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  2021-03-29
 

Répartition équitable de la croissance

Hu Fan  ·   2021-03-29
Mots-clés: développement; Chine

Une employée en poste dans une usine de textile à Xiayi, au Henan (centre), le 26 septembre 2020. (Photo : Xinhua)

Cela fait cinq ans maintenant que Chen Yanan, ingénieur en équipement, est rentré à Zhengzhou, chef-lieu du Henan (centre), pour travailler chez un fabricant de smartphones dans sa ville natale. Auparavant, il a travaillé à Shenzhen, au Guangdong (sud), pendant six ans. « Je suis revenu car de nombreuses usines ici avaient besoin de techniciens et le salaire n’était pas inférieur à celui que je touchais à Shenzhen », relate-t-il. « En outre, je me sens plus à ma place dans ma ville natale ».

Son expérience est partagée par nombre de ses collègues actuels. Après avoir étudié et travaillé pendant des années dans des villes côtières, ils ont découvert que des emplois similaires étaient disponibles dans leur ville natale, car de plus en plus d’entreprises s’implantent ou se développent à l’intérieur du pays.

Le transfert industriel est une mesure prise par la Chine pour promouvoir un développement régional coordonné. Le plan de développement prévoit de faire progresser le développement de la région occidentale, de revitaliser le nord-est, de dynamiser la région centrale, d’intégrer le développement de la région Beijing-Tianjin-Hebei, le développement de la Ceinture économique du Yangtsé, le développement intégré du delta du fleuve Yangtsé et le développement de la région de la Grande Baie de Guangdong-Hong Kong-Macao (GBA). L’objectif est principalement d’équilibrer le développement régional. Ces dernières années, la Chine a fait des progrès constants dans la mise en œuvre de ce plan, contribuant ainsi à une croissance économique stable et saine et à un développement de qualité.

Nouveau moteur de croissance

Le développement régional coordonné est une étape cruciale pour exploiter le potentiel de développement et favoriser les moteurs de croissance. Le Henan a été parmi les premières provinces à mettre en œuvre ce plan en introduisant massivement des industries provenant des zones côtières. En 2010, la délocalisation de Foxconn, l’un des plus grands fabricants d’électronique du monde, dont les investissements sur la partie continentale de la Chine étaient auparavant concentrés dans les régions côtières, l’a placée au centre de l’attention nationale.

La province était en bonne position pour obtenir l’accord lorsque l’entreprise a cherché à déplacer une partie de ses capacités de production à l’intérieur du pays. Elle dispose de riches ressources humaines et d’infrastructures solides, notamment en matière de transport. Pourtant, la concurrence a été rude. Une série de politiques préférentielles ont été proposées à Foxconn, notamment la transformation d’une zone aéroportuaire en une zone de libre-échange intégrée, la première de ce type dans la région centrale.

L’accord a été conclu la même année. Il a défini des avantages fiscaux pour les téléphones produits destinés à être exportés par voie aérienne. L’accord a rapidement porté ses fruits. La première usine de la société, située dans la zone aéroportuaire de Zhengzhou, employait 130 000 personnes à la fin de l’année suivante. En 2012, l’usine a fini de construire 95 lignes de production et a réalisé un chiffre d’affaires de 20 milliards de dollars, devenant ainsi la plus grande base de production de smartphones au monde. Foxconn a ensuite continué à construire deux autres usines dans la ville et d’autres usines dans cinq autres villes de la province. Au total, l’entreprise emploie environ 400 000 personnes dans la province.

Au cours des cinq dernières années, la province a introduit plus de 3 400 projets d’une valeur supérieure à 100 millions de yuans (15,4 millions de dollars) et a attiré des investissements de plus de 1 000 milliards de yuans (154 milliards de dollars) de l’extérieur. « Le transfert industriel a été le principal moteur de la croissance industrielle du Henan », indique Yang Xinsheng, directeur adjoint du département provincial de l’industrie et des technologies de l’information du Henan, lors d’une conférence de presse le 29 septembre 2020. En janvier, la province a développé deux parcs industriels dédiés à la fabrication d’équipements et à l’agroalimentaire, et 19 autres parcs industriels majeurs, avec 44 entreprises réalisant des revenus de plus de 10 milliards de yuans (1,54 milliard de dollars), selon le département.

Grâce à l’augmentation du nombre d’emplois créés par ces industries, la province, qui est l’une des plus peuplées de Chine et une source importante de main-d’œuvre migrante, voit diminuer le nombre de personnes obligées de quitter la province pour raisons professionnelles. Selon les rapports de la province sur le développement de la population, l’exode net de la population n’a augmenté que de 70 000 personnes en 2018, soit 310 000 de moins que l’année précédente.

