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  2025-05-06
 

De roc et de volonté

VOL. 17 / MAI 2025 par XIA YUANYUAN  ·   2025-05-06
Mots-clés: revitalisation rurale ; éradication de la pauvreté

Le succès de Nujiang dans l’élimination de la pauvreté constitue un exemple inspirant pour les pays en développement. 

Des villageois entonnent des chants traditionnels pour célébrer le Festival de Kuoshi, également connu sous le nom de Nouvel An des Lisu. (COURTOISIE) 

  

La pauvreté demeure un fléau dans de nombreuses régions du monde. L’expérience de la Chine en matière d’éradication de la pauvreté démontre que les pays en développement peuvent, à force de persévérance et d’efforts soutenus, venir à bout de ce fléau, a souligné Irina Bokova, ancienne directrice générale de l’UNESCO. Elle s’exprimait lors du Forum international 2025 sur la gouvernance de la pauvreté et le développement mondial, qui s’est tenu le 29 mars à Lushui, dans la préfecture autonome Lisu de Nujiang (Yunnan), et est coorganisé par le gouvernement provincial du Yunnan, l’Association chinoise des relations publiques et le Groupe de communication internationale de Chine (CICG). 

Placée sous le thème « Ensemble, promouvons la revitalisation rurale et le développement commun », cette édition du forum s’est tenue quatre ans après que la Chine a officiellement déclaré avoir éradiqué la pauvreté absolue en 2021. « L’élimination de la pauvreté constitue un jalon vers la modernisation. Pourtant, 1,1 milliard de personnes dans le monde vivent encore dans une extrême pauvreté. La Chine souhaite partager son expérience et s’inspirer des approches fructueuses d’autres pays pour favoriser un progrès commun », a fait valoir Du Zhanyuan, président du CICG. 

« Si la Chine y est parvenue, d’autres pays en développement le peuvent aussi. C’est le message que transmet au monde la lutte chinoise contre la pauvreté », a renchéri Mme Bokova. 

Les avancées chinoises dans ce domaine suscitent l’admiration de la communauté internationale. En témoigne Nujiang, qui incarne à elle seule la réussite d’une transformation en profondeur.  

 

Une tâche ardue  

Nichée à la frontière du Yunnan et de la Birmanie, la préfecture autonome Lisu de Nujiang se distingue par sa richesse écologique et sa mosaïque ethnique. On y compte une multitude de groupes, dont les Derung et les Lisu, qui y vivent depuis des générations. 

Malgré ses trésors naturels et culturels, Nujiang a longtemps été l’un des bastions de la pauvreté extrême en Chine. Le taux de pauvreté y culminait à 56 % — l’un des plus élevés du pays — illustrant la difficulté titanesque de sortir cette région de la misère. 

Puis un tournant s’est amorcé. Il y a plus d’une décennie, la stratégie ciblée de réduction de la pauvreté a gagné les montagnes. À la clé : investissements massifs et infrastructures inédites. Fin 2020, la préfecture autonome avait éradiqué la pauvreté absolue, libérant 269 600 personnes de l’extrême pauvreté. Une région est déclarée exempte de pauvreté lorsque le revenu net annuel par habitant dans les zones rurales dépasse le seuil national, fixé à environ 4 000 yuans (550 dollars) en 2020. 

Comment Nujiang a-t-elle accompli un tel exploit ? Regardons de plus près les leviers qu’elle a actionnés. 

  

Récolte du tsaoko dans la préfecture autonome Lisu de Nujiang. (COURTOISIE) 

L’agriculture au service du développement  

Dans de nombreux villages de Nujiang, le tsaoko, une épice apparentée au gingembre, est devenu une culture commerciale clé, favorisée par l’altitude idéale, la richesse des sols et l’humidité propices des vallées. 

Cultivé depuis plus de cinquante ans dans la région, le tsaoko s’est imposé comme une industrie pilier dans le cadre des campagnes de réduction de la pauvreté et de revitalisation rurale. Pourtant, les producteurs locaux se heurtent encore à de nombreux défis, tels que la faible durée de conservation, les contraintes logistiques et la chute des prix, qui freinent l’essor de cette filière prometteuse. 

Pour y remédier, la région a su attirer des entreprises comme Yunnan Baiyao Group et Shanghai Minlong Industrial, insufflant un nouvel élan à l’industrie du tsaoko. Parallèlement, des efforts sont déployés pour intensifier la recherche et promouvoir la transformation de l’ensemble de la plante : tiges, feuilles et pédoncules sont ainsi valorisés afin d’en accroître la valeur ajoutée. 

Aujourd’hui, la surface cultivée s’étend sur 1,1 million de mu (73 333 hectares), faisant de Nujiang le principal bassin de production du tsaoko en Chine. En 2024, la production annuelle a atteint 72 000 tonnes. Cette filière en plein essor procure désormais un revenu annuel supplémentaire de 3 400 yuans (470 dollars) à chacun des 165 300 agriculteurs engagés dans cette culture. 

À peine franchit-on les portes du parc industriel du tsaoko à Nujiang que l’on découvre une étonnante variété de produits dérivés : parfums, masques pour le visage, bière, vinaigre, lessive… Le fruit épicé se décline sous de multiples formes, parfois inattendues. 

