2017-09-29 |
Aider l'Afrique à se mettre en ligne |
VOL. 9 octobre 2017 |
Mots-clés: internet; Afrique |
La jeune africaine et celle qui bénéficie le plus de l'internet.
CHINAFRIQUE : Quelle est l'approche de l'ICANN par rapport à l'Afrique et quels efforts de sensibilisation ont été entrepris à ce jour ?
Pierre Dandjinou : À mesure que l'internet se développe, l'élaboration de politiques en la matière devient cruciale. Il est important pour les pays africains d'identifier quels politiques, investissements et priorités sont susceptibles d'encourager le développement de l'écosystème internet de leur pays et dans l'ensemble de la région. L'une des principales raisons pour lesquelles ICANN se concentre sur les efforts de sensibilisation dans la région est de faire en sorte que la voix de l'Afrique soit mieux entendue dans la sphère numérique. Dans le cadre de la communauté internationale de l'ICANN, les parties prenantes en Afrique ont la possibilité de façonner les politiques de l'ICANN pour défendre les intérêts et les besoins de leurs communautés. Un des nouveaux mécanismes développés par l'ICANN est la « communauté habilitée », qui consiste à renforcer ce type de participation afin de donner plus de pouvoir aux communautés dans la structure ascendante de l'ICANN.
Un autre aspect de notre travail est de hausser la sensibilisation pour la mise sur pied d'un programme de noms de domaine internationalisé en Afrique. Ce programme vise à permettre l'utilisation des noms de domaine directement dans les langues et alphabets locaux.
Pensez-vous qu'il existe un lien entre l'entrepreneuriat et internet ?
L'Afrique ne cesse de progresser dans la sphère numérique, mais la connectivité n'est pas encore uniformément répartie à travers le continent. Plus de 800 millions d'Africains sur environ 1,2 milliard n'ont pas encore accès à internet. D'autres ne peuvent tout simplement pas se permettre les coûts liés à internet là où il est disponible. D'autre part, dans cinq des plus grands pays du continent – le Nigéria, l'Égypte, le Kenya, l'Afrique du Sud et le Maroc – le taux de pénétration d'internet se rapproche maintenant de la moyenne mondiale.
De ce point de vue, l'infrastructure internet est cruciale pour l'entrepreneuriat. Comment un jeune entrepreneur pourra-t-il commercialiser une idée ou un produit s'il ne peut pas accéder au marché mondial par l'entremise d'internet ? Sans un accès efficace à internet, les entreprises ont du mal à croître, et l'entrepreneuriat dépend de cette croissance. Rappelons toutefois que l'infrastructure est un domaine de responsabilité des populations et des gouvernements locaux.
Comment l'internet peut-il stimuler la participation des jeunes à la croissance économique ?
En Afrique, les 60 % les plus riches sont trois fois plus susceptibles d'être connectés que les autres 40 %, et les femmes sont deux fois moins susceptibles d'avoir accès à internet que les hommes. Les carences en alphabétisation de base ou de littératie numérique demeurent un frein important à l'utilisation de l'internet
Il est impératif pour les pays africains d'identifier les problèmes qui les affectent le plus sévèrement et d'élaborer des solutions pertinentes. Une approche multipartite impliquant les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les ONG peut être très efficace pour établir un consensus sur les meilleures politiques et actions à adopter.
La créativité et l'innovation sont essentielles pour la croissance du monde numérique. Au cours des deux dernières années, nous avons assisté à une expansion sans précédent de l'espace des noms de domaine, et plus de 1 000 noms de domaine de niveau supérieur se sont ajoutés à l'internet.
En Afrique, nous devons contribuer à hausser la sensibilisation à ce sujet en discutant avec les différents acteurs du gouvernement, de la société civile, du milieu universitaire, des experts techniques et des ONG pour fournir une aide ciblée afin de renforcer les capacités dans les domaines concernés. L'une des tendances importantes que nous observons est la montée des centres d'innovation en Afrique. Ces centres fournissent aux jeunes entrepreneurs un espace pour développer leurs applications. Mais cela exige des plans d'affaires et des mécanismes de financement appropriés. Nous devons encourager et soutenir ces jeunes pour que ces nouvelles entreprises et startups puissent se développer et prospérer.
Qu'est-ce que l'Afrique doit faire dans le secteur de l'internet à l'avenir ?
Nous devons être attentifs aux recommandations issues de l'étude du marché sur le système des noms de domaine en Afrique. Par exemple, l'étude proposait d'établir un observatoire pour suivre les changements dans l'utilisation du système des noms de domaine sur le continent. Il existe un potentiel considérable en Afrique pour le développement d'entreprises liées à l'internet. Cependant, il existe des obstacles tels que le manque d'infrastructure, le faible niveau d'alphabétisation et l'absence de programmes de financement pour réaliser ce potentiel.
Il est important que nous travaillions ensemble pour favoriser le dialogue entre les partenaires du monde entier. L'internet est tout autant global que local. C'est pourquoi il est si important pour l'Afrique de participer à l'ICANN, afin que nos pays, nos langues et nos cultures y soient représentés.
Que pensez-vous du 5 Forum africain sur le système de noms de domaine, qui s'est tenu récemment en Tanzanie ?
Le Forum africain sur le système de noms de domaine est un événement important, car il nous donne l'occasion d'informer les différentes communautés du continent de discuter avec eux des meilleures façons de renforcer la présence numérique sur le continent.
La communauté africaine a fait un excellent travail pour faire de ce forum un pèlerinage annuel pour la communauté régionale des noms de domaine. Je crois fermement qu'ensemble, nous avons établi une base solide pour cette industrie. Cependant, beaucoup reste à faire, en particulier au niveau local.
Ce sont les Africains qui soutiendront le développement et l'expansion de l'internet en Afrique, de la même façon qu'ils ont initié cette croissance. Pour cela, la coopération est cruciale. Nous aidons à créer les fondements pour que l'Afrique réalise son potentiel numérique, mais seule la participation africaine est à même de faire de cet objectif une réalité.
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