2025-05-06 |
Une leçon d'efficacité |
VOL. 17 / MAI 2025 par KGOTHASSO BRUCELY SHAI · 2025-05-06 |
Mots-clés: revitalisation rurale ; élimination de la pauvreté |
L’Afrique peut s’inspirer de l’approche multidimensionnelle de la Chine pour lutter contre la pauvreté.
Des élèves dansent au collège Minzu, dans le bourg de Daxingdi, à Lushui, préfecture autonome Lisu de Nujiang, province du Yunnan. (RAFAEL HENRIQUE ZERBETTO)
La réduction de la pauvreté en Chine constitue, sans conteste, un succès d’une ampleur inégalée à l’échelle mondiale. Aucun pays, à ma connaissance, n’a atteint un tel niveau de réussite. L’Afrique aurait tout intérêt à s’en inspirer.
Les nations africaines peuvent tirer parti de l’efficacité de la gouvernance chinoise pour générer des résultats tangibles. Certes, le système chinois n’est pas exempt d’imperfections, mais il a prouvé son efficacité pour le peuple chinois. Son approche multidimensionnelle, combinant développement industriel, modernisation des infrastructures et lutte ciblée contre la pauvreté, constitue un modèle dont l’Afrique peut s’inspirer pour construire son avenir. Toutefois, toute tentative de reproduction à l’identique serait vouée à l’échec.
Des mesures à adapter
L’Afrique n’est pas un pays. C’est un continent vaste et divers, composé de plus de 50 États aux niveaux de développement très inégaux. Une mesure uniforme de la lutte contre la pauvreté serait donc inadaptée. À mes yeux, chacune des stratégies déployées par la Chine mérite d’être étudiée, adaptée, puis expérimentée dans les contextes africains, en vue d’un développement durable.
Les industries locales fondées sur les ressources endogènes, comme le tourisme ou l’artisanat, recèlent un potentiel considérable. Elles pourraient permettre par exemple d’obtenir en Afrique des résultats similaires à ceux du Yunnan.
Les infrastructures jouent également un rôle déterminant, notamment les réseaux de transport. Les routes du Yunnan, sans le moindre nid-de-poule, facilitent les échanges commerciaux tout en réduisant la congestion urbaine, un contraste frappant avec les lacunes de nombreuses infrastructures africaines.
L’éducation, quant à elle, demeure un levier essentiel pour briser les cercles vicieux de la pauvreté. Malheureusement, l’accent mis sur l’enseignement religieux au détriment des filières académiques et professionnelles prive nombre d’Africains d’outils concrets pour s’extraire durablement de la pauvreté. L’université et la formation technique devraient devenir des piliers du mode de vie.
En somme, la pratique chinoise en matière de réduction de la pauvreté, fondée sur le pragmatisme et l’adaptabilité, offre à l’Afrique un réservoir précieux de leçons concrètes. En mettant l’accent sur les infrastructures, l’éducation et la
coopération décentralisée, les pays africains peuvent relever leurs défis structurels tout en valorisant leurs ressources locales. Mais c’est la volonté politique, bien plus que l’idéologie, qui déterminera la réussite de cette transformation.
Kgothasso Brucely Shai, professeur sud-africain à l’Université du Limpopo,en Afrique du Sud. (COURTOISIE)
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