Un navire sort de la chaîne de production à Wuhu, dans la province de l’Anhui (est), le 2 juillet 2020. (CNS PHOTO)

Soutien du gouvernement

Afin de promouvoir le transfert industriel transrégional, le Conseil des affaires d’État a publié en 2010 des lignes directrices destinées aux régions du centre et de l’ouest pour accueillir les industries transférées. Ces lignes directrices précisent les principes, les tâches clés et le soutien politique du transfert industriel, et soulignent que les transferts doivent être orientés vers le marché, que les industries transférées doivent être concentrées dans des zones clés et que les industries arriérées, fortement polluantes ou dotées de capacités de production obsolètes, doivent être exclues. Elles suggèrent également que chaque région se concentre sur les secteurs où elle bénéficie d’avantages par rapport aux autres afin d’éviter le développement redondant d’une même industrie.

Pour faciliter le déploiement approprié des industries dans les différentes régions, un catalogue détaillé des industries recommandées et déconseillées pour chaque région a été publié par le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information (MITI) en 2012 et mis à jour en 2018 pour inclure les industries émergentes. En 2010, le pays a approuvé ses premières zones de démonstration pour le transfert industriel dans la province d’Anhui, qui impliquait Hefei, Wuhu et huit autres villes. Un soutien spécial a été accordé aux zones de démonstration dans le but de former des clusters industriels à grande échelle.

Le 15 octobre 2020, les Série de rencontres sur le transfert industriel en Chine (Zhengzhou) ont été organisées pour la sixième fois à Zhengzhou. Cet événement sert de plateforme pour le transfert de projets industriels provenant de zones mieux développées de Chine et de l’étranger. Depuis son premier lancement en 2010, l’événement national organisé conjointement par le MITI et plusieurs gouvernements provinciaux a facilité la signature de 2 975 projets d’une valeur de 1 390 milliards de yuans (214 milliards de dollars). L’événement 2020 a vu le transfert de 778 projets par le biais de la plateforme, dont 76 % provenaient des régions de Beijing-Tianjin-Hebei, de la GBA et du delta du fleuve Yangtsé, trois pôles de croissance du pays.

Notamment, les projets transférés ne se limitaient pas aux industries traditionnelles, mais comprenaient une bonne proportion d’industries émergentes, telles que les technologies de l’information nouvelle génération, la fabrication d’équipements haut de gamme et les automobiles à énergie renouvelable.

Employés locaux au travail dans une usine d’électronique à Ankang, au Shaanxi (nord-ouest), le 15 mars. (Photo : Xinhua)

Exploration en cours

Le 11 mars, le XIVe Plan quinquennal (2021-25) et les Objectifs à long terme à l’horizon 2035 ont été approuvés lors des Deux sessions –réunions annuelles de l’Assemblée populaire nationale (APN) et du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC). Le développement régional coordonné était un élément important du plan et un sujet de préoccupation pour les députés de l’APN et les membres de la CCPPC.

Ces cinq dernières années, les régions de l’ouest et du centre ont connu une croissance notable. Elles ont enregistré une croissance annuelle du PIB de 7,3 et 6,7 % respectivement, soit plus que la moyenne nationale de 6,1 %. Cependant, la croissance dans la région du nord-est a été atone, avec un taux de 4,5 % en 2019. De nouvelles percées doivent être réalisées pour revitaliser la région, comme l’indique le plan quinquennal. Parmi les autres préoccupations, citons l’insuffisance des plateformes d’accostage et l’imperfection des procédures de transfert industriel.

Selon Qian Xueming, vice-président du comité provincial de la CCPPC du Guangxi (sud), la coopération intergouvernementale doit être améliorée pour un meilleur transfert industriel transrégional. Le Guangxi dans son ensemble est sortie de la pauvreté l’année dernière, mais de nombreux habitants déplacés des villages pauvres vers les zones urbaines doivent encore migrer pour trouver du travail dans les régions côtières orientales, car les industries locales ne peuvent pas fournir suffisamment d’emplois.

Dans une interview accordée à Southern Metropolis Daily, M. Qian a déclaré qu’un problème majeur atténue les efforts visant à introduire davantage d’industries dans la région occidentale : la réticence des gouvernements locaux des zones où les industries sont initialement situées. « De tels transferts n’arrangent pas les affaires des gouvernements de la zone côtière qui n’y gagnent rien alors que les régions occidentales ont tout à gagner en accueillant de nouvelles industries et les entreprises bénéficient de coûts d’exploitation inférieurs », mentionne-t-il. Par conséquent, les gouvernements locaux de la région occidentale négocient souvent les transferts directement avec les entreprises, sans l’intervention du gouvernement de la région où les entreprises sont initialement implantées.

La solution de M. Qian, telle qu’il l’a incluse dans sa proposition au Comité national de la CCPPC lors des Deux sessions en mars, serait d’encourager les gouvernements locaux des régions développées à transférer leurs industries traditionnelles vers l’ouest, par exemple en incluant de tels transferts comme indicateur d’évaluation des performances du gouvernement local. « Il serait beaucoup plus facile de transférer des industries vers l’ouest si les gouvernements des régions développées étaient prêts à le faire », espère-t-il.

 

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