2024-11-12 |
La vie sous le soleil |
VOL. 16 / NOVEMBRE 2024 par GE LIJUN · 2024-11-12 |
Mots-clés: changement climatique |
La coopération sino-africaine pour l’énergie solaire permet d’accroître l’accès à l’électricité pour les populations locales.
Des ouvriers effectuent une inspection dans le parc solaire de Benban, fnancé et construit par une entreprise chinoise, situé dans le désert de la province d’Assouan, en Égypte, le 21 avril. (XINHUA)
Dans de nombreuses régions d’Afrique, l’accès à l’électricité reste un défi majeur. Dans les villages isolés, les habitants s’éclairent encore à la bougie ou avec des lampes à pétrole une fois la nuit tombée. Même dans les grandes villes, reliées au réseau électrique, les coupures sont fréquentes. Pourtant, l’Afrique dispose d’une richesse inestimable en ressources renouvelables, notamment en énergie solaire. Des zones comme le sud du Sahara, bénéficiant d’un ensoleillement généreux, offrent un potentiel immense pour des solutions « vertes » de production d’électricité, particulièrement adaptées à l’énergie photovoltaïque.
Ces dernières années, le secteur du photovoltaïque a connu une croissance fulgurante sur le continent, devenant un pilier de la coopération sino-africaine dans les énergies propres. Ce partenariat pragmatique s’appuie sur les besoins urgents en électricité de l’Afrique et ses ressources naturelles abondantes, ainsi que l’expertise technique des entreprises chinoises.
Aujourd’hui, certains villages africains voient leur quotidien transformé : les enfants lisent sous des lampes électriques, les ménages cuisinent à l’électricité, et les dispensaires sont mieux équipés pour soigner les patients grâce à des appareils médicaux fonctionnels. Les projets d’énergie photovoltaïque améliorent ainsi non seulement les conditions de vie, mais stimulent aussi le développement socio-économique local.
Une « ceinture » prometteuse
L’accès à l’électricité figure parmi les Objectifs de développement durable des Nations unies, et constitue également une priorité majeure dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine ainsi que dans l’Initiative pour le développement mondial proposée par la Chine. Lors du Sommet 2024 du Forum sur la Coopération sino-
africaine (FCSA), le Plan d’action de Beijing (2025-2027) a mis en avant la volonté de la Chine de collaborer avec les pays africains pour promouvoir la mise en œuvre du projet « Ceinture lumineuse africaine ». Ce projet vise à renforcer la capacité des pays africains à faire face au changement climatique, à travers une assistance matérielle, des échanges techniques, des programmes de formation et des recherches conjointes.
Lancé lors du premier Sommet africain sur le climat, en septembre 2023 à Nairobi, au Kenya, le projet « Ceinture lumineuse africaine » a bénéficié d’un engagement financier de la Chine à hauteur de 100 millions de yuans (environ 14 millions de dollars). Ce financement a pour objectif d’apporter l’électricité à plus de 50 000 foyers africains d’ici 2027. Le projet comprend également la création d’une plateforme d’échange entre la Chine et l’Afrique, afin de faciliter le partage de technologies et la formation de compétences locales dans les domaines de l’énergie solaire et de la gestion climatique.
Depuis son lancement, la Chine a entamé des discussions avec dix pays africains. Cinq d’entre eux, dont le Tchad, Sao Tomé-et-Principe, le Togo, le Mali et le Burundi, ont déjà signé des mémorandums d’entente. On estime que ces partenariats permettront à 20 000 foyers d’accéder à l’électricité.
Au Sommet 2024 du FCSA, la Chine et le Burundi ont signé un accord pour fournir 4 000 systèmes solaires, complété par des séminaires sur le climat, les énergies propres et des programmes de recherche conjointe.
En parallèle, des formations ont été mises en place pour renforcer les capacités locales. Le Séminaire « Ceinture lumineuse africaine », tenu du 25 août au 7 septembre à Beijing et à Yancheng (au Jiangsu), a réuni 23 participants issus de dix pays africains, dont le Kenya, le Nigeria, le Ghana et le Burkina Faso. Les formations ont couvert divers aspects techniques, politiques et financiers liés au développement des énergies renouvelables, tout en offrant l’opportunité de visiter des entreprises chinoises et des parcs industriels spécialisés dans ce secteur.
Selon Song Jing, chercheuse à l’Institut mondial des ressources, ce projet « petit et beau » comparé aux grandes centrales électriques construites par la Chine en Afrique, répond directement aux besoins électriques des ménages grâce à des systèmes photovoltaïques locaux. En plus d’améliorer les conditions de vie, il soutient également les activités économiques, notamment l’agriculture familiale.
Des participants au Séminaire « Ceinture lumineuse africaine » visitent une entreprise chinoise spécialisée dans les énergies nouvelles à Beijing, capitale chinoise, en septembre. (TIANPU NEW ENERGY)
Une coopération fructueuse
Avant le lancement du projet « Ceinture lumineuse africaine », les entreprises chinoises soutenaient déjà la transition énergétique en Afrique en développant l’énergie solaire, grâce à leur coopération technologique et leur appui financier.
Au Kenya, la centrale solaire de Garissa, d’une capacité de 50 MW, financée et construite par des entreprises chinoises, produit depuis 2019 plus de 76 millions de kWh par an. Cette centrale, la plus grande d’Afrique de l’Est, fournit de l’électricité à 70 000 foyers, soit environ 380 000 personnes, tout en réduisant les émissions de dioxyde de carbone de 64 000 tonnes par an.
Elizabeth Wanjiku, une restauratrice locale, raconte qu’auparavant elle devait utiliser des générateurs pour faire fonctionner son réfrigérateur en raison des fréquentes coupures de courant. « Grâce à la centrale solaire construite par la Chine, qui nous relie au réseau national, nous n’avons plus à nous inquiéter des coupures, ce qui nous permet de travailler plus longtemps et d’augmenter nos revenus », a-t-elle confié à l’agence de presse Xinhua.
Des initiatives similaires se multiplient sur l’ensemble du continent. L’économiste zimbabwéen Brains Muchemwa souligne que l’essor de l’industrie solaire chinoise, notamment l’accès à des produits abordables comme les panneaux solaires et les batteries, bénéficie largement à l’Afrique.
Le potentiel solaire du continent est considérable. Un rapport de l’Association de l’industrie solaire africaine indique qu’un nombre croissant de pays africains investissent dans cette filière. La capacité installée d’énergie solaire en Afrique devrait ainsi atteindre 650 GW d’ici 2050, contre 16,3 GW en 2023, année qui a enregistré un taux de croissance record de 19 % par rapport à l’année précédente.
Pour les entreprises africaines, le partenariat avec des entreprises chinoises est essentiel. Le groupe filatex, premier producteur privé d’énergie à Madagascar, a commencé à installer des panneaux solaires sur les toits de sa zone industrielle pour fournir directement de l’électricité aux industries locales. Le groupe vise à atteindre 166 MW d’énergies renouvelables d’ici 2026 et a lancé des appels d’offres en direction des entreprises chinoises. « Au lieu de simplement importer du matériel, ce que nous souhaitons, c’est trouver des partenaires chinois capables de fournir le matériel, de réaliser l’installation et, surtout, de transmettre leur savoir-faire », a déclaré Hasnaine Yavarhoussen, directeur général délégué du groupe, à CHINAFRIQUE.
La Chine, partenaire privilégié de l’Afrique dans le développement des énergies propres, joue un rôle clé dans cette transition. Par le transfert de technologies et la formation, elle contribue au développement durable du continent, comme en témoigne le projet « Ceinture lumineuse africaine ».
![]() |
|