Selon Hu Xiaojie, maire adjointe de la ville de Lushui, sept entreprises spécialisées ont déjà mis au point 92 produits, dont 27 sont actuellement commercialisés. La valeur totale de production de la filière s’élève désormais à 2,29 milliards de yuans (320 millions de dollars). 

  

Des femmes relocalisées travaillent dans un atelier de couture de balles de baseball dans le village de Tuoping, dans le district de Fugong, préfecture autonome Lisu de Nujiang, le 2 novembre 2020. (XINHUA) 

Un nouveau départ  

Dans cette région montagneuse, les villages perchés sur des pentes abruptes rendaient les déplacements périlleux et l’accès aux services publics difficile. Par ailleurs, l’écosystème fragile subissait les conséquences d’une agriculture de subsistance et d’une déforestation de survie. Pour briser ce cercle vicieux, Nujiang a lancé un ambitieux programme de relocalisation en décembre 2019. La communauté Hexie, à Lushui, en est l’illustration. 

Elle regroupe 2 500 foyers issus de 30 villages et de huit groupes ethniques, et offre des appartements modernes, des écoles, des cliniques et des centres communautaires. « Nous vivions dans une maison en ruine, perchée dans les montagnes », a témoigné Gao Amei, une villageoise relogée. « Aujourd’hui, notre vie est stable, et mes enfants vont à l’école toute proche. » Chaque ménage pauvre a reçu gratuitement un appartement, souvent situé à quelques kilomètres de son ancien domicile. 

L’accent est mis sur la durabilité économique. Des partenariats ont été noués avec des entreprises locales, notamment dans la confection et la fabrication de balles de baseball. Dans l’atelier communautaire de Hexie, Ma Chunfeng, l’une des couturières, gagne 2,5 yuans (0,35 dollar) par balle cousue, jusqu’à 20 balles par jour. « Ce travail m’offre un revenu stable et me protège des intempéries », a-t-elle confié à CHINAFRIQUE. 

Depuis 2019, 102 000 habitants ont quitté les hauteurs isolées pour s’installer dans les plaines urbanisées, un record à l’échelle nationale. Près de 1 000 personnes travaillent dans 17 ateliers et perçoivent un revenu mensuel moyen de 2 300 yuans (318 dollars). Fin 2024, plus de 91 % des relogés avaient trouvé un emploi, amorçant un véritable passage de l’agriculture de subsistance à des métiers stables. 

  

Vue d’ensemble de la communauté de réinstallation Hexie dans la ville de Lushui, préfecture autonome Lisu de Nujiang, province du Yunnan. (COURTOISIE) 

  

Le numérique comme catalyseur  

À Nujiang, les technologies numériques agissent comme un puissant levier de transformation économique et sociale. Yin Dahai, vice-président du géant chinois de l’intelligence artificielle (IA) iFLYTEK, a présenté les progrès réalisés dans les domaines de la santé et de l’éducation grâce aux applications de l’IA. 

Il y a quelques mois, un homme souffrant de douleurs abdominales a été pris en charge dans un centre de santé du district de Lanping, à Nujiang. Le système Smart Doctor AI, développé par iFLYTEK, a détecté une forte probabilité d’appendicite aiguë. Un diagnostic confirmé par des examens cliniques approfondis. « Une appendicite non traitée peut entraîner une péritonite, une complication grave », a souligné M. Yin. 

Ce cas illustre la portée du projet Smart Doctor, lancé en 2021 par la préfecture autonome Lisu de Nujiang en partenariat avec iFLYTEK, pour renforcer les soins de santé primaires. Aujourd’hui, le système est déployé dans l’ensemble des 33 centres de santé cantonaux et des 81 cliniques villageoises de la région. 

À ce jour, l’assistant intelligent a permis aux professionnels de santé locaux d’assurer plus de 3,77 millions de consultations diagnostiques. Il a également contribué à standardiser 800 000 dossiers médicaux électroniques et a suscité des corrections ou des investigations plus poussées dans plus de 4 000 cas similaires à celui de l’appendicite. « Avec l’IA, iFLYTEK ambitionne d’offrir aux régions reculées des capacités de diagnostic équivalentes à celles des grandes métropoles », a-t-il affirmé. 

Au-delà de la santé, iFLYTEK applique également son expertise à l’éducation de Nujiang. L’entreprise soutient la revitalisation rurale à travers sa plateforme linguistique et déploie des systèmes de correction intelligente pour alléger la charge des enseignants. En 2021, elle a fait don d’équipements Smart Classroom au Collège Minzu de Lushui, dans le but de favoriser des pratiques pédagogiques plus efficaces. 

Dans cet établissement, des outils pédagogiques alimentés par l’IA accompagnent les enseignants dans la préparation, l’évaluation et la correction des cours. Plus encore, l’IA analyse les résultats des élèves aux examens, génère des bilans personnalisés et propose des parcours d’apprentissage adaptés aux besoins de chacun. 

 

Reportage de la préfecture autonome Lisu de Nujiang 

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