proposés ainsi que sur les diplômes qu’elles délivrent. En 2013, par exemple, quelque 66 doctorats délivrés par l’Université internationale de Kampala au cours des deux années précédentes ne respectaient pas les critères académiques requis et le Conseil national de l’enseignement supérieur d’Ouganda les a invalidés, selon un rapport publié l’an passé sur le site SciDev.net.

Pour être efficaces, les universités privées devront être soumises à la réglementation et à la supervision publique. Si les gouvernements africains autorisent l’établissement d’universités privées, ils doivent s’engager à établir un cadre de supervision et d’évaluation fiable pour garantir l’intégrité du système. Les universités privées peuvent jouer un rôle important pour améliorer la situation de l’enseignement sur le continent à la condition qu’elles soient perçues comme complémentaires, et non pas rivales, des institutions publiques.

(L’auteur est directeur des risques-pays à la Rand Merchant Bank de Johannesburg, Afrique du Sud.)

 

Exclusif CHINAFRIQUE

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